Qui a écrit Luc/Actes, P2 Les preuves internes
- ProEcclesia bloger
- 14 juil. 2023
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Dernière mise à jour : 19 avr.

Un point intéressant est que l'identification de la tradition à propos de Luc/Actes avec Luc le medécin sous-entend qu'il était une personne instruite et en regardant de plus près nous pouvons constater que les écrits lucaniens sont les plus proches d'un langage médical parmi tous les livres du Nouveau Testament. Toutefois le langage médical ne prouve pas qu'il est de facto un médecin car des auteurs comme Flavius Josèphe ou Lucien de Samostate ont un langage médical alors qu'ils ne sont pas médecin. Ce qu'un langage médical chez St Luc peut nous apporter c'est un élément qui ne contredirait pas la tradition et irait plutôt dans sont sens.
Les parallèles médicaux dans l'évangile de Luc (Verset + commentaire). [1]
Luc 1:1 Plusieurs ayant entrepris (επεχειρησαν) de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous,
Ici St Luc utilise le mot "επεχειρησαν (entrepris)", ce terme ne se retrouve que dans les écrits lucaniens et d'après Marvin R.Vincent il était courant dans le langage médical et on le retrouve par exemple chez Hippocrates qui commence son traité "de l'ancienne médecine" en utilisant le même terme d'une façon similaire à Luc 1.1 [2] :
Hippocrates de l'ancienne médecine 1. Tous ceux qui, de vive voix ou par écrit, ont essayé (επεχειρησαν) de traiter de la médecine, se créant à eux-mêmes, comme base de leurs raisonnements, l'hypothèse ou du chaud, ou du froid, ou de l'humide, ou du sec, ou de tout autre agent de leur choix, […]
Luc 4:23 Jésus leur dit: Sans doute vous m'appliquerez ce proverbe: Médecin, guéris-toi toi-même [...]
Cette parole de Jésus concernant un médecin se retrouve uniquement dans l'évangile de Luc, d'après John Nolland ce type de proverbe parlant d'un médecin malade sous différentes formes et dans différends contextes était courant car nous en avons des traces chez Homère, Euripide, Eschyle , Plutarque, dans les sources rabbinique ou encore chez Hippocrate et Galien [3]. Galien au deuxième siècle ap J.C parle d'un médecin qui aurait dû se soigner lui même avant de soigner les autres :
"J'ai connu un autre médecin, dans notre Asie Mineure, dont les aisselles sentaient mauvais au point qu'aucune personne propre n'acceptait, étant malade, qu'il entrât chez elle. Il aurait dû d'abord se guérir lui-même de cette affection, puis se mettre alors seulement à soigner les autres." [4]
Hippocrate quant à lui dit la chose suivante :
"Si le public voyait au médecin le corps piètre et perdu, comment le croirait-il capable de soigner la santé des autres ? » [5]
Luc 4:35 Et Jésus lui commanda avec force : "Tais-toi et sors de lui." Et le démon, l'ayant jeté (ριψαν) par terre au milieu, sortit de lui sans lui avoir fait aucun mal (βλαψαν).
St Luc emploi ici deux termes courant dans le langage médical. Le 1er (ριψαν) était employé pour les convulsions [20] et seul St Luc l'utilise dans ce sens parmi tous les auteurs du Nouveau Testament. Le deuxième (ριψαν) se trouve aussi en Marc 16.18 et est couramment utilisé dans le langage médical. [6]
Luc 7:21 En ce même moment il guérit un grand nombre de personnes de maladies, d'infirmités et d'esprits mauvais, et il accorda de voir à beaucoup d'aveugles.
St Luc divise les maladies en deux catégories "νοσων" et "μαστιγων", Arétée de Cappadoce faisait une distinction similaire dans son écrit sur les maladies chroniques et aiguës. [7]
Luc 8:27 Lorsque Jésus fut descendu à terre, il vint au-devant de lui un homme de la ville, qui était possédé de plusieurs démons. Depuis longtemps il ne portait point de vêtement, et avait sa demeure non dans une maison, mais dans les sépulcres.
Cet épisode se trouve aussi dans Matthieu et Marc mais ces deux derniers ne contiennent pas des détails que St Luc apporte. St Luc précise qu'ils ne portait pas de vêtements depuis longtemps ce qui est caractéristique chez St Luc qui telle médecin précise la durée de temps ce qu'il fait aussi en 8.43 et 13.11. De plus le fait que la personne ne possède pas de vêtement relève d'un problème de la "manie" qui était un problème connu chez les médecin comme le montre Arétée de Cappadoce qui dit la chose suivante " Car, s'agrippant fortement au corps, la maladie ne se contente pas de le ruiner et dévaster rapidement, mais elle produit aussi fréquemment des désordres des sens, et même rend l'âme folle par l'acrasie du corps. C'est le cas dans la mélancolie et la manie ». [8]
Luc 14:2 Et voici, un homme hydropique était devant lui.
Seul St Luc mentionne l'épisode avec cet homme atteint d'hydropique (oedème qui fait gonfler le corps en raison d'un excès de liquide).
Luc 22:44 Et, se trouvant en agonie, il priait plus instamment, et sa sueur devint comme des gouttes de sang, qui tombaient sur la terre.
St Luc est le seul auteur à rapporter cette information typiquement médical qui aujourd'hui pourrait correspondre à l’hématidrose.
Actes 20:7 Or, le premier jour de la semaine, comme nous étions assemblés pour la fraction du pain, Paul, qui devait partir le lendemain, discourait avec (les frères), et il prolongea son discours jusqu'à minuit. 8 Il y avait beaucoup de lampes dans la salle haute où nous étions assemblés. 9 Or un jeune homme, nommé Eutyche, qui était assis sur la fenêtre, pris par un sommeil profond tandis que Paul discourait longuement, fut entraîné par le sommeil, tomba du troisième en bas et fut relevé mort.
Dans ces versets St Luc nous rapporte la chute d'Eutyche qui s'est profondément endormis. L'auteur ne se contente pas de raconter l'endormissement d'Eutyche mais il nous donne les raisons de l'endormissement. Premièrement la raison de l'endormissement provient du long discours de l'apôtre Paul qui a duré jusqu'à minuit comme il le souligne au verset 7. Deuxièmement au verset 8 il prend soin de mentionner qu'il y'avait beaucoup de lampes et que la scène se déroule à l'étage, ce qui pourrait expliquer le profond sommeil d'Eutyche. Les lampes à huile dégagent une odeur et apportent à la piece une chaleur et ont pu en plus de la durée du discours de St Paul provoquer un manque d'oxygène qui a poussé Eutyche à tomber dans un sommeil profond [9]. Nous pouvons donc constater que l'évangéliste explique les raisons du sommeil (comme il le fait en Luc 22.45) et qu'en plus il prend soin de distinguer les différends degrés du sommeil, lorsqu'il vient jusqu'à qu'il prenne complètement possession d'Eutyche. De plus St Luc ne parle pas d'un simple sommeil mais d'un sommeil "profond", le fait d'adjoindre une épithètes au mot sommeil n'a rien d'étonnant puisque des auteurs comme Hippocrate n'hésitait pas à faire des distinction entre les sommeils. [10]
D'autres éléments sont eux aussi intéressants, par exemple St Luc est l'auteur du NT qui fait le plus fréquemment la distinction entre la possession et la maladie (6.17-18 ; 8.2 ; 13.32 ; Actes 19.12) qui sont des versets qui ne se retrouvent pas dans les autres synoptiques et en Luc 8.43 il omet volontairement la critique envers les médecins que l'on trouve en Marc 5.26, cette omission peut s'expliquer par le fait que St Luc en tant que médecin n'a pas voulu critiquer ses compères.
Nous pouvons donc conclure que St Luc et le seul à rapporter un proverbe concernant les médecins, il est le seul à parler des gouttes de sang qui coule du visage du Christ, il est celui parmi les auteurs des évangiles qui fait le plus souvent une distinction entre la possession et la maladie, il divise la maladie en deux catégorie comme Arétée de Cappadoce et évite de porter une critique envers les médecin comme en Marc 5.26. Tous ces éléments ne rentrent pas du tout en contradiction avec l'identification du 3ème évangile avec le médecin bien aimé mentionné en Colossiens 4.14 et au contraire s-y conforment plutôt bien.
Les passages en « nous ».
Un autre point concernant l’identité de l’auteur de Luc/Actes provient du livre des Actes. En effet dans le livre des Actes l’auteur s’identifie comme un compagnon de St Paul à plusieurs reprises (Actes 16.10-17 ; 20.5-15 ; 21.1-18 ; 27.1-28.16 [11]) en utilisant la première personne du pluriel (nous). Il y a principalement trois arguments qui sont utilisés par les partisans de l'interprétation du "nous fictif". Premièrement le "nous" serait en lien avec un artefact littéraire typique des voyages en mer où des "nous fictifs" sont insérés. Deuxièmement les passages en "nous" seraient une moyen de donner une autorité à un récit qui n'en a pas et pour finir St Luc contredit les épitres de St Paul sur le plan historique et théologique donc l'auteur n'a pas pu connaitre St Paul. (Les "contradictions" entre St Luc et St Paul seront traitées dans le prochain article).
Maintenant nous devons nous demander comment le "nous" des Actes doit-il être comprit ? Techniquement le nous peut être fictif mais il serait faux d'affirmer qu'il doit être fictif car il concerne des récits de voyages en mer. Par exemple Lucien dans son oeuvre "histoire véritable" écrit une histoire imaginaire dans laquelle il raconte un voyage en mer dans lequel il se nomme à la première personne du singulier et du pluriel. Mais en sens inverse nous avons Diodore de Sicile qui raconte qu'il a voyagé pour obtenir des informations fiables en utilisant la première personne du pluriel :

Dennis Macdonald, un spécialiste des écrits d'homère soutient que les passages en nous sont reprit sur les écrits d'Homère, notamment l'Iliade et l'odyssée. Macdonald va encore plus loin et postule que St Luc fabrique tous ses récits en reprenant des figures des textes d'Homère. Par exemple Macdonald affirme avec raison que dans l'odyssé Ulysse est lié à la ville de Troie [12] que Macdonald met en lien avec la ville Troas que nous retrouvons dans dans les Actes (dans les Actes Troas se situe à une quinzaine de Km de l'ancienne Troie). Macdonald soutient que St Luc "ne raconte à la première personne du pluriel que les voyages liés à la Troade [13]". L'objectif est de soutenir un plagiat de la part de St Luc sur le récit de l'odyssée et en aucun cas une participation de St Luc dans les passages en nous. Sauf que l'affirmation de Macdonanld est fausse comme l'a démontré Steve Reece [14]. Le premier passage en nous (16.10-17) commence à Troas mais la ville de ne joue plus aucun rôle dans la suite du passage. Le deuxième passage (20.5-15) passe par Troas et est bien en lien avec la ville. Le troisième passage (21.1-18) n'a rien a voir avec Troas et le quatrième (27 à 27.16) non plus. Pour le quatrième Macdonald tente de sauver les meubles en disant que le bateau vient d'Adramyttium qui était une ville de Troas sauf que Macdoanld se trompe car Adramyttium était à plus de 80km à vol d'oiseau de Troas. Le quatrième passage en nous n'a donc aucun rapport avec Troas. De plus si St Luc utilise le "nous" pour plagier les récits en mer pourquoi ne l'utilise t-il pas dans d'autres passages où la navigation est mentionné (Actes 13.4 de Séleucie à Salamine, Actes 13.13 de Paphos à Perga, Actes 14.26 d'Attalie à Antioche, Actes 18.18 de Corinthe à la Syrie, Actes 18.21 d'Éphèse à Césarée et Actes 20.1-2 s'Éphèse à la Macédoine) et pourquoi le "nous" est utilisé pour des voyages terrestres (Actes 16.13-18 déplacement à un lieu de prière, Actes 20.7-8 avec l'histoire d'Eutychus qui tombe d'une fenêtre, Actes 21.7-8 de Ptolémaïs à Césarée et Actes 21.15-18 de Césarée à Jérusalem).
Il est aussi intéressant de noter que d'autres auteurs ont raconté leur naufrage avec la première personne du pluriel (et du singulier) comme Dion Chrysostome et Flavius Josèphe :

Il n'est donc pas possible d'interpréter les passages en "nous" des Actes uniquement à partir des sources externes bien qu'elles offrent des éléments intéressants. Le meilleurs moyen et de prendre en compte l'intention de l'auteur et la cohérence des passages en "nous" des Actes. Comme je l'ai expliqué dans un post précédant St Luc à une prétention d'historien qu'il exprimer dès son prologue, il ne compte pas raconter une histoire imaginaire mais des faits réels. À contrario Lucien lorsqu'il écrit son histoire imaginaire mentionne dès le début de son oeuvre son intention de raconter une fausse histoire. Il faut donc se demander si les voyages racontés par St Luc dans les passages en "nous" contiennent des informations qui ressemblent à un récit fictif ou à un témoignage oculaire. (Encore une fois ce point a été traité dans un article précédant, pour plus de précision voir ce lien)
En Actes 16.11 l’embarcation se fait de Troas à Samothrace puis à Néopolis.
En Actes 16.12 la ville Philippes est correctement décrite comme une colonie.
En Actes 16.13 est mentionné une rivière dans Philippes ce qui est exact.
En Actes 16.14 un lien est fait entre une marchande de pourpre et la ville Thyatire ce qui est cohérent car Thyatire était connue pour ses teinture de pourpres
En Actes 20.13-15 tous les ville sont nommé dans le bon ordre du voyage (Troas - Assos - Mytilène - Chio - près de Samos - Milet)
En Actes 21.1 ils vont de Milet à Cos, puis à Rhodes et à Patara.
En Actes 21.8 ils se rendent à Césarée en une journée en étant partie de Ptolémaïs (48 km les sépares).
En Actes 27.3-5 l'embarcation se fait de Sidon en côtoyant l'ile de Chypre à cause des vents est l'arrivé est à Myre
En Actes 27.7 le voyage se fait de Mire à Cnide puis au Cap Salmone en Crète à cause des vents
En Actes 27.8 le trajet se fait le long de la côte de la Crète de Salmone à Beaux-Ports
En Actes 27.16 ils dérivent de la Crète jusqu'à Cauda
En Actes 27.16 à 27.40 les péripéties sont mentionné avec des termes précis, le bateau a été ceinturé pour résister aux vagues (27.17), la cargaison est jeté à la mer (27.18), puis les agrès (câbles, vergues, voiles etc) sont jetés (27.19), des sondes sont jetés à la mer pour mesurer la profondeur de la mer dans la craintes d’échouer sur des des récifs (27.28-29) puis les ancres sont jetés et les attaches des gouvernails sont relâchés et les voiles misent au vent pour que le bateau se dirige vers le rivage (27.40)
En Actes 27.17 ils craignent d'échouer sur la Syrte à cause de la dérive (Syrte est au nord-ouest de Cauda
En Actes 28.12 l'abordage se fait à Syracuse d'où ils sont partis pour aller à Reggio puis à Pouzzoles
En Actes 28.14.15 ils partent de Pouzzoles pour aller à Rome et se retrouvent vers Trois Tavernes et Forums d'Appuis
Tous ces éléments se comprennent mieux comme provenant d’un témoin qui a réellement vécu ce qu’il raconte. Toutes les descriptions sont cohérentes, un auteur qui aurait inventé un tel récit aurait eu beaucoup de mal à être aussi précis sur les trajets. C'est ce que souligne Chantal Reynier (qui n'est pas une une défenseur de la position traditionnelle sur l'autre de Luc/actes) "Alors, où sont les points communs? Dans des routes maritimes communes? Cela serait assez logique étant donné que pendant des siècles, d'Ulysse à Paul, et même au-delà, les marins ont emprunté plus ou moins les mêmes routes dans le bassin méditerranéen. Cependant dans le cas d'Ulysse, les régions traversées sont nommées selon une terminologie qui est propre aux poèmes et par conséquent difficilement identifiables. Dans le récit des Actes au contraire, il n'y a pas de doute possible sur les espaces maritimes traversés ou les escales: ils sont clairement cités, et ils le sont dans le langage du 1er siècle, même s'il arrive que la localisation de certains toponymes comme les Bons Ports ou Phoinix ne soit pas évidente. Par conséquent, toute lecture qui projette sur le récit des Actes les aventures d'Ulysse oblitère celle des Actes sans lui faire droit. Elle est donc à exclure, d'autant que toutes les tentatives d'identification de la géographie de l'Odyssée avec la géographie réelle se sont avérées infructueuses et même impossibles!" [15]. Steve Reece lui dit à propos de la thèse de Macdonald "À mon avis, MacDonald exagère largement son cas. , qui repose sur des affirmations douteuses et des hypothèses fallacieuses. [...] Dans son empressement à soutenir sa prémisse sous-jacente, MacDonald sélectionne certains détails (et en omet d'autres) de plusieurs épisodes homériques différents - ici les épisodes des tempêtes en mer dans Odyssey 5, 12 et 14 - puis il réorganise la séquence des détails afin qu'il correspond à la séquence des événements dans Actes 27, affichant même les séquences soigneusement côte à côte sur deux colonnes. Cette pratique aboutit à une présentation en forme de navire, mais elle déforme également considérablement les preuves. Malheureusement, cela est devenu le modus operandi de MacDonald dans tous ses travaux ultérieurs sur Homère et le Nouveau Testament. [...] La pratique de MacDonald consistant à collecter une pléthore de mots individuels qui apparaissent en commun entre deux textes, puis à organiser soigneusement ces mots en deux colonnes afin de mettre en évidence les points communs des deux textes est une autre caractéristique que l'on retrouve dans toutes ses publications ultérieures. Cela peut sembler impressionnant à quelqu'un qui ne fait que jeter un coup d'œil sur les innombrables pages de colonnes, mais l'empilement d'un vocabulaire de plus en plus commun mais insignifiant n'améliore en rien son argumentation ; il n'a pour effet, pour reprendre une métaphore vergilienne, d'enfouir profondément tout or potentiel dans le fumier. En somme, bien qu'il puisse y avoir une certaine validité à la proposition essentielle de MacDonald selon laquelle le récit de Luc du voyage en mer dans Actes 27: 1-28: 16 dépend à certains égards de l'Odyssée d'Homère, il exagère largement son cas en inondant ses lecteurs avec de fausses connexions et des parallèles insignifiants, ce qui rend très difficile pour eux d'isoler quoi que ce soit de valeur et les laisse perplexes plutôt que persuadés." [16]
Un autre argument que l'on retrouve par exemple chez Richard Pervo [17] consiste à dire que l'identification a été inventée à partir de 2 Timothée 4.11 où il est dit que St Luc est seul avec St Paul. Ce qui ferait de St Luc le meilleur candidat pour être accolé au « nous » fictif présent dans les Actes. Cependant on peut se demander pour quelle raison St Luc serait le meilleurs candidat car 2 Timothée 4.11 fait référence à l’emprisonnement de St Paul vers 67 ap J.C alors que le récit des Actes se termine avec l’emprisonnement de St Paul en 60-62 ap J.C, rien n’oblige donc à considérer de facto St Luc comme l’auteur de Luc/Actes sous prétexte qu’il été seul avec St Paul en 67 ap J.C. D’autres candidats auraient pu être choisi comme « Tite, Démas, Crescens, Jesus Justus, Epaphras et Epaphrodite », ou encore Silas ou Timothée qui sont mentionnés comme compagnons de Paul avant les passages en « nous » des Actes. De plus Pervo oublie que si St Luc fait un bon candidat c’est peut être parce qu’il est vraiment l’auteur de Luc/Actes. De manière plus générale on peut aussi se demander pourquoi l'auteur de Luc/Actes, si il écrit un récit fictif dans le but de se donner une autorité ne s’est il pas fait passé directement pour un apôtre de Jésus ? Pourquoi ne s’est il pas mentionné comme présent dès le début des Actes ? Pourquoi n’a t il pas choisit St Pierre au lieu de St Paul comme compagnon de voyage si son récit est fictif ?
Conclusion
Les données internes s'emboitent parfaitement avec les données externes qui font de St Luc l'auteur de Luc/Actes.
Pour les parallèles j'ai principalement reprit Sylvie Chabert D'Hyères, Saint Luc évangéliste et historien pp128-132 qui elle même a reprit les travaux W.K Hobart, The medical language of St. Luke
Marvin R.Vincent, The Synoptic Gospels. Acts of the Apostles. Epistles of Peter, James and Jude, p251
John Nolland, Novum testamentum, Vol. XXI fasc.3, Classical and rabbinic parallels to physician, heal yourself
Traduction reprise dans Galien de Pergame, Souvenir d'un médecin traduit par Paul Moraux, p118 ; Voir aussi Sylvie Chabert D'Hyères, Saint Luc évangéliste et historien p128
Hippocrate, Du médecin, I
Sylvie Chabert D'Hyères, Saint Luc évangéliste et historien pp130-131
https://www.persee.fr/doc/keryl_1275-6229_2004_act_15_1_1091
Sylvie Chabert D'Hyères, Saint Luc évangéliste et historien pp130-131
Richard N.Longenecker, Bible commentary the new international version volume 9, pp239-240
Hippocrate, Coaques II, XXIV 2
Une variante contenue dans la version occidentale des Actes place le premier "nous" en Actes 11.28 et lit le verset comme suit "et comme nous étions regroupés de manière serrée l'un d'entre eux nommé Agabos disait, révélant par l'Esprit" voir http://oncial.d.free.fr/cb/ac/ac.php?chapter=11&lang=a
Par exemple, Homère, Odyssée 9.259 "Nous sommes Achéens, et nous revenons de la ville de Troie. Des vents contraires nous ont égarés sur les flots, pendant que nous voguions vers notre patrie, et nous nous sommes perdus dans des voies inconnues : ainsi l'a voulu Jupiter. Nous nous glorifions d'être les guerriers d'Agamemnon, fils d'Atrée, d'Agamemnon dont la gloire est immense sous le ciel ; car il a renversé une puissante ville et vaincu des peuples nombreux. Maintenant nous venons embrasser tes genoux afin que tu nous donnes, selon l'usage, l'hospitalité ou du moins quelques présents. Vaillant héros, respecte les dieux, puisque nous implorons ta pitié. Jupiter hospitalier est le vengeur des suppliants et des hôtes, et il accompagne toujours les vénérables étrangers."
The Shipwrecks of Odysseus and Paul, p89
Steve Reece, The Formale Education of the Author of Luke-Acts, chap5
Chantal Reynier, Paul de Tarse en Méditerranée, p178 ; voir aussi Luuk Van Weghe "Le récit des Actes est l'apogée d'une romance ou d'une épopée antique. Pourtant, bien qu'il existe des points communs linguistiques avec les fictions anciennes (cf. Callirhoé de Chariton, Catiline de Salluste, etc.), les Actes manquent de caractéristiques romanesques communes comme les pirates, une héroïne et le thème de l'éros, ou une voix d'auteur. Inversement, les Actes s'intéressent à la géographie du monde réel (par exemple, Malte contre les revendications grecques des « Electrides » - des îles qui n'existent pas, cf. Pline E., Nat. 3.152 ; Strabon, Geo. 5.9.1). MacDonald a tenté d'établir des parallèles suggestifs entre les Actes et l'Odyssée, mais ces parallèles sont faibles et se résument à quelques allusions potentielles (Homère, Od. 5.333-53 ; cf. Actes 27:23-24 ; Actes 27:41 ; cf. Od. 9.546, ἐπέκειλαν τήν ναῦν). En outre, les Actes ne présentent pas les caractéristiques communes des scènes de tempête épiques : par exemple, le gonflement des vagues vers le ciel et leur enfoncement dans les profondeurs de la mer. En effet, contrairement à ce que l'on pense généralement, les naufrages ne sont pas typiques de la romance ou de l'épopée antiques. Positivement, Actes 27:1-28:15 partage des points communs avec des parallèles historiographiques comme la Vie de Josèphe (14-16) et des périples antiques comme le Voyage d'Hanno le Carthaginois (1-18) ; ces derniers contiennent des parallèles syntaxiques étroits avec le motif présumé de Robbins et Actes 27:1-28:15, mais ni l'un ni l'autre ne peut être classé comme roman ou épopée. C'est le Periplus d'Hanno qui, de l'aveu même de Robbins, l'a incité à rechercher un motif littéraire pour les anciens voyages en mer ; de manière significative, bien que les chercheurs contemporains soient fortement divisés sur son authenticité, Hérodote (Hist. 4.196), Pline l'Ancien (Nat. 2.169) et Arrian (Indica 43.10-13) semblent tous avoir lu les récits existants d'Hanno comme des récits historiques." LivingFootnotes in the Gospel of Luke, pp92-93
Steve Reece, The Formale Education of the Author of Luke-Acts, chap5
Richard Pervo, Acts: A Commentary, pp6-7 ; À noter que des érudits qui sont en faveur de la vision traditionnelle sur l'auteur de Luc/Actes pensent aussi que St Luc est le seul candidat possible, avis que je ne partage pas.
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