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Luc 9.45 vs crucifixion ?

  • Photo du rédacteur: ProEcclesia bloger
    ProEcclesia bloger
  • 26 sept. 2023
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 11 mai 2024


Luc 9.43 Et tous furent frappés de la grandeur de Dieu. Tandis que chacun était dans l'admiration de tout ce que faisait Jésus, il dit à ses disciples: 44 Pour vous, écoutez bien ceci: Le Fils de l'homme doit être livré entre les mains des hommes. 45 Mais les disciples ne comprenaient pas cette parole ; elle était voilée pour eux, afin qu'ils n'en eussent pas le sens ; et ils craignaient de l'interroger à ce sujet.


Ces versets sont utilisés dans le dialogue intereligieux pour nier la cohérence de la crucifixion. Pourquoi ? Parce qu'en Luc 9.45 nous pouvons lire que les disciples ne comprennent pas la parole du Christ lorsqu'il annonce sa mort car cette parole est voilée, comme en Luc 18.34. La différence est qu'en Luc 9.45 il est précisé qu'elle est voilée "afin qu'ils n'en eussent pas le sens" ce qui n'est pas précisé en Luc 18.34. Comment le Christ (ou le Père) pourrait leur voiler cette parole et en même temps leur reprocher de ne pas la comprendre et pourquoi le Christ ouvre l'esprit des disciples alors qu'il avait lui même mis un voile sur leur esprit ? Ne serait il pas plus simple de comprendre que Jésus n'a jamais annoncé sa mort ?


Pour répondre à cette objection nous devons nous tourner vers le grec. En Luc 9.45 le terme grec traduit par "afin" est "ἵνα". Ce terme dans le grec néo-testamentaire peut avoir dans de rares occasions une autre signification que "afin". Daniel Wallace dans son manuel de syntaxe pour l'exégèse du Nouveau Testament nous dit la chose suivante :

  • Cet emploi de ἵνα + subjonctif permet d'exprimer le résultat de l'action du verbe principal. Il indique une conséquence non recherchée de l'action. On traduira habituellement le ἵνα par de telle sorte que, avec pour conséquence ou simplement pour. En grec classique ἵνα n'était pas utilisé pour exprimer un résultat. Ce cas de igure se produit cependant dans le Nouveau Testament, bien que seulement à de rares occasions. [1]

Wallace classe ensuite Luc 9.45 dans la catégorie "possible" pour un sens consécutif pour "ἵνα". En utilisant cette interprétation de "ἵνα" en Luc 9.45 le verset se traduit de la sorte :

"Mais les disciples restaient fermés à cette parole; elle était voilée pour eux, de sorte qu'ils n'en saisissaient pas le sens. Et ils n'osaient l'interroger à ce propos"


Nous voyons qu'avec cette traduction ce n'est pas Jésus qui voile la compréhension aux disciples, la difficulté est donc supprimé. Nous pouvons aussi noter que des exégètes ont postulés pour cette interprétions comme Josèph Fitzmyer qui dit sur Luc 9.45 "(De sorte qu'ils ne pouvaient le comprendre). La conjonction ἵνα est utilisé avec une force conséquente [2]" ou encore Robert H. Stein :

De sorte que (ἵνα). Faut-il interpréter ce qui suit comme le but ou le résultat de " Cela leur fut caché " ? S'il s'agit du but, cela signifie que la volonté de Dieu était que les disciples ne comprennent pas l'annonce de la passion de Jésus à ce moment-là. Le fait que hina indique plus souvent le but que le résultat plaide en faveur de cette interprétation. D'autre part, si "afin que" doit être lu comme indiquant le résultat, alors les disciples n'ont pas saisi le sens de Jésus simplement parce qu'ils étaient lents à comprendre.

Cette dernière interprétation est favorisée par le fait que les disciples ont eu peur de demander à Jésus ce qu'il voulait dire. Ils auraient pu demander, mais ont choisi de ne pas le faire. Cela affaiblit l'idée que Dieu ne voulait pas qu'ils comprennent. De même, l'incapacité de cette "génération perverse et malveillante" à guérir devrait logiquement s'étendre à l'incapacité de comprendre. Cela favorise également l'interprétation de "afin que" comme signalant le résultat plutôt que le but. Un dernier argument en faveur du résultat est 9:22. Après cette annonce plus complexe de la passion, rien n'est dit sur l'incapacité des disciples à comprendre. Le lecteur suppose, puisqu'il n'y a aucune référence à une telle difficulté de compréhension, que cela était clair pour les disciples. En outre, Luc a éliminé la référence au récit parallèle (Marc 8:33) qui révèle l'incompréhension de Pierre. Il est donc préférable d'interpréter ce verset comme indiquant que les disciples n'étaient pas en mesure de comprendre cette prédiction de la passion à l'époque, en raison de leur incrédulité et de leur perversité. [3]


On peut aussi noter que certaines traductions française qui traduisent "ἵνα" par "afin" en Luc 9.45 le traduisent par "de sorte (ou un synonyme)" ailleurs. Par exemple La Segond21, Nouvelle Segond, Bible Jérusalem, Abbé Crampon qui ont "afin" en Luc 9.45 ont "de sorte" en Galates 5.17 pour le terme "ἵνα".

En conclusion nous pouvons rejeter l'approche catégorique de ceux qui utilisent Luc 9.45 pour attaquer la crucifixion car la grammaire du verset ne permet pas d'être catégorique sur ce point [4].












  1. Daniel Wallace, Manuel de syntaxe pour l'exégèse du Nouveau Testament, p529

  2. Joseph Fitzmyer, The Gospel According to Luke I IX, p814

  3. The New American Commentary Volume 24 Luke, p291

  4. Voir par exemple comment le verset est traduit dans plus d'une trentaine de traductions française ici http://djep.hd.free.fr/LaReferenceBiblique/?Trad=1&Livre=42&Chap=9&Vers=45






 
 
 

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