Marie mère de Dieu ? Réponse aux évangéliques 2.0.
- ProEcclesia bloger
- 7 déc. 2024
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Dernière mise à jour : 11 févr.

Il est courant d'entendre sur internet des évangéliques reprocher aux catholiques d'appeler Marie "mère de Dieu". Ce reproche sous-entend que l'orsque l'on dit "mère de Dieu" on insinue que Marie et mère dans le sens "créatrice" de la divinité, ce qui la placerait au dessus de Dieu.
Bien évidemment cet argument ignore complètement ce qu'enseigne l'église catholique dans son catéchisme. Dans le catéchisme au paragraphe 495 nous lisons :
Appelée dans les Évangiles «la mère de Jésus» (Jn 2, 1; 19, 25; cf. Mt 13, 55), Marie est acclamée, sous l'impulsion de l'Esprit, dès avant la naissance de son fils, comme «la mère de mon Seigneur» (Lc 1, 43). En effet, Celui qu'elle a conçu comme homme du Saint-Esprit et qui est devenu vraiment son Fils selon la chair, n'est autre que le Fils éternel du Père, la deuxième Personne de la Sainte Trinité. L'Église confesse que Marie est vraiment Mère de Dieu (Theotokos).
On voit clairement que l'église ne dit pas que Marie et mère et créatrice de Dieu mais qu'elle a conçu selon la chair celui qui est la 2ème personne de la trinité et qu'elle est donc la mère de Dieu. Nous devons donc nous demander si il est possible d'appeler Marie "mère de Dieu" et savoir sur quoi nous nous reposons pour ce titre.
Théotokos & Luc 1.43
On peut justifier l'utilisation du titre "mère de Dieu" avec le verset de Luc 1.43 qui est cité dans le catéchisme. Mais avant d'aborder ce verset je vais apporter quelques points sur la façon dont l'évangile de Luc est écrit. Quand St Luc écrit son évangile il utilise un procédé appelé la "mimesis". Ce procédé a pour objectif d'écrire une histoire avec comme toile de fond une ou plusieurs autres histoires. Dans le cas des évangiles cette toile de fond est l'ancien testament, cette technique d'écriture est très bien connue des spécialistes. Dans l'évangile de Luc nous retrouvons des liens avec l'ancien testament notamment avec les texte de 1 & 2 Samuel, 1 & 2 Rois et 1 & 2 Chronique. Le dr Mark S. Giacobbe a écrit un livre consacré aux parallèles entre les livres que je viens de citer et l'évangile de Luc [1]. Giacobbe explique l'utilisation de la mimesis [2] comme suit :
"L'idée serait donc que Luc souhaitait écrire un récit de la vie de Jésus et de l'Eglise primitive, et qu'en réfléchissant à ces événements, il a remarqué certaines similitudes entre eux et des événements antérieurs qui s'étaient produits dans l'histoire d'Israël. Opérant dans un cadre de promesses et d'accomplissements, Luc en vint à comprendre que les événements du premier siècle se déroulaient précisément comme ils le faisaient, non seulement en accord avec le « plan de Dieu » en général, mais, plus précisément, selon un modèle préexistant décrit dans la SKNA (L'arc narratif de Samuel et des Rois ndlr). En d'autres termes, les similitudes étaient providentielles et prédéterminées. C'est pourquoi, lorsqu'il a entrepris d'écrire un récit de ces événements, il a choisi d'utiliser comme modèle - parmi les innombrables possibilités qui s'offraient à lui - le schéma préexistant trouvé dans l'AT qu'il voyait effectivement récapitulé au premier siècle [3]".
Giaccobe donne plusieurs exemples de parallèles comme Élisabeth dans Luc 1 qui est stéril et qui reçoit une annonce d'un enfant comme Anne en 1 Samuel 1 & 2, les annonces de grossesses se situent toutes les deux dans une scène au temple (Luc 1.8-23 ; 1 Samuel 1.3-18), 2 déclarations concernant Jean le fils de Élisabeth en Luc 1.66 et 80 font échos a des déclarations similaire en 1 Samuel 3.19 et 2.26. Plus loins en Luc 1.46-55 le chant du Magnificat est similaire au chant de Anne en 1 Samuel 2.1-10 . Giaccobe conclut en disant "Ce n'est pas qu'il y ait une correspondance stricte entre chaque détail de 1 Samuel et de Luc, car c'est Marie qui, comme Anne, loue Dieu dans l'Evangile, plutôt que l'ancienne Élisabeth stérile. La règle est plutôt que la dépendance de Luc à l'égard de 1 Samuel 1-3 est matérielle, verbale, littéraire, et non formelle, idéale. Quoi qu'il en soit, les nombreux échos verbaux établissent le point principal : Luc s'est appuyé sur 1 Samuel pour composer le début de Luc [4]".
Ces exemples [5] montrent que l'ancien testament est très important pour comprendre le nouveau et qu'il est nécessaire de détecter les allusions pour comprendre les sous entendus que font les auteurs des évangiles. Maintenant nous pouvons passer au verset de Luc 1.43. Ce verset s'insère dans un contexte qui contient des parallèles avec l'ancien testament, notamment le livre de 2 Samuel. Ces parallèles sont mis en avant par Scott Hahn & Curtis Mitch qui expliquent que St Luc compare la viste de Marie à Élisabeth avec l'effort de David pour mettre l'arche de l'alliance à Jérusalem en 2 Samuel 6. Voici les parallèles :
Luc 1.39 parle de Marie qui "se leva et partit" vers le montagne de Judée pour rendre visite à Élisabeth - 1 Samuel 6.2 parle de David qui "se leva et partit" dans la même région plus tôt pour récupérer l'arche.
Luc 1.43 parle de l'arrivée de Marie et du fait que Élisabeth est frappée par la sentiment de crainte et d'indignité devant Marie - 2 Samuel 6.9 fait état du même sentiment de David devant l'arche du Seigneur.
Luc 1.41 parle de la joie de Jean Baptiste dans le ventre d'Élisabeth de part la rencontre avec Marie - 2 Samuel 6.16 parle de la joie de David qui dansait devant l'arche.
Luc 1.56 nous dit que Marie est restée trois mois dans la maison de Zacharie - 2 Samuel 6.16 nous dit que l'arche de l'alliance est restée trois mois dans la maison d'Obédédom de Geth.
Luc 1.42 nous dit que Élisabeth a poussée un cri exubérant devant l'arrivée de Marie. Le terme grec utilisé pour le cri est "ἀναφωνέω", ce terme apparait dans le NT seulement ici mais nous le retrouvons à 5 reprises dans la LXX. À chaque fois que ce terme est utilisé dans la LXX il apparait dans des histoires entourant l'arche de l'alliance. Le terme fait précisément référence aux sons mélodiques émis par les chanteurs et musiciens lévitiques lorsqu'ils glorifient le Seigneur en chantant (1 Chronique 15.28 ; 16.4-5, 42 ; 2 Chronique 5.13) [6].
Ces parallèles nous montrent que pour St Luc Marie est comparable a l'arche de l'alliance. Cette association implique que St Luc compare par la même occasion la présence de Jésus dans le ventre de Marie avec la présence de Dieu dans l'arche de l'alliance. Cette présence de Dieu dans l'arche est visible en 2 Chronique 5.1-14 où l'arche est placée dans la maison de Dieu et provoque une nuée remplissant la maison. Cette nué nous dit le texte est la "gloire de l'Éternel". Si donc St Luc nous dit qu'Élisabeth a appelée Marie "mère de mon Seigneur" et que St Luc nous montre que Marie est similaire à l'arche de Dieu est que le "Seigneur" qu'elle a dans son ventre est similaire à la précenses de Dieu qui était lié à l'arche pourquoi ne pourrions nous pas l'appeler "mère de Dieu" ?
Théotokos & Tradition
L'expression "mère de Dieu" a déjà été expliquée au 5ème siècle par des Pères de l'église pour montrer qu'elle n'implique pas que Marie a créée la divinité du Christ :
Cyrille d'Alexandrie "Voilà ce que proclame partout le discours de la foi exacte ; voilà ce que nous trouverons avoir été pensé par les saints Pères ; c'est ainsi qu'ils se sont enhardis à nommer la sainte Vierge Mère de Dieu, non que la nature du Verbe ou sa divinité ait reçu le début de son existence à partir de la sainte Vierge, mais parce qu'a été engendré d'elle son saint corps animé d'une âme raisonnable, corps auquel le Verbe s'est uni selon l'hypostase et pour cette raison est dit avoir été engendré selon la chair. Je t'écris maintenant ces choses, poussé par la charité dans le Christ, te priant comme un frère, prenant à témoin le Christ et les anges élus, de les penser et de les enseigner avec nous, pour que soit sauvée la paix des Églises et que le lien de la concorde et de la charité demeure infrangible pour les prêtres de Dieu. – Salue la fraternité qui est près de toi. La fraternité qui est avec nous te salue dans le Christ [7].
Jean d'Antioche "Sur la Vierge Mère de Dieu et sur le mode de l'incarnation du Fils de Dieu, nous exprimerons brièvement, selon qu'il est nécessaire, non à titre d'addition mais pour montrer notre plein accord, ce que nous pensons et disons, comme nous le tenons, depuis les origines pour l'avoir reçu des divines Écritures et de la tradition des saints Pères, sans rien ajouter du tout à la confession de foi exposée par les saints Pères à Nicée. Comme nous nous sommes empressés de le dire, cette confession suffit pour une connaissance totale de l'orthodoxie et pour le rejet de toute erreur hérétique. Nous parlerons sans nous enhardir à aborder ce qui est inaccessible, mais en fermant la porte par la confession de notre propre faiblesse à ceux qui veulent nous attaquer sur les points où nous examinons ce qui dépasse l'homme. [...]
Nous confessons donc que notre Seigneur Jésus, le Christ, le Fils de Dieu, l'unique engendré, est Dieu parfait et homme parfait, composé d'une âme raisonnable et d'un corps, engendré du Père avant les siècles selon la divinité [kata tèn theotèta], le même à la fin des jours, à cause de nous et pour notre salut, engendré de la Vierge Marie selon l'humanité, le même consubstantiel au Père selon la divinité et consubstantiel à nous selon l'humanité. Il y a eu en effet union de deux natures : c'est pourquoi nous confessons un seul Christ, un seul Fils, un seul Seigneur [8]".
Au 4ème siècle plusieurs pères de l'église l’ont utilisé :
Ambroise de Milan "La première chose qui enflamme l'ardeur à apprendre, c'est la grandeur du maître. Qu'y a-t-il de plus grand que la Mère de Dieu ? Quoi de plus glorieux que celle que la Gloire elle-même a choisie ? Quoi de plus chaste que celle qui a porté un corps sans contact avec un autre corps ? Car pourquoi parler de ses autres vertus [9] ?
Jerome de Stridon "En ce qui concerne le Père, le Fils et le Saint-Esprit, en ce qui concerne la nativité de notre Seigneur et Sauveur, au sujet de laquelle Isaïe s'écrie : « Qui annoncera sa génération ? il parle avec audace, et un mystère dont tous les âges passés n'ont rien su, il l'affirme comme étant tout à fait à sa portée ; c'est seulement cela qu'il ne sait pas, et dont l'ignorance fait trébucher les hommes. Il sait parfaitement comment une vierge est devenue la mère de Dieu, mais il ne sait rien de la façon dont il est né lui-même. Il confesse que Dieu est le créateur des âmes et des corps, que les âmes aient existé avant les corps, qu'elles soient nées avec les germes des corps, ou qu'elles soient envoyées dans les corps déjà formés dans le ventre de leur mère [10]".
Un autre témoignage très intéréssant nous vient d'Irénée de Lyon qui bien qu'il ne parle pas de Marie comme de la "mère de Dieu" nous dit que Marie a "porté (portaret) Dieu". On peut légitimement se demander de qui Marie est la mère pour Irénée si elle a porté Dieu ?
"19 1 Si donc le Seigneur est venu d'une manière manifeste dans son propre domaine; s'il a été porté par sa propre création, qu'il porte lui-même; s'il a récapitulé, par son obéissance sur le bois, la désobéissance qui avait été perpétrée par le bois, si cette séduction dont avait été misérablement victime Ève, vierge en pouvoir de mari, a été dissipée par la bonne nouvelle de vérité magnifiquement annoncée par l'ange à Marie, elle aussi vierge en pouvoir de mari - car, de même que celle-là avait été séduite par le discours d'un ange, de manière à se soustraire à Dieu en transgressant sa parole, de même celle-ci fut instruite de la bonne nouvelle par le discours d'un ange, de manière à porter Dieu en obéissant à sa parole; et, de même que celle-là avait été séduite de manière à désobéir à Dieu, de même celle-ci se laissa persuader d'obéir à Dieu, afin que, de la vierge Eve, la Vierge Marie devînt l'avocate; et, de même que le genre humain avait été assujetti à la mort par une vierge, il en fut libéré par une Vierge, la désobéissance d'une vierge ayant été contrebalancée par l'obéissance d'une Vierge -; si donc, encore une fois, le péché du premier homme a reçu guérison par la rectitude de conduite du Premier-né, si la prudence du serpent a été vaincue par la simplicité de la colombe Mt 10,16 et si par là ont été brisés ces liens qui nous assujettissaient à la mort [11]".
Théotokos vs protestants, un consensus ?
Bien qu'il est courant d'entendre (sur internet) des protestants rejeter le titre "théotokos" il est intéréssant de savoir que ce titre a été accepté par Martin Luther "De plus, Marie, la mère, ne porte pas, n’enfante pas, n’allaite pas et ne nourrit pas seulement l’homme, seulement la chair et le sang – car cela diviserait la personne – mais elle porte et nourrit un fils qui est le Fils de Dieu. C’est pourquoi elle est à juste titre appelée non seulement la mère de l’homme, mais aussi la Mère de Dieu. C’est ce que les anciens Pères enseignaient en opposition aux Nestoriens, qui objectaient qu’on appelait Marie -Mère de Dieu- et refusaient de dire qu’elle avait donné naissance au Fils de Dieu [12]". D'autres proestants de notre époque comme Norman Geisler & Ralph E. MacKenzie (2 érudits évangéliques conservateurs) ont aussi accepté le titre "mère de Dieu" pour Marie "Pour de nombreux protestants, mariologie et mariolâtrie sont presque synonymes. C'est regrettable, comme nous le verrons, car les catholiques et les protestants ont de nombreux points communs en ce qui concerne la doctrine de Marie. Il s'agit notamment du fait qu'elle est la plus bénie des femmes, qu'elle a conçu le Christ, l'homme-Dieu, et qu'en vertu de cela, elle est en ce sens -la Mère de Dieu-, un titre utilisé à la fois par Luther et Calvin. Certes, ce titre était utilisé pour souligner la divinité du Christ, et non les privilèges de Marie, mais il n'en était pas moins utilisé [13]". On peut aussi rajouter que de nombreux érudtis protestants reconnaissent que le titre "Seigneur" en Luc 1.43 renvoi à plus qu'un simple humain qui serait appelé "seigneur" :
Robert Stein "Cela indique que l'accent est mis dans ce récit sur l'enfant de Marie plus que sur Marie elle-même. Ici, -Seigneur- est clairement un titre christologique et se rapporte à Jésus. Ce titre est utilisé dans notre récit (et dans Luc 1-2 en général) à la fois pour Dieu et pour Jésus (cf. Actes 2,36), et il révèle la grandeur de l'enfant de Marie déjà avant sa naissance. Alors que le titre de « Seigneur » n'est utilisé pour Jésus que six fois dans Marc, il l'est plus de vingt fois dans Luc. A cela s'ajoutent les dix-neuf fois où Jésus est interpellé au vocatif comme Seigneur. C'est surtout par la résurrection que l'enfant de Marie est reconnu comme Seigneur, bien que ce verset indique que dès sa conception il l'était déjà. L'utilisation du titre -Seigneur- indique que Luc a compris que Jésus se situait à un niveau différent des autres. Comme Dieu, il mérite le titre de -Seigneur- . [14]"
Leon Morris "L'emploi du titre mon Seigneur montre qu'Élisabeth savait que l'enfant de Marie serait le Messie (cf. Psaume 110:1 ; -Seigneur- est utilisé pour Dieu vingt-cinq fois dans les chapitres 1-2 ; c'est un titre exalté) [15]".
David Garland "Sous l’inspiration du Saint-Esprit, Élisabeth reconnaît également la seigneurie de l’embryon de Jésus. C’est la première fois que le terme -Seigneur- est appliqué à Jésus dans cet Évangile (voir 2,11), un terme qui apparaît vingt-trois fois dans le récit de la naissance pour désigner le Dieu d’Israël. Cela souligne la continuité entre Jésus et le Seigneur Dieu d’Israël, dont les puissants actes de délivrance dans le passé d’Israël sont rappelés dans l’hymne de louange de Marie. Cette reconnaissance confirme également qu’il est Seigneur depuis le commencement de sa vie-. La salutation souligne encore davantage le contraste entre Jésus et Jean : Jésus est Seigneur [16]".
Luke Timothy Johnson "Mère de mon Seigneur. C'est la déclaration la plus dramatique d'Elisabeth, lâchée presque avec désinvolture. -Seigneur- est un titre qui s'adresse d'abord à Dieu (comme déjà en Luc 1,6, 9, 11, 15, 16, 17, 25). Pour Jésus, il est utilisé comme un titre de résumé (voir Actes 1:21 ; 2:34-36 ; 4:26, 33 ; 8:16, etc.). Mais Luc, plus encore que Matthieu, l'utilise pour Jésus non seulement comme salutation mais aussi comme titre (voir Luc 2,11 ; 7,13 ; 10,1 ; 11,39 ; 12,42 ; 17,6 ; 18,6 ; 19,8, 31 ; surtout 24,3 et 34). Au minimum, Elisabeth reconnaît l'enfant comme « maître », mais une dimension plus profonde est certainement sous-entendue [17]".
Joel B. Green "Marie est la mère de « mon Seigneur » - une désignation par laquelle Élisabeth articule sa propre soumission à ce bébé à naître et qui anticipe l'identification de Jésus comme -Seigneur- sur la base de son exaltation (cf. Ps 110:1 ; Ac 2:34-36). [18]".
Luke the Chronicler The Narrative Arc of Samuel-Kings and Chronicles in Luke-Acts.
Certains érudits comme Thomas L. Brodie, Richard Carrier, Dennis R. Macdonald utilisent la mimesis pour dire que les auteurs des évangiles inventent de toutes pièces des histoires. Mais tous n'ont pas cette position, par exemple Giaccobe nous dit "La thèse principale de cette étude est que Luc a « façonné » son récit sous l'influence de l'AT. Cela soulève naturellement la question de l'exactitude historique. Si Luc a façonné son récit sous l'influence de la SKNA, cela signifie-t-il qu'il crée des événements plutôt que de les rapporter ? Ecrit-il, en fait, une oeuvre non pas historique, mais de fiction ? La réponse à toutes ces questions, en bref, est non. La position que j'adopte à ce sujet part du constat qu'il n'existe pas de reportage véritablement neutre ou objectif des événements humains. Toutes les représentations sont nécessairement partielles, ou perspectivistes. Cela s'applique aux tentatives formelles et informelles de relier la réalité, y compris la discipline de l'historiographie. En d'autres termes, l'historiographie - la rédaction d'un compte rendu verbal du passé - est un acte nécessairement interprétatif et créatif. Les historiens disposent d'un pouvoir discrétionnaire dans la manière dont ils représentent leur sujet. En d'autres termes, l'historiographie, même dans sa forme la plus précise, ressemble moins à une photographie qu'à un portrait. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de règles et qu'un récit de ce qui s'est passé dans le passé est aussi bon qu'un autre ; la composante créative doit être équilibrée par le désir de relater fidèlement ce qui s'est passé. L'historiographie est « créative mais limitée ». Ainsi, la position que j'adopte ici est que l'artisanat littéraire et la mimesis littéraire ne remettent pas en cause l'historicité ou l'exactitude, parce que toute historiographie est nécessairement façonnée par des préoccupations littéraires. Ce n'est pas parce que Luc-Actes est une œuvre d'art littéraire qu'il est fictif ou historiquement peu fiable." Ibid pp39-40
Ibid, p40
ibid, pp129-130
Pour une liste plus large d'exemples voir Giaccobe pp231-232
Voir le commentaire sur Luc 1.64 de Scott Hahn & Curtis Mitch dans " The Ignatius Catholic Study Bible Second Edition". Hahn & Mitch concluent les parallèles en disant "Pour le lecteur qui a des yeux pour voir et des oreilles pour entendre, Luc nous a donné une vision de la Vierge Marie qui devient de plus en plus glorieuse au fur et à mesure que nous creusons dans les Écritures. Notre capacité à voir Marie comme il l'a fait dépend en partie de notre connaissance de l'Ancien Testament et en partie de notre sensibilité à l'utilisation habile qu'en fait Luc. En choisissant soigneusement ses mots et ses phrases, il est capable de tisser divers fils de la tradition biblique dans son récit, ajoutant beauté et profondeur à sa prose déjà élégante. Il n'est pas étonnant que les traditions liturgiques et théologiques de l'Église aient si souvent décrit Marie comme l'Arche de la Nouvelle Alliance. Cette vision n'est pas simplement le fruit d'une spéculation mystique d'une époque tardive. Elle est déjà inscrite dans le récit de l'enfance de l'Évangile de Luc.
Cyrille d'Alexandrie, Deuxième lettre à Nestorius
Jean D'Antioche, Lettre sur la paix
Ambroise de Milan, Les Vierges, 2.2.7
Jerome de Stridon, Contre Rufin, 2.10
Irénée de Lyon, Contre les Hérésies, 5.19.1
Luther's Works, Volume 24 (Sermons on Gospel of St John Chapters 14-16), p107
Norman L. Geisler and Ralph E. MacKenzie, Roman Catholics and Evangelicals: Agreements and Differences, p266
Robert Stein, The New American Commentary Volume 24 Luke, p90
Leon Morris, Luke: An Introduction and Commentary, p83
David E. Garland, Exegetical Commentary on the New Testament, voir le commentaire sur Luc 1.43
Luke Timothy Johnson, The Gospel of Luke, p41
Joel B. Green, The Gospel of Luke, p96
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