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Matthieu 12.39 vs crucifixion ?

  • Photo du rédacteur: ProEcclesia bloger
    ProEcclesia bloger
  • 27 août 2023
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 13 janv. 2024


Matthieu 12:39 Il leur répondit : "une génération mauvaise et adultère réclame un signe : il ne lui sera donné d'autre signe que le signe du prophète Jonas.


Dans le dialogue islamo-chrétien, plus précisément sur le thème de la crucifixion du Christ nous pouvons être amené à discuter du signe de Jonas qui d'après certains prédicateurs contredirait la crucifixion du Christ. Ce qui logiquement serait une preuve que Jésus n'est pas mort et ressuscité.

Tout d'abord que signifie l'expression le signe de Jonas ? Cette expression se retrouve dans l'évangile de Matthieu (et Luc) et est prononcée par le Christ lorsqu'il dialogue avec des pharisiens et des scribes. Dans Matthieu 12.38-40 le Christ met en contraste le miracle de Jonas qui est resté 3 jours et 3 nuits dans le ventre du poisson avec le futur miracle le concernant car lui sera comme Jonas, 3 jours et 3 nuit dans le sein de la terre. Par ce parallèle et à la lumière des évangiles il est évident que le Christ cherche à faire comprendre qu'il ressuscitera des morts, c'est ici qu'interviennent les objections que l'on peut résumé en 3 arguments pour nier la crucifixion et la résurrection :

  1. Jonas était vivant dans le ventre du poisson, donc Jésus n'est pas mort et était vivant dans son tombeau.

  2. Le miracle est censé duré 3 jours et 3 nuit, hors les évangiles nous disent que Jésus et mort un vendredi soir et ressuscité le dimanche matin ce qui fait 1 jours et 2 nuits.

  3. L'évangile de Marc ne parle pas du miracle de Jonas, au contraire dans Marc le Christ dit seulement qu'ils n'auront pas de signe alors que l'évangile de Matthieu ajoute "sauf le miracle de Jonas" ce qui est contradictoire. De plus l'évangile de Marc a été écrit avant celui de Matthieu donc c'est Matthieu qui contient une parole (si ce n'est le miracle de Jonas) qui n'a jamais été dites par Jésus.



LES RÉPONSES


1.

Deux arguments peuvent être objectés. Premièrement il est possible que Jonas était bien mort dans le ventre du poisson comme l'affirme Brant Pitre qui a avancé plusieurs arguments :

  • En Jonas 2.2 il est dit que Jonas a invoqué Dieu depuis le "ventre du schéol", cette expression est utilisée ailleurs pour faire référence au royaume des morts (cf Psaume 139.7-9 ; Job 17.13-16).

  • Quand il est dit en Jonas 2.8 que son âme a "défaillit en lui" c'est une façon de dire qu'il est mort.

  • En Jonas 3.2 Dieu dit à Jonas "Lève-toi, va à Ninive", le mot en hébreux pour "lève-toi" est "qûm" qui est le même mot sémitique que Jésus utilise en Marc 5.41 lorsqu'il ressuscite la fille de Jaïrus et lui dit : " Talitha cumi ", ce qui signifie : " Petite fille, je te le dis, lève-toi ". [1]

L'explication de Brant Pitre est tout à fait possible mais elle n'est pas la seule. Jonas pouvait très bien être vivant dans le ventre du poisson et quand le Christ compare son futur miracle avec celui de Jonas c'est uniquement pour mettre en lumière l'état dans lequel il sera avec l'état dans lequel Jonas était après 3 jours et 3 nuits. À savoir être encore vivant alors que normalement aucun des deux n'auraient du revenir vivant.



2.

Concernant les trois jours et trois nuits l'Abbé Fillion nous explique dans son commentaire sur Matthieu que la manière juive de compter les jours diffère de notre façon moderne les compter :

Ces chiffres seraient inexacts d’après notre manière ordinaire de compter ; mais ils sont d’une exactitude parfaite si on les apprécie d’après le langage numérique alors usité chez les Juifs, langage auquel Notre-Seigneur Jésus-Christ dût naturellement se conformer dans la circonstance présente. Toutes les fois qu’on employait des locutions de ce genre, on se donnait de très grandes libertés, suivant ce principe : « Le jour et la nuit constituent le temps, et une partie du temps est comme la totalité du temps », Schabb. 12, 1. Le Sauveur fut enseveli le vendredi soir et il ressuscita le dimanche de grand matin ; il ne demeura donc réellement dans le tombeau que deux nuits entières, un jour entier et des parties peu considérables de deux autres jours. Les Hébreux, moins stricts que nous en pareil cas, comptaient un jour commencé comme un complet : la soirée du vendredi, le samedi et les premières heures du dimanche équivalaient pour eux à « trois jours et trois nuits ». [2]

Avec cette explication toutes les difficultés disparaissent.



3.

Pour la troisième il convient de rappeler que bien qu'étant très majoritaire la priorité de Marc n'est pas la seule théorie qui existe dans le monde universitaire. Comme le souligne David Barrett Peabody (spécialiste du problème synoptique est partisan de l'hypothèse de Griesbach) il y a plusieurs érudits du problème synoptique qui ont soutenu et qui soutiennent encore l'hypothèse de Griesbach, parmi ces érudits nous avons Lamar Cope, Allan J. McNicol, William Farmer, David L. Dungan, Thomas R. W. Longstaff, Philip Shuler, J. Samuel Subramanian [3], nous pouvons aussi rajouter B. Ward Powers [4], David Alan Black [5] ou encore Étienne Nodet [6] et plus récemment Matthias Dufvevind [7].

Mais si nous suivons l'opinion majoritaire sur le problème synoptique, comment expliquer la différence entre Marc et Matthieu ?

Pour la comprendre nous devons comprendre comment fonctionne le langage des évangiles, le meilleurs exemple que l'on puisse trouver et dans l'évangile de Jean. En Jean 17.12 le Christ nous rapporte cette parole :

Jean 17:12 Quand j'étais avec eux, je les gardais dans ton nom que tu m'as donné. J'ai veillé et aucun d'eux ne s'est perdu, sauf le fils de perdition, afin que l'Ecriture fût accomplie.

Ici le Christ explique qu'il n'a perdu aucun de ceux que le Père lui a donné, sauf le fils de perdition (Judas), ce verset ne s'accomplit pas ici mais au chapitre suivant lorsque l'apôtre Jean nous rapporte la scène qui suit :

Jean 18.8 Jésus répondit: "Je vous ai dit que c'est moi. Si donc c'est moi que vous cherchez, laissez ceux-là s'en aller": 9 C'est ainsi que devait s'accomplir la parole que Jésus avait dite: «Je n'ai perdu aucun de ceux que tu m'as donnés.»

Si l'on regarde de près nous avons exactement le même cas qu'avec Marc 8.12 et Matthieu 12.39 puisqu'en Jean 18.9 la parole qui s'accomplit à savoir "aucun de perdu sauf le fils de perdition" n'est cité qu'à moitié puisque le clause qui s'accomplit "sauf le fils de perdition" est omise par l'apôtre Jean. Le tableau suivant illustre ces parallèles :

Le point intéressant ici est qu'un même auteur (l'apôtre Jean) rapporte deux fois la même prophétie mais de deux façon différentes sans que cela lui pose problème. Pourquoi alors devrions nous considéré qu'il y a un problème lorsque le même phénomène apparait entre l'évangile de Marc et celui de Matthieu ? Si Marc a été écrit en premier il a très bien pu omettre la clause pour x raison et Matthieu connaissant cette clause l'a incluse pour ses propres raisons. Et en sens inverse si l'évangile de Matthieu a écrit en premier il est possible que l'auteur de Marc ait omis volontairement la partie concernant le signe de Jonas.







  1. Brant Pitre, The Case for Jesus, chap12

  2. Voir le commentaire sur Matthieu 12.40 http://jesusmarie.free.fr/bible_fillion_matthieu.pdf

  3. David Barrett Peabody, The Synoptic Problem Four Views, Edited by Stanley Porter & Bryan R. Dyer, pp143-144

  4. B. Ward Powers, The Progressive Publication of Matthew

  5. David Alan Black, Why Four Gospels ?

  6. Étienne nodet, Évangiles : de Jean à Marc

  7. https://www.academia.edu/70331899/Griesbach_Rethought_The_Synoptic_Problem_reviewed_The_Griesbach_Hypothesis_Two_Gospel_Hypothesis_Examined_in_Light_of_Ancient_Compositional_Book_Production


 
 
 

1 Comment


Evangelium Productions
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Feb 05, 2022

Bravo

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