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Résurrection vs faux semblant, ou la croyance historique contre le mythe.



Dans l'article précédent nous avons vu que les "contradictions" concernant la crucifixion et la résurrection ne sont pas valides pour nier ces faits. Ici nous allons évoquer la théorie du faux semblant que l'on retrouve dans la coran à la sourate 4 v157 "et à cause de leur parole: « Nous avons vraiment tué le Christ, 'Isa (Jésus), fils de Maryam (Marie), le Messager d'Allah. »... Or, ils ne l'ont ni tué ni crucifié; mais ce n'était qu'un faux semblant ! Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l'incertitude: ils n'en ont aucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des conjectures et ils ne l'ont certainement pas tué". Pour les musulmans (la majorité) Jésus n'est pas mort sur une croix et a été sauvé par Dieu ce qui contredit la position chrétienne. Et comme la crucifixion de Jésus est considéré par un consensus d'érudits comme un fait historique [1] les musulmans ont trouvé un moyen de contourner ce problème par un habile sophisme. Oui Jésus a été crucifié mais ce n'était pas lui, les gens ont cru que c'était lui et ont donc pensé qu'il était crucifié, ainsi donc leur position ne contredit pas l'histoire. Cet argument ne tient pas compte d'une autre donnée considéré comme historique, la croyance des premiers chrétiens. Comme le disent les érudits, le fait (qu'au moins) une partie des disciples de Jésus ait cru en la résurrection du Christ est un fait historique :

Daniel Marguerat "De quoi peut-on être certain ? La reconstitution de la vie de Jésus fait l’objet d’enquêtes littéraires minutieuses ; mais, comme pour tout personnage de l’Antiquité, les certitudes absolues sont peu nombreuses. Néanmoins, quelques faits peuvent être avancés avec une certaine sûreté. [...] À l’instigation du parti sadducéen, il est alors décidé de dénoncer Jésus au préfet Ponce Pilate pour cause d’agitation populaire. Pressentant que l’hostilité allait l’emporter, Jésus avait fait ses adieux à ses amis au cours d’un dernier repas (la Cène) où il a instauré un rite de communion à son corps et à son sang : le pain rompu et la coupe à laquelle tous boivent symbolisaient sa mort à venir et rappelleraient sa mémoire. Après son arrestation, facilitée par un disciple, Judas, Jésus fut déféré devant le préfet, condamné à mort et livré à des légionnaires qui le clouèrent sur une croix. Son agonie ne dura que quelques heures, ce qui étonna Pilate ; l’homme de Nazareth devait être de faible constitution. Peu après sa mort, le bruit courut que ses disciples l’avaient vu vivant et que Dieu l’avait attiré à lui. [2]".

David A. deSilva "Que peut découvrir un historien sur Jésus ? Un certain nombre d'historiens répondraient à cette question par une courte liste de "faits" que l'on peut récupérer comme données "hautement probables" pour la vie de Jésus (avec les critères qui permettent d'établir le "fait") [...] Jésus a été crucifié comme prétendant messianique (prétendant au trône de David) par les Romains sur l'autorité de Ponce Pilate (attestation multiple, formes multiples, embarras). Les disciples de Jésus ont cru le rencontrer après sa mort (attestation multiple). Les disciples de Jésus ont formé un mouvement, attendant son retour, gagnant de nouveaux adhérents (attestation multiple). [3]".

Mark L. Strauss " Il est incontestable que Jésus de Nazareth était un personnage historique qui a vécu en Palestine à l'époque de la domination romaine et qui a été crucifié par le gouverneur romain Ponce Pilate aux alentours de 30 à 33 après J.-C. Il ne fait aucun doute non plus que peu de temps après sa mort, ses disciples ont commencé à proclamer qu'il était ressuscité des morts [4].

Simon Claude Mimouni "Tout ce que l’historien peut et doit affirmer, c’est, qu’après la mort de Jésus, ses disciples ont cru en sa résurrection, ont cru que leur Maître est encore vivant. Que cet événement ait eu une réalité objective ou au contraire qu’il ait eu une réalité subjective, n’est pas pour l’historien d’importance capitale. Ce qui l’est plus que le fait même de la résurrection de Jésus, c’est la croyance de ses disciples en sa résurrection qui, elle, a été considérée comme l’élément fondateur du christianisme. [5]"

Bart Ehrman "Cet espoir que Jésus puisse être le messie est complètement démenti par les faits historiques: Jésus n'a jamais levé d'armée, n'a jamais chassé les Romains de la Terre promise, et n'a pas non plus rétabli la souveraineté d'Israël sur sa terre. Par contre, il a été crucifié. Pour ses disciples, cela démontre que leur foi n'est pas fondée. Puis ils en viennent à croire, au moins certains d'entre eux, que Dieu a ressuscité Jésus d'entre les morts. Cela vient confirmer leurs premières idées: Jésus est véritablement celui qui a été choisi par Dieu! Il est le propre fils de Dieu! Il est celui qui a la faveur de Dieu, celui qui a reçu l'onction, notre sauveur. Il est le Messie! [6]"

Bien évidement un érudit comme Bart Ehrman ne croit pas qu'il est réellement ressuscité. Et si certains des disciples ont cru à sa résurrection ce n'est pas parce que sa c'est passé d'après Erhman. Je vois déjà certains essayer de sortir de ce problème en disant "il s'agit seulement d'une partie des disciples de Jésus, les autres ont très bien pu croire qu'il a été élevé avant la crucifixion". Le problème est qu'aucun érudit ne considère que certains disciples de Jésus ont cru qu'il n'est pas mort et qu'il a été élevé au ciel. Pour les érudits tous les disciples ont cru qu'il est mort sur une croix, ils sont d'accord pour dire qu'une partie au moins si ce n'est la totalité ont cru en sa résurrection mais ils ne sont pas tous d'accord sur "pourquoi les disciples ont cru en la résurrection".

Et c'est sur ce point que nous devons nous concentrer, expliquer la croyance des premiers chrétiens et la mettre en parallèle avec la théorie du faux semblant. La croyance d'un faux semblant posent plusieurs problèmes pour expliquer la croyance des premiers chrétiens car elle doit alors expliquer le tombeau vide, les apparitions de Jésus ressuscité à ses disciples et le changement de comportement des disciples.





Le tombeau vide.


L'histoire du tombeau est attestée dans plusieurs parties du NT :

  • Matthieu 27.57-60

  • Marc 15.42-47

  • Luc 23.50-56

  • Jean 19.41-42

  • Actes 13.29

Dans le Nouveau Testament ll n'y a pas de doute qu'un riche (Josèphe d'Arimathée) a participé à la mise au tombeau du corps de Jésus. Une théorie pour nier la mise au tombeau de Jésus a été avancée par Bart Ehrman, Pilate n'aurait jamais accepté de rendre le corps de Jésus car les romains avaient l'habitude de laisser les corps sur les croix et les corps finissaient dans une fosse. En réponse à cet argument il y a un texte de Falvius Josèphe qui parle de corps crucifié qui ont été rendu à leurs familles "Se dressant au-dessus des cadavres d'Ananos et de Jésus, ils raillaient l'un de son dévouement au peuple, l'autre du discours qu'il avait prononcé du haut de la muraille. Ils poussèrent l'impiété jusqu'à abandonner ces corps sans sépulture, alors que les Juifs s'acquittent de ce de voir avec un tel soin qu'ils enlèvent avant le coucher du soleil et ensevelissent même les corps des suppliciés, attachés au gibet [7]". Cette pratique convient parfaitement au judaïsme "Deutéronome 21.22 Si l'on fait mourir un homme qui a commis un crime digne de mort, et que tu l'aies pendu à un bois, 23 son cadavre ne passera point la nuit sur le bois; mais tu l'enterreras le jour même, car celui qui est pendu est un objet de malédiction auprès de Dieu, et tu ne souilleras point le pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne pour héritage".

Il est donc tout à fait possible d'un point vu historique [8] que le corps de Jésus ait été descendu de la croix pour être enterré. Il nous reste maintenant à nous demander, pourquoi ou plutôt comment le tombeau était vide ? On voit dans l'évangile de Matthieu qu'une rumeur est lancée "les disciples ont volé le corps de Jésus". Cette rumeur en premier lieu vient confirmer que le tombeau était vide. Si le tombeau n'était pas vide cette rumeur n'aurait eu aucun sens, il aurait suffit de prouver qu'il n'était pas vide. Mais ici, les autorités juives ne cherchent pas à prouver qu'il n'est pas vide mais a expliquer pourquoi il est vide. D'ailleurs si le tombeau n'était pas vide pourquoi aucune autres théories n'a émergée ? Au 2ème siècle Justin rapporte que les juifs ont envoyé des émissaires pour propager la rumeur du corps volé [9], preuve qu'il n'y a pas eu d'autres théories que le tombeau vide.

On peut aussi se demander pourquoi les disciples auraient volé le corps. Si ils voulaient inventer une résurrection il aurait suffit de dire que Jésus était ressuscité seulement en apparence et non avec son crops charnel. Que le corps ait été dans le tombeau ou dans une fosse il aurait été bien plus simple de prétendre que Jésus ait ressuscité en apparence et qu'il continuait d'apparaitre et qu'il était bien mort charnellement. Ensuite si nous devons postuler à un mensonge des chrétiens sur le tombeau vide pourquoi avoir attribué la découverte du tombeau vide à des femmes ? Dans le judaïsme le témoignage d'une femme avait moins de valeur que le témoignage d'un homme. Attribuer la découverte aux apôtres Jean, Pierre ou Jacques aurait eu beaucoup plus de poids pour soutenir un mensonge. On peut objecter que la découverte du tombeau vide est attribuée aux femmes car elles sont à l'origine du mensonge mais encore une fois, ce sont des hommes qui ont validé et propagé ce témoignage, pourquoi n'ont ils pas remplacé les femmes par des hommes qui étaient des témoins oculaire de Jésus ?

Une autre théorie pourrait consister à dire que le crops de Jésus a été déposé dans un autre tombeau et que les disciples se sont trompé de tombeau. Cette affirmation contredit les évangiles puisque les femmes ont vues où le crops a été déposé (Marc 15.47) et il serait étrange quand si peu de temps elles se soient trompées de tombeau. On pourrait objecter que le crops a entre temps été changé de tombeau. Mais dans ce cas pourquoi les soldats ont été payés par les grands prêtres pour colporter la rumeur du corps volé par des disciples (Matthieu 28.11-15)? Et même si cette partie dans Matthieu est une invention pourquoi les romains n'ont pas fait tomber les débuts du mouvement chrétien en expliquant que le corps a été placé ailleurs ? Dans les débuts du christianisme les autorités juives et romaines ont du gérer des conflits avec les disciples de Jésus. Par exemple Hérode Agrippa qui a été placé au pouvoir par l'empereur Caligula [10] a fait tuer Jacques fils Zébédée et a fait mettre en prison l'apôtre Pierre (Actes 12.1-4), pourquoi ne pas avoir révélé que le corps de celui qu'ils considèrent comme ressuscité a été enterré ailleurs ? Il en est de même pour le procurateur Félix qui a du gérer un conflit entre l'apôtre Paul et les autorité juive (Actes 24). Si le corps de Jésus a été changé de tombe il semble que personne n'ait été au courant, même chez les romains.





Les apparitions de Jésus ressuscité.

Dans le Nouveau Testament nous avons plusieurs textes qui témoignent des apparitions de Jésus ressuscité :

  • Jésus apparaît à Marie de Magdala (Matthieu 28:1-10 ; Jean 20:14-18)

  • Jésus apparaît à plusieurs femmes disciples (Matthieu 28:1-10 ; Marc 16:1-8 ; Luc 24:1-11)

  • Jésus apparaît à Simon Pierre (Luc 24:34 ; 1 Corinthiens 15:5 ; Jean 21:1-24)

  • Jésus apparaît à Jacques, Jean, Thomas, Nathanaël et deux autres (Jean 21:1-24)

  • Jésus apparaît aux onze disciples en tant que groupe (Matthieu 28:16-20 ; Jean 20:19-29)

  • Jésus apparaît à Cléopas et à un disciple anonyme (Luc 24:13-35)

  • Jésus apparaît à plus de cinq cents "frères" à la fois (1 Corinthiens 15:6)

  • Jésus apparaît à Jacques (le frère du Seigneur) (1 Corinthiens 15:7 ; comparez avec Galates 2:19)

  • Jésus apparaît à Paul (1 Corinthiens 15:8)


Tous ces textes provenant de divers sources sont unanimes pour dire que les disciples ont eu des apparitions de Jésus ressuscité. La plus ancienne de ses sources est généralement considéré comme étant 1 Corinthiens 15 daté par la majorité des spécialistes vers 54 ap J.C (voir la dernière partie pour plus de détails). Dans ce texte St Paul utilise des terme qui montrent qu'il se réfère à une tradition qui lui est postérieur "3 Car je vous ai transmis en premier lieu ce que j'ai moi-même reçu: que le Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures; 4 qu'Il a été enseveli, et qu'Il est ressuscité le troisième jour, selon les Ecritures", commentant ce verset Georges T. Montague dit "Il transmet ce qu'il a également reçu, non seulement de sa vision du Christ ressuscité, mais aussi des apôtres de Jérusalem et de la communauté chrétienne. Le verbe "transmettre" (du grec paradidomi, traduit en latin par tradere) est à l'origine du mot "tradition". Dans les lettres de Paul, nous avons surtout son enseignement et peu de la proclamation initiale avec laquelle il a gagné des convertis. Mais ici, en un mot, nous avons l'essence de son message, qui suit méticuleusement le modèle de l'Église palestinienne (Actes 2:14-36). [11]". Et L'on sait de par ses épitres et les Actes que St Paul a fait plusieurs visites à Jérusalem et y a rencontré des apôtres.

Il faut aussi expliquer pourquoi les apparitions de Jésus seraient fausses. Une explication généralement avancé consiste à dire que les disciples ont eu des hallucinations collectives. Bien qu'une hallucination collective soit possible il est peu probable que les disciples aient eu les mêmes hallucinations à des endroits et moments différents, en Judée (Matthieu 28.9 ; Luc 24.31), en Galilée (Matthieu 28.16 ; Jean 21), en ville (Luc 24.36), à la campagne (Luc 24.15), le matin (Jean 21), le soir (Luc 24.29), à un moment convenu (Matthieu 28.16), à l'improviste (Matthieu 28.9), de près (Luc 24.15), de loin (Jean 21.4 à 8), sur une colline (Matthieu 28.16), près d'un lac Jean 21.4. Comme le disent David A. Black et Thomas D. Lea "La variété de ces apparitions exclut toute possibilité que ces observations soient de simples hallucinations. [12]". On peut aussi noter qu'il faudrait trouver une bonne raison pour inventer de toute piece une histoire pareil. Normalement si notre Messie meurt tué par ses ennemis, soit on rentre à la maison, soit on en trouve un autre [13]. C'est aussi ce que montre l'histoire. Au premier siècle il y'a eu beaucoup de faux prophètes/messies/rois qui ont eu des disciples et sont morts comme Theudas, l'Égyptien [14], Simon Bargiora [15], Athrongés [16], Simon Bar Kokhba [17] qui ont fini tué. À notre connaissance aucun n'a engendré un mouvement après être mort, contrairement au christianisme.





Le changement de comportement des apôtres et les premiers disciples.


Il faut maintenant regarder le changement de comportement des apôtres. St Pierre est un bon exemple d'un changement de comportement radical. Ce dernier est décrit dans les évangiles comme n'ayant pas voulu au départ accepter la crucifixion et résurrection de Jésus (Matthieu 16.21-23) et plus tard il renie Jésus (Matthieu 26.69-75). Pourtant après la résurrection de Jésus l'apôtre Pierre (avec les apôtres) s'est porté témoin devant les autorités juives qu'ils avaient crucifié le Christ et qu'il était ressuscité (Actes 5.27-32) ce qui n'est pas rien quand on sait l'importance et la gravité d'être un faux témoin (Deutéronome 19.14-21). L'apôtre est même allé jusqu'à mourir pour sa foi comme le rapporte Clément de Rome "Pierre, victime d’une injuste jalousie subit non pas une ou deux, mais de nombreuses épreuves, et après avoir ainsi rendu son témoignage, il s’en est allé au séjour de la gloire, où l’avait conduit son mérite. [18]". L'exemple de l'apôtre Paul est aussi intéressant. Ce dernier était un persécuteur de chrétiens (Actes 8 & 1 Corinthiens 15.9) qui a fini par devenir chrétien et être persécuté pour sa foi au point d'être emprisonné, frappé (Actes 22 à 27 ; 2 Corinthiens 11.25) et même tué pour sa foi comme le rapporte Clément de Rome " C est par suite de la jalousie et de la discorde que Paul a montré quel est le prix de la patience : 6. chargé sept fois de chaînes, exilé, lapidé, il devint héraut du Seigneur au levant et au couchant, et reçut pour prix de sa foi une gloire éclatante. 7. Après avoir enseigné la justice au monde entier, jusqu’aux bornes du couchant, il a rendu son témoignage devant les autorités et c’est ainsi qu’il a quitté ce monde pour gagner le lieu saint, demeurant pour tous un illustre modèle de patience.) [19]". Comment expliquer un tel changement si ils n'avaient pas eu de réels preuves de la résurrection ou que du moins ils croyaient avoir eu des preuves de la résurrection ? On peut mourir pour une cause fausse que l'on croit vrai mais on ne meurt pas pour une cause que l'on sait être fausse, les mythes ne font pas les martyrs. Par exemple l'érudit E. P. Sanders qui n'était pas un conservateur a dit que sur base des preuves que nous avons qu'on peut considérer comme un fait que les disciples et St Paul ont eu une expérience de résurrection "Que les disciples de Jésus (et plus tard Paul) aient vécu des expériences de résurrection est, à mon avis, un fait. [20]".

Non seulement les apôtres ont fini par reconnaitre la résurrection mais la propagation s'est faite en premier lieu à Jérusalem. Comme le montre le livre des Actes 6.7 le nombre de disciples a augmenté même parmi les prêtres juifs. Et comme l'avait annoncé le Christ il y'avait parmi les premiers disciples des prophètes "Matthieu 23.34 C'est pourquoi, voici, je vous envoie des prophètes, des sages et des scribes. Vous tuerez et crucifierez les uns, vous battrez de verges les autres dans vos synagogues, et vous les persécuterez de ville en ville". Ce que nous voyons dans les Actes ou plusieurs prophètes sont présent, Actes 11.27-28 nous montre qu'il y'avait à Jérusalem des prophètes et précise le nom de l'un d'entre eux "Agabus" que l'on retrouve en Actes 21.10 au coté de St Luc. Nous avons aussi Jude et Silas qui sont décrits comme des prophètes (Actes 15.32). La présence de prophètes dans l'église est aussi attestée par St Paul en 1 Corinthiens 12.28. Ces passages des Actes nous montrent que l'église de Jérusalem envoyait des prophètes dans l'église d'Antioche pour enseigner, prêcher et régler les conflits. Comment se fait il qu'aucun de ses prophètes n'a été au courant du faux semblant de la crucifixion ? Pourtant comme le dit un verset que les musulmans aiment citer "Car le Seigneur, l'Eternel, ne fait rien sans avoir révélé son secret à ses serviteurs les prophètes. Amos 3.7". Comment expliquer que non seulement personne n'était au courant du faux semblant mais qu'en plus ils ont prêché la crucifixion et la résurrection ? Surtout qu'une des bases de la croyance des premiers chrétiens reposent sur un évènement instauré par le Christ, l'eucharistie.






1 Corinthiens 15.3-5, le témoignage historique.


1 Corinthiens 15.3 Je vous ai enseigné avant tout, comme je l'avais aussi reçu, que Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures ; 4 qu'il a été enseveli, et qu'il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures ; 5 et qu'il est apparu à Céphas, puis aux douze.



Ces versets [21] sont considérés par les spécialistes comme provenant d'un credo très ancien remontant au début du mouvement chrétien (voir les citations plus bas). Plusieurs arguments peuvent être avancé pour soutenir ce fait. Tout d'abord St Paul dit qu'il transmet ce qu'il a reçu. On sait de part son épitre aux Galates qu'il a été a Jérusalem dans les années 30 et qu'à cette occasion il est resté deux semaines avec l'apôtre Pierre et qu'il a aussi rencontré l'apôtre Jacques. C'est très probablement à cette occasion qu'il a connu ce crédo. D'après Kirk R. Macgregor [22] le crédo contient des expressions qui ne sont pas habituel chez St Paul. Par exemple l'expression "pour nos péchés" n'apparait qu'à une seule autre reprise dans les écrits de St Paul (Ga 1.4), l'expression "selon les Écritures" n'existe pas ailleurs dans le NT, "il est ressuscité" n'est pas commune chez St Paul, le "troisième jour" n'existe pas dans le reste des lettres de St Paul, "les douze" n'existe pas ailleurs chez St Paul, il a tendance a préférer "les apôtres". On peut aussi rajouter que dans le crédo nous avons l'utilisation de l'araméen translittéré (Cephas) pour Pierre et la triple mention de "καὶ ὅτι (et qu'il)"qui est caractéristique de la narration hébraïque araméenne et mishnaïque [23]. En partie pour ces raisons ce crédo est considéré pour la majorité des érudits comme reflétant la croyance de base du mouvement chrétien, voici une liste de quelques érudits athée qui ont commenté ce passage (j'ai inclut Richard Carrier qui est mythiste pour qui Jésus a été crucifié et ressuscité au ciel) :

Bart Ehrman "En outre, les informations sur Jésus dont Paul a eu connaissance semblent remonter au début des années 30 de l'ère commune, tout comme certains éléments du livre des Actes des Apôtres. [24]"

Gerd Theissen & Annette Merz "L'analyse de la tradition de la formule sur la résurrection de Jésus permet de tirer la conclusion suivante : une tradition dans 1 Cor. 15.3b-5, qui remonte très près des événements eux-mêmes, atteste des apparitions à la fois à des individus et à des groupes. La crédibilité de cette tradition est renforcée par le fait qu'elle est en partie confirmée par la tradition narrative, qui est indépendante, et que, dans le cas de Paul, nous avons le témoignage personnel d'un témoin oculaire qui connaissait beaucoup d'autres témoins. L'authenticité subjective de ces témoignages ne fait aucun doute, c'est-à-dire qu'ils proviennent de personnes qui attestent d'une expérience bouleversante en toute bonne foi. [25]"

James Crossley "Néanmoins, nous pouvons affirmer une chose importante à propos de la tradition la plus ancienne : les premiers disciples ont eu des visions de Jésus très peu de temps après sa mort. Cela fait partie de la tradition que Paul a reçue et constitue une preuve aussi bonne que possible de la tradition primitive. [26]"

Richard Carrier "En fait, les preuves que ce credo remonte à l'origine même de la religion sont amplement suffisantes, et il n'y a aucune base raisonnable pour prétendre le contraire. [...] . Ainsi, le Credo de Corinthe, au moins les versets 3 à 5, existait bel et bien et constituait l'"évangile" central que les chrétiens prêchaient au début des années 30 de notre ère, soit au plus tard quelques années après la mort supposée de Jésus. [27]"

Il ne fait donc aucun doute que la croyance en la crucifixion et résurrection est historique.





Renverser la situation.


Dans le dialogue intereligieux quand la crucifixion est abordé c'est toujours au chrétien de justifier sa croyance. Des preuves nous sont toujours demandé avec des niveaux d'attentes très élevés. Par exemple on nous demandera des historiens du premier siècle qui nous parlent de la crucifixion et resurrection, des preuves archéologique etc et nous faisons toujours la même erreur lorsque nous répondons, nous justifier sans demander des preuves similaire à nos contradicteurs. Nous avons vu de notre coté que notre position possède des preuves précoces. Mais en face qu'ont ils ? En effet la position des musulmans exigent que Jésus ait réellement existé, qu'il est né d'une vierge, qu'il faisait des miracles depuis son enfance et qu'il a échappé à la croix et a été élevé au ciel. Nous devons donc demander, où sont vos preuves d'une telle croyance ? Dans la sourate 61 au verset 14 il est dit la chose suivante " Ô vous qui avez cru ! Soyez les alliés d'Allah, à l'instar de ce que 'Isa (Jésus) fils de Maryam (Marie) a dit aux apôtres: « Qui sont mes alliés (pour la cause) d'Allah ? » -Les apôtres dirent: « Nous sommes les alliés d'Allah. » Un groupe des enfants d'Israʾil (Israël) crut, tandis qu'un groupe nia. Nous aidâmes donc ceux qui crurent contre leur ennemi, et ils triomphèrent.".

Commentant ce verset dans le coran des historiens [28] Paul Neuenkirchen nous dit "Cette idée de deux groupes antagonistes de juifs, distingués selon leur fois en Jésus, est une thématique fréquente dans le Nouveau Testament (voir Ac 14, 1-2), et surtout dans les Reconnaissances pseudo-clémentines (3ème/4ème siècle de l'ère commune) ; ce qui a poussé Shlomo Pines à qualifier la terminologie de ce verset de judéo-chrétienne. Plus récemment, Gabriel Said Reynolds a proposé que les Apôtres à qui Jésus s'adresse ne sont autres que la faction des Fils d'Israël qui crut en lui mais dont la foi reste toutefois imparfaite (voir Q 3: 54; Q5 : 111-3 et Q 23 : 49-53). Holger Zellentin s'accorde avec Reynolds en écrivant que pour le Coran, tout comme pour cet autre texte de l'Antiquité tardive qu'est la Didascalia Apostolorum syriaque, les juifs comme les chrétiens font partie des Fils d'Israël".

Il y a donc eu parmi les enfants d'Israel un groupe qui eu foi en Jésus et qui prit le dessus sur les enfants d'Israel qui eux n'avaient pas reconnu le Messie. Mais dans quelle réalité historique un groupe de juifs nombreux en terre d'Israel et croyant en Jésus mais pas en sa crucifixion mais en une élévation a existé ? Où sont les preuves dans tel groupe ? Quel historien parle de ce mouvement ? Quel preuve archéologique de ce mouvement ? Et qui a été crucifié, Judas, Pilate, Simon, un centurion, un autre proche de Jésus ?

Si seulement on avait pas de preuves pour soutenir l'existence d'un tel groupe on pourrait trouver une excuse, dire que le silence n'est pas argument. Mais là non seulement il n'y a pas de preuve mais en plus il y a une quantité de sources disant autre chose, à savoir que le Christ est mort crucifié et a été ressuscité. Et en plus ils ne savant même ce qui ce qui s'est passé à la croix. C'est pour ces raisons que nous ne devons pas accepter de nous soumettre à leur demande de preuves sans leur retourner la demande, ramenez-nous vos preuves d'une communauté juive ne croyant pas en la crucifixion de Jésus mais en une élévation, ramenez-nous vos preuves de ce qui s'est passé à la croix et avec le même dégrée d'exigence historique que vous nous demandez pour nos sources. En dehors de cela nous ne croirons pas en la théorie du faux semblant qui n'a jamais existée historiquement au premier siècle.









  1. https://www.proecclesia.fr/post/plus-de-90-spécialités-disent-que-la-crucifixion-est-historique

  2. Histoire du Christianisme sous la direction de Alain Corbin, chap1

  3. David A. deSilva, An Introduction to the New Testament Contexts Methods & Ministry Formation Second Edition, p167

  4. Mark L. Strauss, Four Portaits one Jesus, p41

  5. Simon Claude Mimouni, Introduction à l'histoire des origines du christianisme, Leçon 6

  6. Bart Ehrman, La construction de Jésus, p313

  7. Guerre des juifs, 4.317 ; Philon parle aussi de cas similaire mais Ehrman rejette ce texte il parle de cas étant proche des fetes romaines "J’ai vu autrefois des crucifiés qu’à l’approche de ces fêtes on rendait à leurs parents, selon l’usage, pour être ensevelis. On trouvait convenable de faire participer les morts au bienfait de ces réjouissances, et d’observer à leur égard la solennité. Loin de faire descendre les crucifiés de leur gibet, Flaccus faisait crucifier les vivants, à qui du reste les circonstances devaient procurer non point leur grâce, mais seulement un sursis. Avant de les crucifier, on ne laissait pas de les fouetter au milieu du théâtre, et de leur faire subir le supplice du fer et du feu." Contre Flaccus, 83

  8. Par exemple sur ce point Brant Pitre dit à propos de Bart Ehrman "Ehrman n'aborde jamais les nombreux arguments en faveur de l'enterrement de Jésus par Joseph d'Arimathie par Dale Allison." The Case for Jesus, note 19 du chapitre 12

  9. Justin dialogue avec Tryphon, 108

  10. Flavius Josèphe, AJ 18.6.10

  11. Voir le commentaire de Montague sur 1 Corinthiens 15.3 dans First Corinthians (Catholic Commentary on Sacred Scripture)

  12. David Alan Black & Thomas D. Lea, The New Testament: Its Background and Message, chap11

  13. Bruno Bioul, Les Évangiles à l'épreuve de l'histoire, p330

  14. Actes 5.36-37

  15. Flavius Josèphe, AJ 17.273-277

  16. Flavius Josèphe, AJ 17.278

  17. Eusèbe, HE, 4.6.2

  18. 1 Clément 5.4

  19. 1 Clément 5.5-7

  20. E. P. Sanders, The Historical Figure of Jesus Christ, p280

  21. Les érudits débattent de la longueur du credo, certains incluent des éléments des versets 6 et 7 mais pour les besoins de cet article je me contenterai des verset 3 à 5

  22. Kirk R. Macgregor, 1 Corinthians 15:3b-6a, 7 And The Bodily Resurrection Of Jesus, p226 ; cf aussi Michael Licona, The Resurrection of Jesus A New Historiographical Approach, pp224-225

  23. Il n'est pas nécéssaire que le crédo ait une origine araméenne pour provenir de l'église de Jérusalem comme le dit Larry Hurtado "Ainsi la question de savoir s'il est facile de (re)traduire 1 Co 15, 3-7 en araméen est-elle une fausse piste. Paul et les croyants de langue grecque n'avaient pas besoin de réaliser une traduction rigoureuse de quelque tradition araméenne, afin de satisfaire les exégètes modernes ! En outre, tout indique que l'Église de Jérusalem (comme il en va de la plus grande part de la Judée romaine) était bilingue, se servant depuis ses débuts du grec comme de l'araméen (voir Ac 6, 1-6), il est donc tout à fait probable que les traditions de Jérusalem étaient depuis toujours formulées en grec et en araméen, sans qu'il soit besoin de les traduire." Le Seigneur Jésus Christ, p179

  24. Bart Ehrman, Did Jesus Exist ? Chap4

  25. Gerd Theissen & Annette Merz, The Historical Jesus: A Comprehensive Guide, p490

  26. James Crossley, Jesus and the Chaos of History, chap 3

  27. https://www.richardcarrier.info/archives/11069?fbclid=IwAR1LidK8XfBNmi4mkKaHuMwkA1itYI7-GOrHEhusdS2sjcQJ3pBtmL4Q9Ak#

  28. Coran des historien, tome 2b pp1721-1722. (L'utilisation du coran des historiens est volontaire, utiliser le type d'hyper critique sur le coran que nos contradicteurs aiment utiliser sur la bible, hyper critique que je ne prend pas pour acquis)



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