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Apocalypse 5.4-5 contredit la divinité de Jésus ?

  • Photo du rédacteur: ProEcclesia bloger
    ProEcclesia bloger
  • 5 mars
  • 5 min de lecture



Dans Apocalypse 5.4-5, nous lisons que Jean a une vision dans laquelle il pleure, car il ne trouve personne pour ouvrir le livre. Un vieillard lui signale alors que le rejeton de David a vaincu pour ouvrir le livre. Cet élément pourrait suggérer que Jean ne croyait pas en la divinité de Jésus, car s’il y avait cru, il aurait immédiatement pensé à lui et n’aurait pas dit que personne n’était digne d’ouvrir le livre. La question qui se pose est donc : "Apocalypse 5.4-5 prouve-t-il réellement que Jean ne croyait pas en la divinité de Jésus ?"

Plusieurs réponses sont envisageables pour expliquer pourquoi Jean pleurait et pourquoi il n’a pas spontanément pensé à Jésus pour ouvrir le livre. Dans cet article, je vais proposer une interprétation qui, selon moi, explique le mieux cette situation tout en respectant le contexte du passage.


1. Le contexte de la vision

Pour répondre à cette question, nous devons examiner ce passage dans son contexte immédiat et élargi. Le livre de l’Apocalypse se compose de quatre grandes visions (qui ne suivent pas nécessairement un ordre chronologique strict) :

  1. 1.9-3.22

  2. 4.1-16.21

  3. 17.1-21.8

  4. 21.9-22.8

Le passage qui nous intéresse appartient à la deuxième vision, qui commence en 4.1. Ce chapitre contient de nombreux parallèles avec le livre de Daniel, ce qui nous aide à comprendre l’objectif des chapitres 4 et 5. Voici la liste établie par le professeur Michael Patrick Barber :

  • Formulation introductive de la vision (Daniel 7:9 [cf. Daniel 7:2, 6–7] ; Apocalypse 4:1)

  • Un ou des trônes placés dans le ciel (Daniel 7:9a ; Apocalypse 4:2a, [9] [cf. 4:4a])

  • Dieu assis sur un trône (Daniel 7:9b ; Apocalypse 4:2b)

  • L’apparence de Dieu sur le trône (Daniel 7:9c ; Apocalypse 4:3a)

  • Du feu devant le trône (Daniel 7:9d–10a ; Apocalypse 4:5)

  • Des serviteurs célestes entourant le trône (Daniel 7:10b ; Apocalypse 4:4b ; 6b–10 ; 5:8, 11, 14)

  • L’image d’une mer (Daniel 7:2–3 ; Apocalypse 4:6)

  • Un ou des livres devant le trône (Daniel 7:10 ; Apocalypse 5:1ff)

  • Le ou les livres ouverts (Daniel 7:10c ; Apocalypse 5:2–5, 9)

  • Une figure divine (messianique) s’approchant du trône de Dieu pour recevoir l’autorité de régner éternellement sur un royaume (Daniel 7:13–14a ; Apocalypse 5:5b–7, 9a, 12–13)

  • L’étendue du royaume : “tous les peuples, nations et langues” (Daniel 7:14a [MT] ; Apocalypse 5:9b)

  • La détresse émotionnelle du voyant à cause de la vision (Daniel 7:15 ; Apocalypse 5:4)

  • La réception d’un conseil céleste par le voyant concernant la vision, de la part d’un des serviteurs célestes du trône (Daniel 7:16 ; Apocalypse 5:5a)

  • Les saints recevant l’autorité divine pour régner sur un royaume (Daniel 7:18, 22, 27a ; Apocalypse 5:10)

  • Mention finale du règne éternel de Dieu (Daniel 7:27b ; Apocalypse 5:13–14). [1]


2. Apocalypse 5 et la chronologie de Daniel 7

Ces parallèles nous renvoient clairement à la vision de Daniel 7, qui suit une chronologie précise. Ce chapitre décrit les différents royaumes successifs (Babylone, Perse, Grèce, Rome) et aboutit à la venue de Jésus, mentionnée en Daniel 7.13-14 et mise en parallèle avec Apocalypse 5.5.

Nous avons donc ici une vision qui se déroule dans le passé. Ce point est fondamental : si cette interprétation est correcte, alors le moment où Jean pleure (Apocalypse 5.4) correspond à une période où le Christ n’a pas encore été crucifié ni monté au ciel. Ce n’est qu’au verset 5 que Jean découvre le Christ victorieux.

Cette lecture a été relevée par Peter J. Leithart, qui écrit dans son commentaire sur l’Apocalypse dit :

« Apocalypse 5 commence avec un livre à la droite du Souverain, mais sans Jésus. Personne n'occupe l'espace à la droite de Dieu, ce qui signifie que Jean est transporté au ciel avant l'intronisation de Jésus (comme les visions d'Ézéchiel sur le temple, qui sont aussi un retour chronologique en arrière). Lorsque Jésus monte au ciel, les disciples le voient disparaître dans une nuée (Actes 1). L'Apocalypse 5 montre l'ascension de Jésus depuis l'autre côté du firmament, depuis le ciel. Ce point est crucial pour comprendre le déroulement des chapitres suivants du livre, qui passent de l'ascension de Jésus au début de la mission de l'Église : la Pentecôte, les conflits avec les judaïsants et les Juifs, ainsi que la persécution. Entre les chapitres 5 et 11, l'Apocalypse offre une rétrospective visionnaire de l'histoire de l'Église après l'ascension. » [2]


3. L'importance de "ἰδού" (idou) en Apocalypse 5.5

La grammaire d'Apocalypse 5.6 soutient également cette lecture. Le verset dit :

"Ne pleure point ; voici que le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David, a vaincu, de manière à pouvoir ouvrir le livre et ses sept sceaux."

L’expression "voici" est la traduction du mot grec ἰδού (idou). D’après le Greek-English Lexicon of the New Testament and Other Early Christian Literature [3], ce terme peut avoir plusieurs fonctions :

  • Marqueur d’attention

  • Introduction d’un élément nouveau ou surprenant

  • Renforcement dramatique

  • Insistance sur une réalité incontestable

  • Appel à la réflexion

Dans Apocalypse 5.5, "ἰδού" semble introduire un élément nouveau que Jean découvre au cours de sa vision. C’est ainsi que ce terme est généralement employé dans l’Apocalypse. Par exemple, au chapitre suivant :

  • "Je regardai, et voici, parut un cheval blanc." (Apocalypse 6:2)

Ici, ἰδού introduit un nouvel élément que Jean voit apparaître. Il semble que son usage en Apocalypse 5.5 (et généralement dans l'Apocalypse) fonctionne de la même manière où Jean, encore dans le passé, découvre progressivement la révélation du Christ victorieux.


4. Objection possible : Apocalypse 4.1 et l’avenir

On pourrait objecter que Apocalypse 4.1 affirme :

  • "Je te ferai voir ce qui doit arriver après ces choses."


Ce verset pourrait laisser penser que toute la vision qui suit concerne uniquement le futur. Cependant, comme J. Scott Duvall l’explique, l’expression "ces choses" signifie que Jean recevra une révélation après la vision du trône (chapitres 4 et 5) [4]. Ce qui implique que ces chapitres eux-mêmes concernent le passé, et que la vision des événements à venir commence ne peut commencer qu'après eux.

Cette analyse montre qu’Apocalypse 5.4-5 ne prouve pas que Jean ne croyait pas en la divinité de Jésus, car son manque de réaction est expliqué par le cadre temporel de la vision.






  1. Michael Barber, Coming Soon: Unlocking the Book of Revelation and Applying Its Lessons Today, chap6

  2. Peter J. Leithart, Revelation 1-11, p250 : Dans le même odre d'idée, Ben Witherington "Ce serait une erreur de ne voir ici que des prophéties futures, car, par exemple, lorsque le cinquième sceau est brisé, il est fait référence à un martyre passé ainsi qu'à un martyre futur. Dans ces oracles, le plan de Dieu alliant rédemption et jugement à travers l'histoire humaine est révélé, englobant non seulement le futur, mais aussi le passé et le présent." Revelation p120

  3. Greek-English Lexicon of the New Testament and Other Early Christian Literature, pp414-415

  4. J. Scott Duvall "Le Christ montrera à Jean « ce qui doit arriver après cela », c’est-à-dire ce que Dieu va révéler après la vision de la salle du trône dans Apocalypse 4–5, sans nécessairement suivre un ordre chronologique strict" Revelation Teach the Text Commentary Series, p82



 
 
 

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