La datation de Luc/Actes. La dépendance aux écrits de Josèphe, réponse à Steve Mason.
- ProEcclesia bloger
- 21 mai 2022
- 56 min de lecture
Dernière mise à jour : 18 avr.

La datation de l'évangile de Luc et des Actes des apôtres est un sujet très important pour la datation des évangiles. Les Actes viennent après l'évangile de Luc et ce dernier a probablement été écrit en reprenant l'évangile qde Marc et/ou l'évangile de Matthieu. Si les Actes date d'avant l'an 70 alors nous devons opter pour une date avant 70 pour Marc et/ou Matthieu. Aujourd'hui il existe trois positions pour la datation des Actes, avant 70, entre 70-95 et entre 100 et le milieu du 2ème siècle, si on rentre dans les détails on peut avoir encore plus de catégories mais globalement on peut résumer les plages de datation en trois catégories. Les critiques aiment mettre en avant (et avec raison) qu'il y a de plus en plus de chercheurs qui datent les Actes au 2ème siècle, par exemple l'auteur du site "jesustweezers.home.blog" cite plusieurs érudits qui datent les Actes au 2ème siècle pour prouver que la datation des Actes au deuxième siècle n'est pas une position marginale chez les érudits :
Dennis E. Smith et Joseph B. Tyson
Robert M. Price
Richard Pervo
John T. Townsend
Amy-Jill Levine
Steve Mason
L. Michael White
Barbara Shellard
Bartosz Adamczewski
Burton L. Mack
Jennifer Grace Bird
Shelley Matthews
Laura Nasrallah
Dennis R. MacDonald
Laura Robinson
Mark Goodacre
Markus Vinzent
R. Joseph Hoffman
Paula Fredriksen
M. David Litwa (Litwa fait référence à la version finale et mise à jour des Actes)
Gary Gilbert [1]
Craig Keener lui aussi reconnait que la position pour une date au 2ème siècle pour les Actes a prit de l'ampleur :
Je ne peux qu'examiner ici la question très controversée de la date des Actes. La position centriste (années 70-80) a le plus d'adeptes et est suivie dans ce commentaire. Au moins jusqu'à récemment, la date précoce (années 60) arrivait en deuxième position, suivie par les dates des années 90, puis du deuxième siècle (principalement le début du deuxième siècle) ; ce dernier groupe a toutefois pris de l'ampleur depuis les récents arguments de Richard Pervo et Joseph Tyson. [2]
Mais bien qu'il y ait aujourd'hui plus d'érudits postulant pour une date au 2ème siècle nous pouvons faire le même listing que l'auteur du site "jesustweezers.home.blog" dans le sens inverse pour soutenir qu'une date avant 70 (pour Luc et/ou les Actes) n'est pas une position marginale :
Colin J. Hemer [3]
Daniel Wallace [4]
Brant Pitre [5]
Donald A. Carson & Douglas J. Moo [6]
Darrell Bock [7]
Thomas L. Constable [8]
David Alan Black [9]
Alexander Mittelstaedt [10]
Eckhard Schnabel [11]
Andreas Kostenberger, Scott Kellum & Charles Quarles [12]
David G. Peterson [13]
Walter L. LIefeld & David W. Pao [14]
Paul D. Weaver [15]
G. K. Beal & Benjamin L. Gladd [16]
Robert J. Cara [17]
David Seccombe [18]
Karl L. Armstrong [19]
David J. Thompson [20]
Richard N. Longenecker [21]
Simon J. Kistemaker [22]
Nicholas Perrin [23]
Jonathan Bernier [24]
Comme on le voit nous ne manquons pas de partisans pour une date précoce et la liste aurait pu être allongé (celle pour une date tardive aussi) bien qu'au final la position intermédiaire reste celle qui a le plus de soutient dans le monde universitaire. Toutefois il est intéressant de noter qu'au 21ème seulement 4 ouvrages dédiés spécifiquement la datation des Actes ont été publiés et aucun de ces ouvrages ne concerne la position intermédiaire. Richard Pervo [25] en 2006 à soutenu une datation au 2ème siècle tout comme Joseph B. Tyson lui aussi en 2006 [26]. En sens inverse Alexander Mittelstaedt, un érudit allemand à publié en 2005 un livre pour soutenir une datation vers 62-63 des Actes [27] et récemment (2021) Karl L. Armstrong à écrit un livre pour soutenir lui aussi une datation vers 62-63 pour les Actes [28].
Le débat est donc encore aujourd'hui pleinement ouvert et l'argument le plus revendiqué en faveur d'une date tardive consiste à dire que l'auteur de l'évangile de Luc et des Actes à utilisé les écrits de Flavius Josèphe notamment les "Antiquités" écrit en l'an 93 ce qui serait le terminus post quem pour Luc/Acts. Le plus grand défenseur actuel de cette position est Steve Mason qui a défendu cette position dans l'un de ses livres consacré à Flavius Josèphe [29] et plus récemment dans une interview disponible sur YouTube [30]. Mason montre qu'il existe plusieurs parallèles entre Luc/Actes et Josèphe, certains qu'il considère moins convaincants que d'autres. Toutefois pour Mason la dépendance de Luc/Actes est largement démontrable mais le problème de ça position et qu'il n'explique pas pourquoi St Luc aurait eu besoin de Josèphe pour rapporter des informations alors qu'ils ont tous deux écrits à une époque peu éloigné sur des personnages et lieux similaire. Mason apporte beaucoup d'attention sur les parallèles mais absolument aucune sur la capacité de St Luc à rapporter des informations fiables qu'on ne retrouvent pas chez Josèphe. De plus la position de Mason repose beaucoup trop sur un présupposé qui consiste à interpréter de facto Luc/Actes à travers Josèphe comme le souligne Ben Witherington "d'un bout à l'autre, Mason reflète une prédisposition à utiliser Josèphe comme un instrument de mesure pour évaluer le travail de Luc à différents moments [31]".
Dans les parallèles les moins significatifs que Mason apporte il y a par exemple la mort d'Hérode Agrippa qui est mentionné par St Luc et Josèphe :

Mason met en avant que St Luc n'explique pas la raison qui a fait qu'Agrippa à été adoré car St Luc dit qu'Hérode était revêtu d'un costume royal et qu'il a été adoré alors que Josèphe explique pourquoi Hérode a été adoré, car les rayons du soleil resplendissaient sur son costume est il a été appelé "dieu". Ce point prouverait que St Luc a reprit Josèphe car le récit de Josèphe nous permet de comprendre celui de St Luc.
Dans le même style Mason utilise Actes 24.24-25 où St Paul discours avec Félix sur le jugement et le verset 25 précise que Félix est "effrayé" de ce qu'il entend et Mason souligne que ce récit se comprend à la lumière de Josèphe puisque Josèphe mentionne que Félix à voler la femme d'un autre homme et c'est pour cette raison que Félix est effrayé en Actes 24.25. Ou encore la présence d'Agrippa et de sa soeur Bérénice dans les Actes qui sont aussi mentionnés par Josèphe sauf que Josèphe précise que Bérénice est soupçonné d'inceste avec Agrippa ce qui éclair le texte des Actes.
Les arguments de Mason posent plusieurs problèmes, premièrement ce n'est pas parce qu'un récit traitant d'un sujet précis et plus complet qu'un autre récit parlant du même sujet avec moins de détails qu'il y a une dépendance même si le récit qui apporte le plus de détails permet un éclaircissement. Par exemple en Actes 14.12 St Paul et St Barnabé sont appelés Zeus et Hermès à cause des miracles qu'ils ont fait mais il n y a pas de précision particulière de St Luc pour expliquer pourquoi les noms "Zeus et Hermès"sont utilisés et pour comprendre cette identification il faut ce tourner vers un récit d'Ovide [32], pourtant St Luc ne dépend pas d'Ovide. De même en Actes 27.17 l'équipage craint d'échouer sur la Syrte et aucune raison particulière n'est donnée pour comprendre pourquoi cette crainte d'échouer sur la Syrte. Pour comprendre cette crainte il faut se tourner vers des auteurs comme Strabon, Pline l'ancien et Lucien pour savoir que la Syrte était une zone de bas fond et de sables mouvants [33]. Ici encore aucune dépendance direct à ces auteurs n'est supposée. De plus ce n'est pas par ce qu'un auteur mentionne un micro détail en plus (cf les rayons du soleil sur Agrippa) qu'il doit être le plus ancien, par exemple Mason adhère à la théorie des deux sources donc St Luc à reprit l'évangile de Marc, et bien lorsque l'on compare le récit de la trahison de Judas en Marc et Luc on se rend compte qu'en Marc il n'y a aucune raison de mentionnée pour la trahison de Judas alors qu'en Luc 22.3 il est précisé que satan est entré en Judas et pourtant d'après Mason c'est l'évangile de Luc qui reprend Marc et l'exemple est le même qu'avec St Luc et Josèphe au sujet de la raison de l'adoration portée envers Agrippa. Un autre problème pour l'argument de Mason au sujet d'Agrippa provient des différences puisque St Luc précise en Actes 12.19-20 que les Tyriens et les Sidoniens ont un conflit avec Agrippa et qu'ils ont réussi à convaincre le chambellan d'Agrippa qui était nommé "Blastus". Ces informations n'existe nul part chez Josèphe ce qui montre que St Luc est capable d'avoir des informations sur Agrippa en dehors de Josèphe. Mais si St Luc est capable en dehors de Josèphe de savoir qu'Agrippa avait un conflit avec les Tyriens et les Sidoniens et qu'il est capable de connaître le nom du chambellan d'Agrippa pourquoi devrait-il être dépendant de Josèphe sur la mort d'Agrippa ? Comme le souligne R. Longenecker "ces deux récits de la mort d'Hérode Agrippa, celui de Luc et celui de Josèphe, diffèrent suffisamment l'un de l'autre pour qu'aucun ne puisse dépendre de l'autre [34]".
Mason voit aussi un lien entre Actes 26.5 où les pharisiens sont décrits comme une école philosophique comme dans les écrits de Josèphe. Mason précise qu'aucun autre auteur ne décrit les pharisiens de cette façon. Mais cette comparaison ne peut pas prouver une dépendance dans un sens ou dans l'autre à moins de partir du postulat que Josèphe invente des faits, pour reprendre l'expression de Craig Keener "les informations partagées avec Josèphe étaient probablement largement connues, à moins que nous ne supposions que Josèphe inventait simplement tous ses documents librement [35]" et c'est exactement ce qu'il se passe ici, si l'information partagée par Josèphe est une invention de sa part alors oui on peut suggérer une dépendance de St Luc à l'égard de Josèphe mais pour cela il faudrait prouver que Josèphe invente des récits tandis que si Josèphe ce fait l'écho d'une réalité à propos des pharisiens qu'est ce qui aurait empêché St Luc d'avoir accès à cette même réalité, à savoir que les pharisiens sont appelés "école philosophique" ?
Dans plusieurs autres cas Mason voit des parallèles qu'il dit être "trop vagues" pour une dépendance direct même si il sous-entend quand même une relation avec Luc/Actes. Ces parallèles sont le siège et la destruction de Jérusalem, notamment le massacre d'enfants (Luc 19.43-44 / GJ 6) ; la parabole des mines qui resemble à l'histoire de la famille d'Hérode (Luc 19.12-27 / GJ 1.274-285) ; l'attaque de Pilate envers des Galiléen qui ressemble quelque peu au récit de Josèphe sur les rapports de Pilate avec certains Samaritains au mont Gerizim (Luc 13.1 / Ant 18.85-87) et la famine sous Claude mentionné par St Luc et Josèphe (Actes 11.28-29 / Ant 20.51-53).
L'histoire de la parabole peut avoir quelques resemblances minimes avec l'histoire d'Hérode mais globalement les deux ont beaucoup plus de divergences. Dans la parabole un homme s'en va pour recevoir la royauté et donne des mines à 10 de ses serviteurs dans le but d'avoir un interêt derrière puis pendant son voyage il reçoit une délégation lui informant qu'une partie de son peuple ne veut pas qu'il règne sur eux, par la suite l'homme revient et demande des comptes aux serviteurs à qui il a donné des mines. Dans l'histoire d'Hérode il est rejeté par les nabatéens et leur roi "Malichos" puis il s'enfuit à Alexandrie et pendant son trajet le roi Malichos se repent. Arrivé à Alexandrie Hérode refuse une offre de Cléopatre et décide de se rendre à Rome où il est couronné "roi". Les deux récits ont bien plus de différences que de ressemblances et la parabole des mines ne doit pas être comparé en premier lieu avec l'histoire d'Hérode mais avec celle de Jésus. Le roi qui s'en va pour être couronné c'est le Christ au ciel, les serviteurs ce sont ses disciples et le retour du roi c'est le retour du Christ à la fin des temps, voilà la référence derriere la parabole des mines.
L'attaque de Pilate en Luc 13.1 ne peut absolument pas être dépendante de Josèphe car les deux récits ne mentionnent pas la même attaque. Josèphe parle d'une attaque sur des samaritains au mont Gerizim tandis que St Luc parle de manière plus large de "Galiléens" dont le sang a été mêlé à celui de leurs sacrifices. De plus cet épisode correspond bien à ce que l'on sait de Pilate en dehors de Josèphe puisque Philon rapporte une scène de conflit entre des juifs et Pilate où Pilate introduit dans Jérusalem des boucliers d'or gravé à son nom et celui de Tibère par pur provocation envers les juifs. Dans ce même passage Philon nous rapporte que Pilate à eu peur que Tibère découvre "ses vexations, ses rapines, ses injustices, ses outrages, les citoyens qu’il avait fait périr sans jugement et son insupportable cruauté [36]" ce qui montre que le récit de St Luc ne doit pas être considéré comme dépendant à Josèphe puisque que Pilate était connu pour ce genre de méfait. Il en est de même pour la famine mentionné par St Luc et Josèphe puisque des famines sont aussi mentionnées à cet période par Suéton, Dion Cassius et Tacite [37].
Le dernier exemple concernant la destruction de Jérusalem est intéressant puisqu'on connait la vraie source derrière la description en Luc 19.43-44 et il ne s'agit pas de Josèphe mais de l'Ancien Testament. Pour décrire la destruction de Jérusalem St Luc à reprit le langage de la septante (comme en Luc 21.20-21), par exemple en Luc 19.43 le verset parle d'être entouré de tranchées avec le terme "χάραξ" qui n'apparait qu'une seule fois dans le NT et il est utilisé à plusieurs reprises dans la septante notamment pour décrire le siège de Jérusalem de 587/586 av J.C qui a conduit à la destruction de Jérusalem et du Temple de Salomon. St Luc utilise aussi le terme "περικυκλόω" en Luc 19.43 qui lui aussi apparait une seule fois dans le NT et on le retrouve en 4 Rois 6.14 pour décrire le siège de 587/586 av J.C. Quand au verset 44 de Luc 19 qui parle du massacre d'enfants là encore la source de St Luc est la LXX puisqu'il utilise le terme "ἐδαφίζω" (une occurrence dans le NT) que l'on retrouve 6 fois dans la LXX dont 3 fois en lien avec des massacres d'enfants.


Les parallèles qui restent sont aux nombres de 4. Nous avons le recensement de Quirinius (Luc 2.1-2 / Josèphe AJ 18.1), la mention de Theudas et Judas le Galiléen (Actes 5.36-37 / Josèphe AJ 20.97-102), la mention de l'égyptien et des sicaires (Actes 21.38 / Josèphe GJ 2.254-257 ; Ant 20.164-165) et la mention du tétrarque Lysanias (Luc 3.1 / GJ 2.215 ; AJ 20.138).
Le recensement de Quirinius
Pour le recensement sous Quirinius Mason met en avant l'importance qu'il a chez Josèphe et notamment le fait qu'il est associé à Judas le Galiléen comme en Actes 5.36 et aussi le fait que St Luc commet plusieurs erreurs notamment dans sa chronologie puisqu'il place en Luc 2.1-3 le recensement vers - 4 tandis que Josèphe le place en 6 ap J.C. Les autres erreurs proviennent de l'impossibilité du récit de l'évangile puisqu'il est dit que le recensement concernait "toute la terre" et que chacun devait se faire recenser dans sa ville d'origine ce qui d'après Mason est impossible puisque personne n'aurait pu connaitre pu connaitre ses origines sur + de 1000ans et que la pratique de se faire recenser dans son lieu d'origine n'est pas attestée.
Plusieurs problèmes découlent des arguments, premièrement il ne précise pas que la pseudo erreur de chronologie peut être résolue en fonction de la façon dont on traduit Luc 2.2. En effet le terme "πρῶτος" utilisé en Luc 2.2 peut aussi signifier "avant" ce qui donnerait la traduction suivante pour Luc 2.2 :
Ce recensement fut antérieur à celui qui eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie [38]
Cette solution a été acceptée par divers spécialistes comme Nicholas T.Wright, Brook Pearson ou encore Nicholas Perrin [39] et elle est tout à fait possible d'un point du vu linguistique car le terme "πρῶτος" suivi d'un génitif (cf Luc 2.2) est toujours traduit par "avant" en Jean 1.15. L'autre solution est de considérer qu'il y a bien eu un recensement sous Quirinius vers - 4. Pour appuyer cette position nous pouvons noter que le terme utilisé par St Luc pour décrie Pilate en tant que "gouverneur" est "ἡγεμονεύω" qui peut faire référence à un simple général qui supervisait une province [40] et Tacite nous dit que Quirinius menait des expéditions militaires une dizaine d'années avant le recensement de l'an 6 ap J.C [41] ce qui pourrait s'expliquer si il tenait un poste officiel en Syrie et rendrait possible un recensement de Quirinius avant qu'il ne soit gouverneur en 6 ap J.C. Une inscription pourrait aussi fair référence à un autre recensement de Quirinius. L'inscription est connue sous le nom de "Lapis Venetus" et elle fait mention d'un chevalier nommé Q. Aemilius Secundus qui a effectué un recensement sous les ordres de Quirinius, voici le texte de l'inscription :
« Q. Aemilius Secundus, Vils de Quintus, de la Tribu Palatina, (a servi) dans le camp du divin Auguste, sous P. Sulpicius Quirinius, légat de César en Syrie,décoré des distinctions honoriViques, préfet de la Ire cohorte Augusta,
préfet de la IIe cohorte Classica. En outre, par ordre de Quirinius, j’ai fait le “census” des 117 milles citoyens d’Apamée. En outre, envoyé par Quirinius en mission contre les Ituréens sur le mont Liban, j’ai pris leur citadelle. Et avant le service militaire, pré fet des ouvriers, dé taché par deux consuls à “l’aerarium”.
Et dans la colonie, questeur, édile 2 fois, duumvir 2 fois, pontife. Ici ont été déposés Q. Aemilius Secundus, Vils de Quintus, de la tribu Palatina, (mon) Vils et Aemilia Chia (mon) affranchie
En outre ce monument est exclu de l’héritage. »
Bien que certains identifie ce recensement avec celui de l'an 6 ap J.C pour Bruno Bioul ce recensement ne correspond pas au recensement mentionné par Flavius Josèphe car le recensement de Josèphe concerne uniquement la Judée tandis que le recensement mentionné par le Lapis Venetus concerne la Syrie. Bioul affirme même que le recensement mentionné dans l'inscription doit avoir eu lieu car (je cite) "le recensement de la ville syrienne d’Apamée fut suivi d’une mission en Iturée, une région limitrophe de la Palestine, autour de la plaine de la Beqa’ah. Or la citadelle des Ituréens, dont le roi Ptolémée s’était allié à Antigone II et aux Parthes, fut prise par Hérode le Grand vers 40 av. J.-C. Par conséquent, la légation de Quirinius dont parle cette inscription doit se situer avant la mort du roi, à la toute fin du Ier s. av. J.-C. [42]".
Pour revenir sur le poste de "gouverneur" et l'argument évoqué plus haut sur le sens donné au terme "ἡγεμονεύω" il est aussi possible que Quirinius ait effectué deux mandats et qu'il était bien gouverneur avant l'an 6. Nous connaissons plusieurs gouverneurs et nous avons un vide pour le poste de gouverneur de Syrie vers - 4 av J.C et l'an 1 de notre ère, voici une liste des gouverneurs de Syrie pour cette période :
Marcus Titus 10 et 8 av J.C
Cais Sentiu Saturninus 8 et 6 av J.C
Publius Quintilius Varus 6 et 4 av J.C
[?] 4 et 1 av J.C
Caius Cesar 1 et 4 ap J.C [43]
Cette solution à l'avantage qu'elle serait cohérente avec un mandat de Quirinius avant celui de l'an 6, cependant la difficulté qu'elle pose concerne la date de la mort d'Hérode puisque Hérode est mentionné comme étant vivant après la naissance du Christ alors que sa mort est situé en - 4 et il faudrait soutenir que l'évangile de Matthieu (2.1) qui dit que Jésus est né au temps du roi hérode (av - 4) se trompe comme le croit Sylvie Chabert d'Hyères pour qui l'évangile de Matthieu mentionne Hérode pour une raison symbolique à la place d'Archélaüs [44] ou postuler pour une date pour la mort d'Hérode en - 1 comme le soutient Gerard Gertroux (position très minoritaire et peu probable) [45] ou encore expliquer que le recensement s'est déroulé sur plusieurs années et aurait commencé avant que Quirinius ne devienne gouverneur de Syrie en - 4. Cette solution est plus intéressante à mon sens que les deux autres et pourrait expliquer pourquoi Tertullien nous dit en se basant visiblement sur des archives que le recensement eu lieu sous Saturninus (gouverneur de - 8 à - 6) [46]. Le recensement aurait donc commencer sous Hérode quand Saturninus était gouverneur puis s'est terminé avec Quirinius entre - 4 et - 1.
Les derniers problèmes concernent la proportion du recensement de "toute la terre" et le fait que les habitants devaient se rendre dans leur lieu d'origine. En Luc 2.1 l'évangéliste utilise le terme "ἀπογράφω" qui fait référence à un simple"enregistrement" [47] ce qui peut nous amener à penser qu'il ne s'agit pas d'un recensement de grande échelle et l'expression "toute la terre (πασαν την οικουμενην)" peut faire référence uniquement au royaume d'Hérode. En effet l'expression "toute la terre (πασαν την οικουμενην)" peut avoir plusieurs significations comme toute la terre, tout un pays, toute une région ou tout une ville. Dans les écrits de Dion Cassius (2-3ème siècle) l'expression est utilisée pour parler de la révolte de Bar Khoba et Dion Cassius précise que "toute la terre a été ébranlé [48]", bien évidement l'expression est ici utilisé dans un sens local et il est tout à fait probable que St Luc l'utilise lui aussi dans un sens restreint. Pour les déplacements Mason à tord d'affirmer que la pratique de retourner dans son lieu d'origine n'est pas attestée. Deux papyrus viennent nous éclairer sur cette problématique. Le premier est un papyrus découvert près de Nahal Heaver dans le désert de Judée et contenant la déclaration de recensement de Babatha (femme juive qui vivait au début du 2ème ap J.C). Dans le papyrus Babatha s'est déplacer pour le recensement supervisé par le gouverneur T. Aninius Sextius Florentinus en 127 ap J.C en allant de Maoza à Rabbat Moab pour déclarer ses terres auprès des autorités romaines [49]. L'autre papyrus provient d'Égypte et nous fait mention d'un recensement qui eu lieu en 104 ap J.C sous le préfet d'Égypte C. Vibius Maximus. Béatrice Le Teuff explique que dans le papyrus le préfet d'Égypte donna l'ordre à tous ceux qui ne se trouvaient pas dans leur ἐφέστιον d'y retourner "afin qu'ils puissent y accomplir les formalités habituelles du recensement et s’adonner aux travaux agricoles qui leur incombent [50]". Il est donc tout à fait possible qu'il y ait eu sous Hérode un recensement durant lequel les habitants ont dû retourner dans leur le lieu d'origine. Il est aussi probable qu'Hérode ait inclut des pratiques juives dans son recensement puisque la pratique du recensement par tribu est attesté en Nombres 1.18 et quand à l'impossibilité de connaitre son origine Mason (lui qui est un spécialiste de Flavius Josèphe) oublie de préciser que Josèphe connaissait son origine sur une ligné de 24 personnes notamment grâce à des registres [51]. Il y avait donc des registres disponibles au 1er siècle de notre ère pour connaitre ses ancêtres. De plus Mason oublie un point fondamental puisqu'il insiste sur le fait qu'on ne pouvait pas connaitre précisément ses ancêtres mais le problème n'est pas ici. Par exemple si des juifs se trompaient dans les noms de leurs ancêtres cela ne prouve pas qu'ils n'y croyaient pas. Même en se trompant cela n'auraient pas empêché des juifs d'aller dans les terres qu'ils croyaient être celles de leur ancêtre.
Il reste maintenant à déterminé si St Luc à reprit Josèphe pour parler du recensement. Si on part du principe que St Luc à bien mentionné deux recensement différends et que l'on rejette la traduction "ce recensement fut antérieur à celui qui eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie" nous n'avons pas d'explication pour comprendre pourquoi St Luc aurait parler à deux reprises du même recensement tout en s'auto contredisant de plusieurs années d'intervalles. Mason pense que c'est par ce que le recensement est important pour Josèphe que St Luc s'en est servit pour un événement important, la naissance de Jésus. Mais cette explication ne reflète pas ce que St Luc dit lui même de son objectif dans son prologue et ne reflète pas le traitement qu'il fait de ses sources comme on le verra plus loin. De plus si St Luc utilise Josèphe il faudrait expliquer comment est ce qu'il a pu parler d'une pratique réel dans les recensement (retourner dans son lieu d'origine) alors que Josèphe ne mentionne pas cette pratique au point où Mason croit que ce type de pratique n'existait pas ! La réponse la plus probable est que la source de St Luc n'est pas Josèphe.
Theudas et Judas le Galiléen / L'égyptien
En Actes 5.36-37 St Luc rapporte les propos de Gamaliel qui mentionne deux rebelles, un certain "Theudas" puis un certain "Judas le Galiléen" qui souleva du monde à l'époque du recensement, ce qui place ce dernier événement aux alentours de l'an 6 ap J.C. Une mention similaire se retrouve dans les oeuvres de Flavius Josèphe, seulement Josèphe place Theudas à l'époque où Fadus était procurateur de Judée ce qui place l'événement vers 44 à 46 ap J.C tandis que St Luc place Theudas avant l'an 6 de notre ère :
97 Pendant que Fadus était procurateur de Judée, un magicien nommé Theudas persuada à une grande foule de gens de le suivre en emportant leurs biens jusqu'au Jourdain ; il prétendait être prophète et pouvoir, à son commandement, diviser les eaux du fleuve pour assurer à tous un passage facile. Ce disant, il séduisit beaucoup de gens. 98 Mais Fadus ne leur permit pas de s'abandonner à leur folie : il envoya contre eux un escadron de cavalerie qui les surprit, en tua beaucoup et en prit beaucoup vivants. 99 Quant à Theudas, l'ayant fait prisonnier, les cavaliers lui coupèrent la tête et l'apportèrent à Jérusalem. Voilà donc ce qui arriva aux Juifs pendant le temps où Cuspius Fadus fut procurateur. 100 A Fadus succéda Tiberius Alexander, fils d'Alexander, l'ancien alabarque d'Alexandrie, qui dépassait en son temps tous ses concitoyens par sa noblesse et sa richesse et l'emporta même par sa piété envers Dieu sur son fils Alexander ; car celui-ci ne resta pas fidèle à la religion de ses pères. 101 C'est sous ce dernier qu'arriva en Judée la grande disette où la reine Hélène acheta à grand prix de blé en Égypte pour le répartir aux indigents, ainsi que je l'ai dit plus haut. 102 C'est aussi à ce moment que furent accablés les fils de Judas le Galiléen qui avait excité le peuple à se révolter contre les Romains lorsque Quirinus procédait au recensement de la Judée, comme nous l'avons raconté. [52]
Nous avons donc une contradiction entre Josèphe et St Luc sur ce point, du moins d'après les critiques. Au moins deux solutions peuvent être avancées pour répondre à cette contradiction. Le première consiste à considérer que ce n'est pas St Luc qui se trompe dans l'ordre des événements mais Josèphe, d'ailleurs ceux qui soutiennent que c'est St Luc qui se trompe non absolument aucune preuve pour affirmer que l'erreur provient de St Luc. De plus Josèphe est connu pour lui aussi inverser l'ordre de certains événements qu'il rapporte dans ses livres. Par exemple dans la guerre des juifs 2.458-460 mentionne l'attaque des juifs sur Gadara puis en 2.461-478 il mentionne le massacres des Juifs en Syrie et à Scythopolis. Ces deux épisode sont aussi raconté par Josèphe dans son ouvrage "vie" sauf que Josèphe mentionne d'abord le massacre en Syrie et à Scythopolis (25-26) et mentionne plus loin l'attaque à Gadara (42). Toujours dans la guerre des juifs Josèphe mentionne le massacre dans le royaume d'Agrippa (2.481-483) et plus loin il mentionne la défaite de Cestius (2.499-555) et dans son ouvrage vie ces deux épisodes sont inversés [53].

Le deuxième solution pour résoudre ce problème est de soutenir que les Actes et Josèphe ne font pas référence au même Theudas, St Luc aurait donc mentionné un autre Theudas actif bien avant celui mentionné par Josèphe. Craig Keener qui pense que St Luc et Josèphe font références au même personnage nous dit que "le nom Theudas n'est pas un nom assez commun pour rendre probable l'existence d'un révolutionnaire antérieur nommé Theudas [54]" , mais malgré l'affirmation de Keener nous pouvons constater qu'un "Theudas" du 2ème siècle est cité à plusieurs reprises dans le Talmud [55] et le nom "Theudas" a été retrouvé sur 2 ossuaires datés entre le 1er siècle av et 1er siècle ap J.C [56] et d'après Ben Witherington le nom Theudas a été retrouvé dans quatre inscriptions (CIG 2684, 3563, 3920, 5698) [57]. Le nom n'était donc pas "rare", de plus les troubles à cette époque étaient communs puisque Josèphe lui même nous rapporte qu'il existait dix miles autres troubles [58]. Un autre Theudas à très bien pu exister bien avant le Theudas de Josèphe et participer lui aussi à des troubles. Par exemple dans les écrits de Josèphe il y'a plusieurs personne portant le même noms et qui ont participé à des troubles comme Simon Bargiora [59], Simon fils d'Erson [60], Simon l'esclave [61], Simon fils de Cathlas [62] ou encore Judas fils de Chélica [63] et Judas le Galiléen [64]. Par contre contrairement au nom "Theudas" les noms de "Judas" et "Simon" étaient les plus populaires chez les juifs [65]. Toutefois cela ne prouve pas qu'il n'était pas possible que deux personnes ayant le nom "Theudas" puissent être impliqués dans des événements similaire sur une période de plusieurs décennies, l'un vers 44-46 ap J.C et l'autre avant l'an 6 ap J.C et la mention du Theudas en Actes 5.36 pourrait correspondre à la révolte et l'incendie du palais de Betharamphta mentionné par Josèphe qui eu lieu avant l'an 6 [66]. Il est aussi intéressant de noter que les mythistes qui aiment dire que St Luc utilise Josèphe [67] vont de facto dire que St Luc et Josèphe parlent du même Theudas mais lorsqu'il s'agit du "Jacques frère de Jésus" mentionné chez Josèphe il s'agit d'un autre Jacques et d'un autre Jésus que ceux mentionné dans le Nouveau Testament [68] ! Nous avons donc deux duo avec des noms similaires, et deux Jacques qui sont actif à Jérusalem et en lien avec un conflit sur la loi juive d'après les mythistes.
Il nous reste maintenant à examiner les différences entre le récit de St Luc et celui de Josèphe. Dans les Actes St Luc dit que Theudas à réuni 400 personnes alors que Josèphe dit que Theudas à réuni une grande foule de gens ce qui sous entend chez Josèphe un nombre élevé, par exemple après la mention de Theudas, Josèphe parle d'une révolte qui coûta la vie à beaucoup de juifs et il précise ensuite qu'il s'agit de 20000 juifs [69]. Même si Josèphe augmente ses chiffres on peut voir que St Luc ne tire pas son information des "400" du récit de Josèphe. Josèphe dit que Theudas était magicien alors que St Luc ne rapporte pas cette information ce qui est étrange si il connaissait Josèphe car St Luc dans les Actes dénonce la sorcellerie comme avec Simon qui pratiquait la magie (Actes 8.9-25), Bar Jésus le magicien (Actes 13.6-12) et mentionne plusieurs anciens magiciens (Actes 19.17-20). Josèphe parle aussi du procurateur Fadus alors que St Luc ne le fait pas ce qui là encore est étrange si St Luc connaissait Josèphe car St Luc montre un intérêt particulier pour les personnages liés à la politique romaine car dans ses récits nous retrouvons :
Luc 1.5 Hérode roi de Judée
Luc 2.1 César Auguste
Luc 2.2 Quirinius gouverneur de Syrie
Luc 3.1 Tibère Césare
Luc 3.1 Ponce-Pilate gouverneur de Judée
Luc 3.1 Hérode tétrarque de Galilée
Luc 3.1Philippe tétrarque de l'Iturée et de la Trachonite
Luc 3.1 Lysanias tétrarque de l'Abilène
Luc 8.3 Chuza intendant d'Hérode
Actes 10.1 Corneille centurion de la cohorte Italique
Actes 12.1 Hérode le roi
Actes 12.20 Blastus le chambellan d'Hérode
Actes 13.7 Sergius Paulus proconsul
Actes 18.2 Claude (empereur romain)
Actes 18.12 Gallion proconsul d'Achaïe
Actes 23.22-26 Claude Lysias un Tribun
Actes 23.24 Félix procurateur
Actes 24.27 Porcius Festus (procurateur)
Actes 25.13 Agrippa le roi
Actes 27.1 Julius centurion de la cohorte Augusta
Actes 28.7 Publius premier de l'île
Mais aucune mention du procurateur Fadus mentionné dans un passage de Josèphe que St Luc aurait connu [70] ce qui n'est pas cohérent dans le cas d'une dépendance. On peut aussi de demander comment St Luc aurait pu commettre une telle erreur en plaçant Theudas avant un évenement ayant eu lieu sous Quirinius puisque les Actes montre que St Luc maitrise la chronologie que l’on retrouve dans le passage de Josèphe. Des le début de son 20ème livre Josèphe précise que Fadus est devenu procurateur après la mort d’Agrippa à l’époque de Claude. St Luc parle d’Agrippa en Actes 12 puisqu’il précise qu’Agrippa à persécuté l’église et il parle de Claude en Actes 11.28 et 18.2. Comment aurait il pu placer un événement sous Fadus avant Quirinius alors qu’il sait que Quirinius était actif vers la naissance de Jésus (Luc 2.1-2) et que Claude (sous qui Fadus a été procurateur) était actif une quarantaine d’années après la naissance de Jésus ?
L'autre rebelle est un égyptien que l'on retrouve en Actes 21.38 et à deux reprises chez Josèphe :

Encore une fois la version des Actes à de nombreuses différences avec Josèphe. Chez Josèphe l'égyptien vient du désert avec 30000 personnes, 400 se font tuer et 200 sont faits prisonniers tandis que dans les Actes l'égyptien a emmené 4000 personne dans le désert. Les chiffres sont nettement différends, 30000 (Josèphe) ou 4000 (St Luc) ? D'ailleurs dans ce cas c'est St Luc qui est considéré comme étant le plus fiable car Josèphe est connu pour augmenter ses chiffres comme dit plus haut. Pour appuyer sa position Mason note que St Luc appelle les 4000 des "sicaires (brigands)" avec le terme "σικάριος" qui n'est pas mentionné par Josèphe en lien avec l'égyptien mais que l'on retrouve ailleurs dans les écrits de Josèphe. Mason argumente en soulignant que le terme apparait ailleurs chez Josèphe et qu'il vient du latin et que Josèphe l'a traduit en grec. Cette reprise par Josèphe est d'après Mason cohérente car Josèphe a écrit ses Antiquités depuis Rome donc St Luc n'aurait pu connaitre ce terme en grec uniquement grace à Josèphe. L'argument de Mason ne tient pas car si ce terme est cohérent dans un contexte romain alors pourquoi Mason ignore (volontairement?) que dans Actes 21.38 la mention des "sicaires" est prononcé par un soldat romain ? De plus il était cohérent chez les romains d'appeler les meurtriers des "sicaires" puisqu'au premier siècle ap J.C. Quintilien dit qu'on appelle "ceux qui commettent un meurtre avec quelque arme que ce soit sicarii [71]". Il n'y a donc pas de raison de conclure que St Luc ait du obligatoirement connaitre ce terme en grec d'après Josèphe, comme le dit Christopher Price "l'hypothèse de Mason selon laquelle Josèphe a été le premier à utiliser le terme sicarii pour désigner ces rebelles juifs n'est pas étayée. En effet, il ne semble pas y avoir de raison pour que Josèphe "emprunte" le terme en premier lieu. [...] Il n'y a donc aucune raison de supposer que Luc n'a pu apprendre ce terme que par Josèphe. Il est beaucoup plus probable qu'il s'agissait d'un terme courant utilisé pour décrire les zélotes [72]". Les deux derniers points en faveur d'une dépendance à Josèphe sont le fait que St Luc ne mentionne pas l'égyptien par son nom tout comme Josèphe et que comme Josèphe il mentionne trois rebelles. Pour la mention de l'égyptien elle peut facilement s'expliquer si l'existence de chefs rebelles égyptiens étaient rare en Judée et que l'apparition d'un seul a suffit pour qu'il soit connu par sa nationalité. Pour faire simple, Josèphe l'appelle "l'égyptien" car ce rebelle était connu sous cette appellation mais si il était connu sous cette appellation pourquoi St Luc n'aurait il pas pu l'appeler par ce titre sans reprendre Josèphe ?
Pour le deuxième point l'affirmation est tendancieuse car on pourrait croire que Josèphe mentionne uniquement trois rebelle (ou groupe de rebelles) et que St Luc fait exactement les mêmes mentions ce qui est faux. Josèphe mentionne plusieurs rebelles dans ses Antiquités :
Éléazar, le fils de Dineas ;
Sadduc, un pharisien ;
Simon, le fils de Gioras ; Manahem, le fils de Judas ; Jean de Gischala ;
Éléazar, le voleur
Jacques et Simon, fils de Judas.
Christopher Price précise qu'il existe encore d'autre rebelles dans les guerres de Josèphe comme "Hezekias", "les deux mille vétérans d'Hérode" et "Athrongeus" [73] ce qui fait qu'au total St Luc n'a en commun que 3 rebelles (ou groupe) sur les 14 que mentionne Josèphe.
Lysanias le tétrarque
En Luc 3.1 St Luc mentionne un certains "Lysanias tétrarque d'Abilène" que l'on retrouve aussi chez Josèphe avec le même titre (tétrarque d'Abilène), sauf que le Lysanias mentionné par Josèphe a été tué par Marc-Antoine en 36 avant J.-C. tandis que St Luc place Lysanias à la quinzième année du règne de Tibère César donc vers 28-29 ap J.C. Mason apporte plusieurs arguments pour soutenir que St Luc a pour source Josèphe. Par exemple la mention de Lysanias n'a pas vraiment de sens car St Luc n'avait aucune raison de le mentionner dans son récit et la majorité des personnes mentionné par St Luc réapparaissent dans son récit mais pas Lysanias. Josèphe dans ses récits continu à parler de Lysanias mais non pas en tant que personne mais en tant que territoire puisqu'il mentionne à plusieurs reprises le "royaume du tétrarque Lysanias" dans un contexte qui décrit des événements ayant lieux bien après la mort de Lysanias. Par exemple en Antiquité 2.138 Josèphe mentionne la tétrarchie de Lysanias dans un contexte on nous retrouvons l'empereur Claude, le procurateur Félix et Agrippa ce qui place la scène vers l'an 50 ap J.C. :
137 Claude envoya ensuite Félix, frère de Pallas, pour s'occuper des affaires de Judée. 138 Après avoir accompli sa douzième année de principat, il donna à Agrippa la tétrarchie de Philippe et la Batanée, en y ajoutant la Trachonitide et Abila, c'est-à-dire la tétrarchie de Lysanias, mais il lui enleva Chalcis qu'il avait gouvernée pendant quatre ans.
St Luc aurait donc fait une erreur en ne comprenant pas le texte de Josèphe, en le lisant il a cru qu'il y avait un tétrarque d'Abilène nommé Lysanias au premier siècle.
En réalité la problématique de Lysanias a été abandonnée par les chercheurs grâce à la découverte d'une inscription sur une falaise à Souk Ouadi Barada, voici le texte de l'inscription [74] :

Comme on le voit l'inscription mentionne un "tétrarque Lysanias" et l'inscription est daté entre 14-29 ap J.C. donc le Lysanias de l'inscirption ne peut pas être celui qui est mentionné par Josèphe par contre la date de l'inscription correspond parfaitement avec le Lysanias mentionné par St Luc. F.F Bruce explique que la référence au titre de "seigneureries impériales (Seigneurs Augustes)" ne fut décerné qu'à l'empereur Tibère et à sa mère Livie, la veuve d'Auguste ce qui permet de dater l'inscription entre 14 et 29 ap J.C (de l'accession de Tibère au pouvoir jusqu'à la mort de Livie). Seulement Mason conteste la datation et explique que ce sont les "conservateurs" qui disent que c'est après la mort d'Auguste en 14 ap J.C que Livie (veuve d'Auguste) et Tibère (fils d'Auguste) ont reçu le titre d'Auguste (ce qui permet d'expliquer le pluriel augustes dans l'inscription) mais cet argument n'est pas convaincant car Livie avait reçu des titres honorifiques comme "déesse" avant la mort d'Auguste. Les chrétiens conservateurs ont donc donné une datation à une inscription sur aucune base solide d'après Mason. Pourtant quand on lit Suétone on peut voir le propos suivant :
1 Il avait fait son testament sous le consulat de L. Plancus et de C. Silius, le trois avril, un an et quatre mois avant sa mort. Cette pièce était divisée en deux parties, dont l'une était écrite par lui-même, l'autre de la main de ses affranchis Polybe et Hilarion. Elle fut apportée par les Vestales chez lesquelles elle avait été déposée, ainsi que trois autres paquets également cachetés. Le tout fut ouvert et lu dans le sénat. 2 Il instituait en première ligne Tibère pour la moitié plus un sixième, et Livie pour un tiers, en leur ordonnant de porter son nom. [75]
Suétone qui était un fonctionnaire romain nous dit, lorsqu'il parle du testament d'Auguste, que c'est après la mort d'Auguste que Livie et Tibère ont reçu le nom d'Auguste.
Tacite, historien romain, lui aussi parle du testament, et lui aussi nous dit que c'est après la mort d'Auguste que Livie a reçu le nom d'Auguste :
Tibère voulut que la première séance fût consacrée tout entière à Auguste. Le testament de ce prince, apporté par les Vestales, nommait Tibère et Livie ses héritiers ; Livie était adoptée dans la famille des Jules, et recevait le nom d'Augusta. [76]
Velleius Paterculus, historien romain du premier siècle nous dit qu'après la mort d'Auguste Livie est devenue sa fille, donc qu'elle a reçu le nom d'Auguste :
Livie, fille de l'illustre et noble Drusus Claudianus, femme qui par sa naissance, sa vertu, sa beauté, brillait parmi les Romaines, Livie que nous avons vue plus tard la femme d'Auguste puis sa prêtresse et sa fille quand il fut allé rejoindre les Dieux, fuyait alors les armes et la main de César, son futur époux. [77]
Ces passages prouvent que St Luc n'a pas reprit Josèphe puisqu'il mentionne un autre Lysanias qui a vécu après le Lysanias mentionné par Josèphe. Quand à la raison qui a poussé St Luc à mentionner Lysanias on ne peut pas la savoir toutefois il n'y a rien de problématique à ce que St Luc mentionne le tétrarque de l'Abilène car l'Abilène était un site proche de Damas (environ 25km) et St Luc montre une bonne connaissance de la topographie de Damas puisqu'il est capable de mentionner le nom de rue où a eu lieu le baptême de Paul à Damas, à savoir la "Voie Droite (Actes 9.11)" comme le souligne Marie-Françoise Baslez :
L'Abilène n'est qu'un petit district montagneux, à peine pacifié, qui contrôle Damas ; l'évangéliste est le seul ainsi à parler de ce Lysanias, qui porte sans doute le nom de son grand-père, roi de cette région à l'époque d'Antoine. Enfin, jamais la prédication de Jésus n'a eu pour cadre l'Abilène, puisqu'elle s'est déroulée dabs les territoires d'Hérode Antipas et de Philippe. Pour justifier cet éponyme obscur, on est donc renvoyé au mouvement baptiste et à une tradition locale qui semble trouver son origine à Damas. En effet, Luc a disposé à Damas d'informations exceptionnellement précise: à propos du baptême de Paul, il peut donner le nom de la rue où il a eu lieu - la "Voie Droite" qui est le décumanus [78].
De plus en Luc 3.1 St Luc mentionne Ponce-Pilate gouverneur de Judée, Hérode tétrarque de Galilée et Philippe tétrarque de l'Iturée et de la Trachonite avant de mentionner Lysanias et ces mentions ne sont pas forcément anodines. À la mort d'Hérode en 4 av J.C. Auguste a confié à Hérode Antipas le territoire de la Galilée et de la Pérée avec le titre de de tétrarque, à Philippe il confia la partie libanaise du royaume ainsi que ses dépendances en Syrie du Sud (Auranitide, Trachonitide, Batanée) et à Archélaos il confia la Judée avec le titre d'ethnarque. Seulement Archéloas fut chassé en 6 ap J.C. et Rome en profita pour établir un gouvernement sur la Judée avec des préfets pour diriger, voici la liste jusqu'à Pilate :
Coponius vers 6-9 ap J.C.
Marcus Ambibulus vers 9-12 ap J.C.
Annius Rufus en 12-15 ap J.C.
Valerius Gratus 15-26 ap J.C.
Ponce Pilate 26-36 ap J.C. [79]
St Luc mentionne donc Pilate le gouverneur, Hérode le tétrarque, et Philippe le tétrarque en référence à la division qui avait était faite par Auguste et dans sa liste il mentionne deux tétrarques, le terme tétrarque désigne une tétrarchie (chef du quart d'une région), il est donc possible que Lysanias a été utilisé par St Luc dans le but de mentionner quatre chefs (Pilate, Hérode, Philippe et Lysanias) même si Pilate n'avait pas le titre de tétrarque mais de préfet.
Au final la mention de Lysanias s'avère être un coup très dur aux partisans de la dépendance envers Josèphe car nous avons une preuve factuelle que St Luc ne dépend pas de Josèphe. Mais le plus intéressant c'est de constater qu'en dehors de l'inscription nous avons tous les ingrédients pour parler d'une dépendance, en effet seul Josèphe et St Luc parle d'un tétrarque Lysanias, donc un personnage avec le même nom et le même titre et à première vue rien n'aurait poussé St Luc à le mentionner et nous pouvons expliquer pourquoi St Luc à mal comprit Josèphe, mais malheureusement tous ces arguments s'avèrent faux. Et c'est là que ça devient intéressant car cela nous prouve q'un érudit comme Mason est capable de développer un argument en chateau de cartes en trouvant une erreur chronologique chez St Luc, un problème de cohérence sur l'intérêt de la mention et la raison de l'erreur chronologique en expliquant la mauvaise compréhension de St Luc envers Josèphe alors que c'est faux. Mais si Mason est capable de se tromper de la sorte qu'est ce qui nous prouve qu'il ne se trompe aussi lorsqu'il établit les mêmes arguments sur Theudas, Quirinius, Judas, l'égyptien ? Seul St Luc et Josèphe mentionne Theudas, Judas et l'égyptien, comme pour Lysanias mais si pour Lysanias nous avons une preuve catégorique comme quoi Mason a créé un développement peaufiné qui s'avère faux avec quel degrés de confiance devrions nous prendre ses autres développements auxquels il applique exactement la même logique qu'avec Lysanias ?
L'autre gros problème de l'hypothèse de Mason c'est qu'il explique toutes les différences entre St Luc et Josèphe comme étant dues à la mauvaise mémoire de St Luc, donc en résumé si St Luc et Josèphe rapportent la même information avec les mêmes détails c'est parce que St Luc utilise Josèphe et si St Luc et Josèphe rapportent une information qui se ressemble mais avec des grosses différences c'est parce que St Luc reprend Josèphe et qu'il a une mauvaise mémoire, ou pour faire plus simple, pile je gagne, face tu perds.
Mason conclut qu'il y a beaucoup trop de parallèles pour qu'il s'agisse d'un simple hasard et pour répondre aux derniers arguments nous devons nous poser trois questions :
St Luc est-il capable de rapporter des informations en dehors de Josèphe ?
St Luc est-il négligeant lorsqu'il utilise une source ?
Deux auteurs peuvent ils rapporter indépendamment l'un de l'autre des événements similaires ?
St Luc est-il capable de rapporter des informations en dehors de Josèphe ?
En Luc 1.8.9 St Luc que Zacharie a été tiré au sort pour bruler de l'encens dans le temple, cette pratique de tirage au sort pour une fonction sacerdotale n'est pas attestée par Josèphe mais elle est connue dans la Mishnah [80]. En Luc 3.1 St Luc mentionne Pilate avec le terme "gouverneur" qui pouvait désigner un procurateur ou un préfet, ce que Pilate était alors que Josèphe parle de Pilate avec le titre "procurateur" ce qui est anachronique. En Luc 8.3 St Luc mentionne l'intendant d'Hérode Chuza et sa femme Jeanne qu'on ne retrouve pas chez Josèphe, en Luc 13.1 nous retrouvons un épisode de Pilate que l'on ne retrouve pas chez Josèphe malgré la tentative ratée de Mason d'y voir une invention à partir de Josèphe. En Actes 3.2 St Luc parle d'une porte du temple qui est appelée la "belle", ce nom pour une porte du temple n'existe que chez St Luc mais si St Luc reprend Josèphe pourquoi n'a t-il pas utilisé la description du temple que fait Josèphe dans le 15ème livre des Antiquités 410-412 où Josèphe fait une description des portes du temple mais ne mentionne à aucun moment le nom la "belle" ? En Actes 3.11 St Luc mentionne le portique de Salomon qui n'est pas mentionné par Josèphe mais est mentionné par l'évangile de Jean. En Actes 10.1 nous retrouvons le centurion Corneille qui lui non plus n'est pas mentionné par Josèphe, en Actes 12.20 St Luc mentionne un conflit entre Hérode, les Tyriens et les Sidoniens que ne mentionne pas Josèphe, dans le même verset St Luc mentionne Blastus le chambellan d'Hérode qui lui non plus n'est pas mentionné par Josèphe. En Actes 13.7 St Luc mentionne le proconsul Sergius Paulus qui n'est pas mentionné par Josèphe mais dont l'existence (de lui ou de sa famille) est attesté par des inscriptions [81].
En Luc 17.6-9 St Luc mentionne la présence de "politarques", aucun autre auteur contemporains ne mentionne l'existence de "politarque" mais l'existence des politarques est confirmé par un quinzaine d'inscriptions [82]. En Actes 18.2 St Luc parle de l'expulsion des juifs sous Claude, Josèphe ne rapporte pas cet événement et pourtant elle est confirmée par Suétone [83] et si St Luc reprend Josèphe pourquoi n'a t-il pas parlé de l'expulsion des juifs sous Tibère que mentionne Josèphe en Ant 18.3.5 ? En Actes 18.12 St Luc parle du proconsul Gallion qui n'est pas mentionné par Josèphe mais qui est connu entre autre dans une inscription [84], en Actes 19.31 St Luc mentionne les "Asiarques" qui ne sont pas connus chez Josèphe mais dont l'existence est confirmé par Strabon [85] et une inscription [86] et en Actes 28.7 St Luc parle de Blastus le premier de l'île qui n'est pas mentionné par Josèphe mais dont le titre correspond au titre "premier des Mélitins" découvert dans une inscription [88].
Certaines des informations que l'on vient de voir ne sont pas corroborés par d'autres sources mais cela démontre que St Luc peut rapporter des informations en dehors de Josèphe et si St Luc invente de toute pièce ces informations on se demande quel aurait été l'intérêt d'utiliser Josèphe alors qu'il lui aurait suffit d'inventer tous ce qu'il rapporte dans on évangile et dans les Actes. Les autres informations sont soient confirmés par d'autres auteurs ou des inscriptions et elles confirment aussi que St Luc est capable de relater des événements fiables en dehors de Josèphe comme l'expulsion des juifs sous Claude mentionné uniquement par Suétone. La réponse est donc oui St Luc est capable de rapporter des informations fiables que l'on ne retrouve pas chez Flavius Josèphe.
St Luc est-il négligeant lorsqu'il utilise une source ?
La position de Mason l'oblige à dire que St Luc à mal rapporté les informations de Josèphe car par exemple pour Theudas et Quirinius nous avons deux grandes différences chronologiques et pour l'égyptien nous avons une grande différence au niveau des chiffres, 30000 ou 4000 ? Nous savons que St Luc a utilisé un des autres évangiles synoptiques ou les deux, la majorité des érudits pensent que St Luc à utilisé l'évangile de Marc, d'autres les deux et encore d'autres qu'il uniquement utilisé l'évangile de Matthieu. Nous allons donc partir du principe que St Luc à utilisé l'évangile de Marc. Le premier point à noter et qu'il n'existe pas de différence chronologique entre l'évangile de Luc et l'évangile de Marc aussi flagrante qu'avec Josèphe. Par exemple pour Theudas nous avons (si St Luc et Josèphe parle de la même personne) une différence chronologique d'environ 40ans et pour Quirinius une différence d'environ 8ans. À aucun moment donné nous avons la même chose entre St Luc et St Marc, on peut trouver des différences chronologiques en sein d'une même péricope ou des éléments sont inversés ou encore une péricope qui est télescopée [86], ou encore une péricope qui apparait plus tôt comme la péricope avec Jésus et lamentions de Béezéboul qui apparait plus tôt dans l'évangile de Marc (3.22-27) par rapport à l'évangile de Luc (11.15-23) mais dans le cas de Theudas il s'agit d'un élément d'une péricope qui est déplacé pour être placé dans un tout autre contexte et dans un moment beaucoup plus éloigné d'un point de vu chronologique. Par exemple si on compare le récit de la mort de Jean le Baptiste on se rend compte qu'il y a quelques différences entre St Luc et St Marc car St Marc mentionne l'arrestation de Jean et sa mort en une seule péricope alors que St Luc la découpe en deux pour en placer une partie au chapitre 3 et une chapitre 9 mais cela ne créer pas de contradictions comme avec Josèphe :

St Luc mentionne l'arrestation de Jean bien avant de parler de la mort de Jean contrairement à St Marc mais il n'y a pas de contradiction chronologique entre les deux car lorsque St Marc mentionne l'arrestation il fait une analepse (procédé de style par lequel on revient sur un événement antérieur au récit en cours). Mais tous les éléments majeurs sont correctement cités, la présence d'Hérode, l'arrestation de Jean le Baptiste, les raison de l'arrestation et la décapitation, seuls des détails dans les formulations diffèrent [89]. Si St Luc avait traité l'évangile de Marc avec la même négligence qu'il aurait soit disant eu envers Josèphe nous aurions ici un des éléments de la péricope déplacé dans un tout autre contexte.
L'autre comparaison que l'on peut faire concerne les nombres, par exemple dans le récit de la découverte du tombeau nous avons une différence entre St Marc qui mentionne un homme (Marc 16.5) et St Luc deux (Luc 24.4) mais la différence est minime par contre quand il s'agit de nombres élevés comme dans le récit de la multiplication des pains St Luc suit soigneusement sa source :

Tous deux mentionnent 5 pains, 2 poissons, des rangées de 50 (St Luc omet la rangée de 100), 5000 personnes et 12 paniers de morceaux. La différence que l'on voit entre St Luc et Josèphe à propos de l'égyptien (4000 ou 30000) n'existe pas ici. Il est donc intéressant de constater que le postulat de Mason d'une négligence de St Luc envers sa source n'est pas appuyé quand on compare St Luc avec une source qu'il a utilisé d'après la majorité des érudits, même Helen K. Bond qui est enclin à admettre que St Luc a utilisé Josèphe admet que son utilisation de Josèphe ne reflète pas l'utilisation de l'évangile de Marc "Luc était soucieux de situer le christianisme naissant dans le contexte des événements survenus sur la scène mondiale, et il est tout à fait plausible qu'il ait pris connaissance de l'œuvre de Josèphe (bien qu'il ne l'ait manifestement pas utilisée de la manière aussi attentive qu'il l'a fait avec Marc et Q) [90]".
Deux auteurs peuvent ils rapporter indépendamment l'un de l'autre des événements similaires ?
Le point que l'on peut accorder à Mason et le nombres de parallèles entre Luc/Actes et Josèphe et sur c'est sur ce point qu'il insiste dans sa conclusion "ce qui suggère davantage une relation entre les deux ouvrages, c'est le nombre frappant d'incidents rapportés en commun [91]". Avant de répondre je tiens à faire remarquer que les parallèles entre Luc/Actes et Josèphe proviennent de contextes différends. Par exemple lorsque l'on retrouve la mention de Theudas dans les Actes elle provient des lèvres de Gamaliel tandis que Josèphe mentionne directement l'évènement dans son récit. Ainsi le point de ressemblance ce situe dans un événement lié à une personne précise (cf la rébellion de Theudas, le recensement de Quirinius, la mort d'Agrippa etc). Dans d'autres endroits il s'agit d'un comportement comme dans l'épisode entre St Paul et Félix où Mason explique que la réaction de Félix est expliquée grace à Josèphe et pour finir certains parallèles sont uniquement dus à la mention d'une personne comme avec Lysanias.
Avec tous ces parallèles nous devons donc nous poser la question suivante "deux auteurs peuvent ils rapporter indépendamment l'un de l'autre des événements similaires ?". La réponse est oui. On peut le voir même entre St Luc et Josèphe car à deux reprises St Luc et Josèphe rapporte un événement similaire ou l'on sait que l'information a été puisé par St Luc dans l'évangile de Marc et/ou celui de Matthieu. Il s'agit la mort de Jean Baptiste par Hérode (Ant 18.116-119 & Luc 9.7) et du mariage entre Hérode et Hérodiade (Ant 18.136 & Luc 3.19). Ces deux exemples sont très intéressant car ici aussi on pourrait prétendre que St Luc utilise Josèphe. Comparons les passages de St Luc et Josèphe :

Les propos de St Luc et Josèphe ont des points communs et des différences. Tous deux mettent Jean en lien avec une activité de baptême et font d’Hérode le meurtrier de Jean Baptiste. Josèphe raconte qu’Hérode avait peur du mouvement de Jean Baptiste qui pouvait déclencher une émeute et qu’il l’a tué pour cette raison. Sur ce point le récit de St Luc est différent car il ne parle à aucun moment de la crainte d’Hérode, par contre il précise qu’Hérode a mis Jean en prison à cause des critiques que Jean faisait sur son mariage avec Hérodiade la femme de son frère et contrairement à Josèphe St Luc précise par quel mode d’exécution Hérode a fait tué Jean, par décapitation. C’est la que nous touchons un point intéressant. En appliquant la méthode de Steve Mason à ces passages nous pouvons trouver des raisons de dire que St Luc dépend de Josèphe. Pourquoi ? Parce que St Luc parle d’Hérodiade que Josèphe mentionne quelques versets après avoir parlé de Jean Baptiste lorsqu’il dit "Hérodiade, au mépris des lois nationales, épousa, après s'être séparée de son mari encore vivant. Hérode, frère consanguin de son premier mari qui possédait la tétrarchie de Galilée". St Luc en lisant le texte de Josèphe a vu qu’il parlait de Jean comme d’un homme de vertu et en conflit avec Hérode, quelques lignes plus loins il a vu la mention du mariage honteux entre Hérode et Hérodiade et il a décidé de placer dans la bouche de Jean un reproche envers Hérode comme il venait de lire chez Josèphe que Jean pratiquait la vertu. Voilà le scénario que l’on peut émettre avec l’approche de Steve Mason. Le problème c’est que nous savons que ce scénario ne peut tenir car nous savons où St Luc à puisé ces informations sur le conflit entre Jean et Hérode, dans Marc et/ou Matthieu. Encore une fois nous voyons que la méthode de Mason est loin d’être une donnée sûr, méthode qu’il applique systématiquement ente St Luc et Josèphe. La non dépendance certaine de St Luc envers Josèphe sur ce point nous permet de voir de quel manière elle se reflète. Elle se reflète par ses différences, les personnes sont communes aux deux auteurs mais les éléments périphériques sont différents (la raison de la mort de Jean Baptiste et la différence sur la mort de Jean Baptiste). Ces différences sont similaire à celles que nous retrouvons lorsque St Luc et Josèphe parlent de Quirinius, Lysanias, Theudas et Judas le Galiléen, l’égyptien et de la mort d’Hérode Agrippa.
Mais pour aller plus loin dans les exemples on va se pencher sur des parallèles entre Philon et Tacite puis entre Philon et Suétone. Tacite était un historien romain qui vécu de 54 à 120 ap J.C. Suétone était un haut fonctionnaire romain qui vécut (approximativement) de 70 à 140 ap J.C et Philon était un juif alexandrin qui a vécu entre 20 av J.C et 45 ap J.C. Il est peut probable que Tacite qui avait accès à divers sources comme des historiens ou des archives du sénat [92] ait utilisé l'oeuvre d'un juif Alexandrin en ce qui concerne l'histoire de Rome tout comme Suétone. Raison pour laquelle j'ai choisit de les comparer en ce qui concernes des événements liés à la vie romaine.
(Pour les abréviations, LC = Légation a Caïus ou des vertus de Philon ; CF = Contre Flaccus de Philon ; An = Les Annales de Tacite)
Philon & Tacite
Philon dit que l'arrivé de Caïus au pouvoir été l'objet d'une grande joie chez les romains (LC 8-13) - Tacite dit que Caius était félicité lorsqu'il pensait être couronné (An 6.57)
Philon dit que Caïus cachait un coté sombre et mauvais (LC 22) - Tacite fait la même remarque (An 6.26)
Philon dit que pour Tibère, Caïus était devenu suspect et que Tibère aurait écarté Caius au profit de son petit fils Tibère si il avait pu le faire avant de mourir (LC 24-25) (CF 12) - Tacite dit que Tibère avait comprit peu avant sa mort le mauvais plan de Caïus envers son petit fils Tibère (An 6.52)
Philon parle de la délation contre la mère de Caius (CF 9) - Tacite parle en détaille de cette conspiration (An 4.12)
Philon parle de l'assassinat du jeune Tibère par Caïus (LC 30-32) ; (CF 10) - Tacite évoque indirectement la mort de du jeune Tibère lorsqu'il relate la prophétie de Tibère au sujet du meurtre du jeune Tibère par Caïus (An 6.52)
Philon dit que Tibère était doué d’une pénétration profonde et qu'il était habile à percer les secrètes pensées (LC 33) - Tacite dit que Tibère possédait la science dans l'art des Chaldéens (magie) qu'il avait acquis à Rhodes grâce à un maître nommé Thrasylle (An 6.26-27)
Philon parle de la conspiration de Séjan contre Tibère (LC 37) - Tacite parle des méfaits de Séjan tout au long de son 4ème livre des Annales
Philon parle des liens entre Caius et Macron (CF 12) - Tacite dit que Macron était un guide de Caius (An 6.54)
Philon parle du comportement mauvais de la femme de Macron et sa relation avec Caïus (LC 40 ; 61) - Tacite parle du mauvais comportement de la femme de Macron et de sa relation avec Caïus (An 6.51) à la différence que chez Tacite Macron est celui qui a envoyé sa femme vers Caïus tandis que chez Philon cela se fait à ses dépends
Philon dit que Marcus Silanus était mal vu par Caïus qu'il voyait comme un obstacle (LC 62-65) - Tacite dit que Caïus avait peur de Silanus (Histoires 4.48)
Philon dit que sous Tibère les juifs étaient en paix (LC 159-161) - Tacite fait la même remarque (Histoires 5.9)
Philon mentionne la statue que Caïus voulait mettre dans le temple (LC 188) - Tacite parle de la statue que Caius voulait mettre dans le temple (An 12.54)
Philon mentionne l'accusation du crime de lèse-majesté de Lampon envers Tibère (CF 129) - Tacite rapporte que sous Tibère il y eu pluseiurs crime de de lèse-majesté (An 1.73)
Philon & Suétone
Philon dit que l'arrivé de Caïus au pouvoir a été l'objet d'une grande joie chez les romains (LC 8-13) - Suétone rapporte la même information (Caïus 13)
Philon dit que Caïus a subit une grave maladie après son intronisation au pouvoir (LC 14) - Suétone fait référence à la maladie de Caïus (Caïus 14)
Philon dit que Caïus cachait un coté sombre et mauvais (LC 22) - Suétone fait référence au mauvais coté de Caïus qui a suivie son bon coté (Caïus 22)
Philon rapporte que Caïus accusait le jeune Tibère de vouloir comploter contre lui (LC 23) - Suétone fait référence à un pseudo complot du jeune Tibère contre Caïus (Caïus 24)
Philon fait référence à la préférence de Tibère pour le jeune Tibère à la place de Caïus (LC 25) (CF 12) - Suétone fait aussi mention de cette préférence (Caïus 19)
Philon parle de la manoeuvre de Caïus lorsqu'il a adopté le jeune Tibère (LC 26) - Suétone parle de cette adoption (Caïus 15)
Philon évoque la mort du jeune Tibère par suicide à Cause de Caïus (LC 30-32) (CF 10) - Suétone évoque aussi la mort du jeune Tibère sauf que pour Suétone le jeune Tibère a été tué par un tribun envoyé par Tibère (Caïus 23)
Philon parle de la femme de Macron et de sa relation avec Caïus (LC 40) - Suétone fait de même (Caïus 12)
Philon parle de la passion de Caïus pour la danse et la musique (LC 42) - Suétone nous dit que Caïus était passionné par la danse et le chant (Caïus 11)
Philon mentionne la mort de Macron et de sa femme à cause de Caïus (LC 59-61) (CF 14) - Suétone aussi (Caïus 26)
Philon dit que Caïus s'était fait dieu (LC 75) - Suétone rapporte lui aussi cette information (Caïus 22)
Philon dit que Caïus a envoyé ses soeurs en exil (LC 86) - Suétone mentionne aussi l'exil de soeurs de Caïus (Caïus 24)
Philon rapporte que Caïus a testé des poisons sur différentes personnes (LC 106-108) - Suétone rapporte un exemple ou Caïus a donné du poison à un dénommé "Columbus" (Caïus 55)
Philon parle des tortures qu'à subit Appelle par Caïus (LC 206) - Suétone rapporte une torture qu'a subit Appelle par Caïus pour un motif différend que ceux mentionnés par Philon (Caïus 33)
Philon dit que Flaccus était le premier sur la liste de Caïus des personnes à exécuter (CF 185) - Suétone nous rapporte que Caïus faisait tous les 10 jours une liste des personnes à exécuter (Caïus 29)
Comme on le voit on peut trouver de nombreux parallèles lorsque deux auteurs évoquent des sujets similaires. Le plus intéressant est de constater que parfois Tacite et Suétone nous permettent de comprendre Philon. Par exemple lorsque Philon dit que Tibère "était doué d’une pénétration profonde, et l’homme, de tous ceux qui l’entouraient, le plus habile à percer les secrètes pensées (LC 33)" on ne sait pas pourquoi Philon dit ça de Tibère et pour le savoir nous devons nous tourner vers Tacite (An 6.20) qui explique que Tibère pratiquait la magie et qu'il connaissait l'avenir, raison pour la quelle Philon dit que Tibère était doué à percer les secrètes pensées. Le cas est exactement le même lorsque Mason utilise Josèphe pour expliquer des récits de St Luc comme avec la mort d'Agrippa et le discours entre St Paul avec Félix que Mason utilise pour démontrer que St Luc a utilisé Josèphe. Sauf que si on applique le même raisonnement entre Tacite et Philon nous avons un problème puisque Philon était mort quand Tacite est né et pourtant c'est le récit de Tacite qui permet de comprendre celui de Philon. Un autre exemple est celui de l'exil des soeurs mentionné par Philon et Suétone, Philon dit juste que Caïus a envoyé ses soeurs en exil sans en expliquer la raison tandis que Suétone va expliquer pourquoi les soeur de Caligula ont été envoyé en exil et comme pour Tacite, Suétone n'était pas né quand Philon a écrit et c'est son récit qui apporte plus de détails que celui de Philon.
Mason dans sa conclusion met aussi en avant qu'il n'y a aucun autre ouvrage en dehors de Luc/Actes qui contient autant de parallèles avec Josèphe "Nous ne connaissons aucun autre ouvrage qui se rapproche, même de loin, de la présentation de Josèphe sur un tel éventail de questions [93]", si il n'existe aucun ouvrage qui contient autant de parallèles c'est que Luc/Actes dépend de Josèphe CQFD. Le seule problème est que cette affirmation est tout simplement fausse. Lorsque j'ai comparé Tacite et Flavius Josèphe j'ai découvert plusieurs parallèles entre les deux lorsque Tacite parle des juifs dans son cinquième livre des Histoires. Ici aussi la question d'une dépendance peut être débattue entre Tacite et Josèphe, est-ce que Tacite a utilisé les écrits de Josèphe ? J'ai posé la question à un spécialiste de Tacite qui ma dit que les historiens pensent généralement que Tacite n'aurait pas lu les écrits de Josèphe mais qu'il est possible que Tacite ait parlé directement avec Josèphe. Quoi qu'il en soit Tacite aurait aussi pu avoir ses informations concernant les juifs dans la continuation d'Aufidius de Pline l'Ancien [94] et ce qui nous intéresse ici est l'affirmation de Mason "aucun autre ouvrage ne se rapproche même de loin de la présentation de Josèphe sur un tel éventail de questions" et non de savoir si oui ou non Tacite dépend de Josèphe.
Tacite & Josèphe
Tacite parle du siège de Pompée sur les juifs (Histoire 5.9) - Josèphe parle du siège de pompée (Ant 14.4)
Tacite parle des guerres civiles sous Marc Antoine (Histoire 5.9) - Josèphe parle du conflit entre Marc Antoine et Cassius donc d'une guerre civile romaine (Ant 14.12)
Tacite parle du roi des parthes Pacorus qui s'est emparé de la Judée - Josèphe parle de Pacorus et du conflit en lien avec la Judée (Ant 14.13)
Tacite parle de la mort du roi des parthes Pacorus tué par Publias Ventidius (Histoire 5.9) - Josèphe parle de la mort de Pacorus dans une bataille (Ant 14.15-7) et mentionne la présence de Ventidius contre les parthes (Ant 14.14-6 ; 14.15-7)
Tacite parle de la soumission des juifs par Caius Sosius (Histoire 5.9) - Josèphe parle de la prise de Jérusalem par Sosius (Ant 14.16.2)
Tacite parle du royaume d'Hérode qui a été agrandi par Auguste - Josèphe parle du royaume d'Hérode qui a été agrandi par Auguste (Ant 15.7-3)
Tacite parle de la mort d'Hérode (Histoire 5.9) - Josèphe évoque la mort d'Hérode (Ant 17.6-5)
Tacite parle d'un Simon qui a usurpé le nom de roi et qui fut puni par le gouverneur de Syrie Quintilius Varus - Josèphe ne parle pas du Simon dont parle tacite, toutefois Josèphe parle de Quintilius Varus en Ant 17.5-2 et parle plus loin dans le même livre d'un rebelle nommé Simon (Ant 17.10-6), en appliquant la même méthode à Tacite que celle qu'applique Mason à St Luc on pourrait dire que Tacite a inventé l'histoire de Simon en mélangeant deux passages des antiquités
Tacite mentionne la division de la nation en trois pour les fils d'Hérode, Archélaus, Hérode et Philippe (Histoire V.9) - Josèphe mentionne aussi la division en 3 pour les fils d'Hérode (Ant 17.317-320)
Tacite dit que Caligula voulait faire placer une statue de lui dans le temple (Histoire 5.9) - Josèphe dit que Caligula voulait faire placer une statue de lui dans le temple (Ant 18.8-2) et tous deux disent que la mort de Caligula étaient bien vu par les juifs car Josèphe dit que sa mort fut un bienfait pour les juifs (Ant 19.12-14) et Tacite raconte que le soulèvement des juifs fut arrêter avec la mort de Caligula (Histoire 5.9)
Tacite parle de Claude et de la Judée qui est devenue sous Claude une province qu'il a donné à des chevaliers romains ou à des affranchis après avoir vu les rois morts ou réduits à peu de chose dont l'un d'entre eux est Félix que Tacite décrit comme étant cruel et comme ayant marié Drusilla la petite fille d'aniline et de Cléopâtre (Histoire 5.9) - Josèphe rapporte que Félix a commis des injustices envers les juifs (Ant 20.8-9) et qu'il était marié à Drusilla (Ant 20.7)
Tacite dit qu'après la mort de Caligula les juifs restèrent sans conflit avec Rome jusqu'à l'arrivé du procurateur Gessius Florus (Histoire 5.10) - Josèphe dit que sous Gessius Florus les juifs se sont révoltés (Ant 18.23)
Tacite dit que sous Florus Gestius, Cestius Gallus a livré plusieurs combats aux juifs (Histoire 5.10) - Josèphe dit que Gallus a été envoyé en Galilée pour la réduire (GJ 2.18-11)
Tacite dit que Vaspasien a été envoyé par Néron et qu'en deux étés son armée à été victorieuse de toutes les villes sauf Jérusalem (5.10) jusqu’à l’assiègement de Jérusalem par Titus - Josèphe détails tous ces événements dans ses livres 4 et 5 sur la guerre des juifs
Tacite décrit la ville de Jerusalem et le temple lorsqu’il parle du siège de Titus (Histoire 5.11 & 12) et il parle aussi de la tour Antonia (5.11) et il précise qu’elle a été appelée ainsi par Hérode en l'honneur de Marc Antoine - Josèphe fait aussi une description de Jérusalem et du temple lorsqu’il parle du siège de Titus et il parle aussi de la tour Antonia et indique qu'elle est l'oeuvre d'Hérode (GJ 5.4 & 5)
Tacite dit que la ville était défendu par Simon, Jean Bargioras et Éléazar - Josèphe mentionne lui aussi ces trois rebelles (GJ 4.2-1 ; 4.4-1 ; 4.9-3) sauf que chez Josèphe c’est Simon et non Jean qui a le nom de Bargioras. Le fait que Tacite se trompe sur le nom de "Jean Bargioras" peut être la preuve qu'il ne se base pas sur les textes de Josèphe. De même juste après sa mention des trois rebelles Tacite dit que Jean s'est emparé du temple en envoyant Éléazar se fair massacrer ce qui n'est pas attestée chez Josèphe et est visiblement faux. Catherine Salles dit sur ce passages que Tacite s'est égaré ou qu'il a été trompé par sa source [95], si l'hypothèse d'une source erronée est correct c'est qu'il ne se base pas sur Josèphe.
Voilà tous les parallèles que nous pouvons trouver entre Tacite et Josèphe ce qui nous permet de constater que l'affirmation de Mason est fausse, très fausse même puisque tous les parallèles que je viens de présenter proviennent de seulement 4 paragraphes successifs de Tacite pour un total d'environ 551 mots dans la version latine.
Conclusion
Tout au long de cet article nous avons vu que St Luc possède beaucoup de différences avec Josèphe au point où une dépendance à l'égard de Josèphe apporte plus de questions que d'explications. Comment expliquer la présence d'un personnage comme Blastus si St Luc copie Josèphe pour la mort d'Agrippa ? Comment expliquer que St Luc connaisse la pratique du déplacement de population pour un recensement si il copie Josèphe ? Comment accorder une pleine confiance en la logique de Mason si on a la preuve qu'il peut voir des liens artificiels entre St Luc et Josèphe (cf Lysanias) ? Pourquoi St Luc aurait dû utiliser Josèphe alors qu'il est capable de rapporter des informations fiables que Josèphe ne mentionne pas ? Pourquoi St Luc aurait-il mal cité Josèphe alors que quand on peut le comparer à une autre source on se rend compte qu'il cite correctement sa source ?
Nous pouvons donc conclure qu'il n'y a aucune raison de croire que St Luc connaissait les oeuvres de Flavius Josèphe et si il a utiliser Josèphe. On peut ironiquement en conclure que même si St Luc a utilisé Josèphe et qu'il nous le disait lui même, tellement il aurait mal Josèphe, on pourrait croire qu'il ne l'a pas lu. [96]
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Voir le commentaire sur Actes 14.12 https://www.proecclesia.fr/post/st-luc-avec-les-yeux-de-polybe
Voir le commentaire Actes 27.17 https://www.proecclesia.fr/post/st-luc-avec-les-yeux-de-polybe
Voir le commentaire sur Actes 12.19 de Richard N. Longenecker, Acts The Expositors Bible Commentary Revised Edition
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C'est ainsi que le verset est rendu dans la traduction Pirot-Clamer
Trent Horn, Hard saying a Catholic approach to answering Bible difficulties ; https://www.academia.edu/26047721/The_Lucan_Censuses_Revisited ; Nicholas Perrin, Luke Tyndale New Testament Commentaries
Par exemple St Luc utilise le terme ἡγεμονεύω en Luc 3.1 pour décrire la position de Pilate qui était préfet, pour un soutient de cet argument voir Trent Horn, Hard saying a Catholic approach to answering Bible difficulties ; Craig L.Blomberg, The historical reliability of the Gospels second edition, pp248-249
Tacite Annales 3.48
Bruno Bioul, les évangiles à l’épreuve de l’histoire pp252-253 et 258 ; voir aussi Sylvie Chabert d'Hyères https://www.academia.edu/40414626/Le_Consul_Sulpicius_Quirinius_II_Sa_première_légation_en_Orient
Bruno Bioul, les évangiles à l’épreuve de l’histoire p250
Sylvie Chabert d'Hyères, Jesus au Regard de l'Histoire, p98
Tertullien, Contre Marcion, 4.19
Trent Horn, Hard saying a Catholic approach to answering Bible difficulties
Dion Cassius, histoire romaine 69.13 ; voir aussi Bruno Bioul, les évangiles à l’épreuve de l’histoire p240
Béatrice Le Teuf, Census: les recensements dans l’empire romain d’Auguste à Diocletien, pp13-14, 118, 137-138 ; Bruno Bioul, les évangiles à l’épreuve de l’histoire p260
Béatrice Le Teuf, Census: les recensements dans l’empire romain d’Auguste à Diocletien, p178
Flavius Josèphe, Vita, 1.1-6
Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, 20.97-102
Pour plus de détails voir Shaye J. D. Cohen, Josephus in Galilee and Rome ,pp3-8
Craig Keener, The IVP Bible Background Commentary New Testament Second Edition, p333
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Richard Carrier, On the Historicity of Jesus: Why We Might Have Reason for Doubt ,p267
Flavius Josèphe mentionne un "Jacques frère de Jésus appelé le Christ" (AJ 20.200), Richard Carrier (On the Historicity of Jesus: Why We Might Have Reason for Doubt p337-342) soutient que l'expression "appelé le Christ" est un ajout, il conclut qu'il s'agit d'un autre Jésus frère de Jacques. L'objectif est de nier toute référence au Jésus historique, il est intéressant que dans cette optique il est logique de voir deux Jacques frère de Jésus tout refusant de voir deux Theudas.
Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, 20.105-112
Karl L. Armstrong, Dating Acts in its Jewish and Greco-Roman Contexts, pp149-157
Quintilien, Institution oratoire, 10.1.12
Christopher Price, A Discussion of the Genre, Historicity, Date, and Authorship of the Acts of the Apostles, pp127-128
Christopher Price, A Discussion of the Genre, Historicity, Date, and Authorship of the Acts of the Apostles, pp124-125
Traduction reprise de Pierre-Louis Gatier, Saint Luc évangéliste et historien, pp126
Suétone, Vie d'Auguste, 101.2
Tacite, Annales, 1.8
Velleius Paterculus, Histoire Romaine, 2.75
Marie-Françoise Baslez, Bible et histoire pp187-188
Marcel Beaudry & Yoram Tsafrir, Jésus au regard de l'Histoire, pp6-15
Mishnah. Yoma 2, 1-4 ; Tamid 1, 2 ; 2, 5 ; 3, 1 ; T. Yoma 1, 10.
Laura Boffo, Saint Luc évangéliste et historien p109
La Bible avec notes d’étude archéologiques et historiques, p1610
Suétone, Claude 25.11
Laura Boffo, Saint Luc évangéliste et historien pp110-111
Strabon, Géographie, 14.1.42
Voir Joseph M.Holden & Norman Geisler, The popular handbook of archaeology and the Bible, p354 qui montre une photo de l'inscription
Laura Boffo, Saint Luc évangéliste et historien p115
https://www.proecclesia.fr/post/pourquoi-des-divergences-chronologiques-dans-les-évangiles
Par exemple St Marc lorsqu'il parle d'Hérode le nomme "roi" tandis que St Luc lui donne le titre de "tétrarque", cette différence s'explique par le fait que St Marc utilise un terme plus général au lieu du titre officiel, St Matthieu utilise dans sont récit les deux titres "roi (14.9)" et "tétrarque (14.1)" pour hérode ce qu montre qu'il ne voyait pas de problème à le nommer "roi" ou "tétrarque". Flavius Josèphe utilise lui aussi ce procédé lorsqu'il utilise le titre "ethnarque" pour Hycran (AJ 14.191) et le titre "roi" lorsqu'il rapporte ce que disent les juifs sur Hycran (14.157). Pour plus de détails voir Harold W. Hoehner, Herod Antipas a contemporary of Jesus Christ, pp149-150
Helen K.Bond, A companion to Josephus, p156
Steve Mason, Josephus and the New Testament, p291
Sur la question des sources de Tacite voir David S. Potter, A Companion to Tacitus, pp 125-139
Steve Mason, Josephus and the New Testament, p292
Philippe Fabia, Les sources de Tacite dans les Histoires et les Annales, pp160-161
Catherine Salles, Tacite œuvres complètes, p407
Quelques citation d'auteurs rejetant clairement une dépendance de St Luc envers Josèphe. Franck Dicken "En outre, les exemples donnés par Pervo de la dépendance des Actes à l'égard de Josèphe sont des échos intertextuels et ne sont pas aussi subtantiels que la dépendance de Clément et d'Ignace à l'égard des Actes. Il semble très probable que tout auteur composant des ouvrages en grec à la fin du premier siècle sur des événements récents utiliserait inévitablement une partie du même vocabulaire que Josèphe et Luc-Actes. En fin de compte, la dépendance de Luc-Actes à l'égard de Josèphe n'est pas très probable." Issue in Luke-Acts, p25 ; Craig Keener "En fin de compte, il est très peu probable que Luc dépende de Josèphe. L'argument le plus fort en faveur d'une dépendance est la citation par Luc de Theudas et de Judas. Pourtant, il semble peu probable que Luc ait lu Josèphe Ant 18-20?. Les autres éléments qu'il aurait pu tirer de Josèphe étaient largement connus. Josèphe n'a pas composé ses rapports sur Theudas ou Judas à partir de rien, et des rapports oraux ou écrits sur ces chefs auraient été disponibles pour Luc ainsi que pour Josèphe." Acts an exegetical commentary Volume 1, p394 ; Steve Reece "Je ne suis pas convaincu par la proposition sous toutes ses formes : elle imagine un scénario dans lequel l'auteur de l'Évangile de Luc et des Actes des Apôtres, à la fin du premier siècle ou au début du deuxième, recherche des informations historiques dans les premières versions, ou peut-être dans des versions plus largement diffusées, des textes de la Guerre des Juifs et des Antiquités de Josèphe, en extrayant avec désinvolture des détails de leur contexte historique - les plus importants pour la proposition étant le recensement du gouverneur syrien Quirinius, le règne de Lysanias, le tétrarque d'Abilène, les rébellions de Judas le Galiléen, de Theudas et de l'"Égyptien", ainsi que le rôle de l'Église dans l'histoire du monde. de la Syrie et Quirinius, le règne de Lysanias le tétrarque d'Abilène, les rébellions de Judas le Galiléen, de Theudas et de "l'Égyptien", ainsi que le rôle des sicarii, puis déformant désespérément ces détails lorsqu'il tente de les incorporer dans son propre récit et, enfin, trompant délibérément ses lecteurs dans la préface de son ouvrage concernant les sources de ses informations historiques (Lc. 1:1-4). Il s'agit là d'une vision très négative de l'auteur des Actes de Luc en tant qu'historien, en tant qu'écrivain et, en fait, en tant que personne, qui ne correspond pas à ce dont nous sommes témoins dans son œuvre en général." The formal Education of the Author of Luke-Acts, chap4 ; Paul L. Maier "On entend souvent dire que Luc a mal lu Josèphe, mais il s'agit là d'une erreur flagrante, car, incontestablement, Luc a écrit les Actes au moins trente ans avant que Josèphe ne publie ses Antiquités en 93-94 (ou 25 ans plus tard pour ceux qui préfèrent une datation plus tardive pour les Actes)." Christian Origins and Greco-Roman Culture, p432 ; Jonathan Bernier "Il est certain que les différences cruciales entre Luc et Josèphe dans le traitement de ces personnages devraient nous inciter à nous méfier de l'hypothèse selon laquelle l'un dépendrait directement de l'autre. Une telle prudence est également justifiée en ce qui concerne la relation entre Luc-Actes et Josèphe de manière plus générale. Si l'on ne peut exclure la connaissance de Josèphe par Luc, cette connaissance n'est qu'une possibilité. La relation entre les Actes des Lucs et les écrits de Josèphe doit être considérée comme non probante pour établir la date de composition des premiers." Rethinking the Dates of the New Testament, p57 ; Karl L. Armstrong "Les raisons qui s'opposent à la dépendance sont suffisamment fortes pour que toute possibilité que Luc s'appuie sur Josèphe reste au mieux une possibilité hypothétique, et au pire une hypothèse logiquement insoutenable." Dating Acts in its Jewish and Greco-Roman Contexts, p92 ; Daniel Marguerat "Les récentes tentatives de dater les Actes au deuxième siècle (référence à Pervo ndlr)" ne convainquent pas" L’historien de Dieu, p17. (autre citation de Marguerat) "L'ambition de Luc de réconcilier le particularisme juif et l'universalisme romain n'est pas sans analogie dans l'Antiquité, ni même sans précédent. A la même époque, Flavius Josèphe avait la même ambition en écrivant la Guerre des Juifs et les Antiquités juives. La relation entre Luc et Josèphe a donné lieu à une abondante littérature, qui a tenté de montrer la dépendance littéraire de l'un par rapport à l'autre. Je ne crois pas qu'une telle dépendance puisse être prouvée." The First Christian Historian: writing the Acts of the Apostles, p79 ; Ben Witherington "Quoi qu'il en soit, je suis d'accord avec Bruce pour dire que Luc doit être considéré comme un historien antique au moins aussi digne de confiance que Josèphe, et même davantage sur certains points. Ses données et celles de Josèphe doivent être passées au crible de la critique. Selon toute probabilité, Josèphe ne devrait pas être considéré comme un instrument de mesure ou comme une source pour Luc, en particulier en ce qui concerne la chronologie." The Acts of the Apostles A Socio-Rhetorical Commentary ; Gregory E. Sterling "L'affaire est plus substantielle lorsque nous examinons les similitudes entre les Actes de Luc et Josèphe. La relation entre les deux est débattue depuis plus de cent ans. Après avoir examiné les textes moi-même, je dois conclure avec la majorité des chercheurs qu'il est impossible d'établir la dépendance des Actes de Luc par rapport aux Antiquités. Ce qui est clair, c'est que les Actes des Luc et Josèphe partageaient certaines traditions communes sur l'histoire récente de la Palestine. L'impasse à ce sujet a conduit certains chercheurs à explorer les similitudes entre les deux textes. L'auteur des Actes de Luc et celui de Josèphe ont en commun des traditions sur l'histoire récente de la Palestine." Historiography and Self-Definition, p365-366 ; (autre citation de Sterling) "L’un des éléments qu’ils avaient en commun était l’influence de l’historiographie apologétique, une tradition qu’ils connaissaient principalement par des canaux juifs (Luc peut-être exclusivement). Bien qu’il n’existe aucune preuve convaincante que Luc ait connu l’œuvre de Josèphe, Eusèbe, lui, possédait sans aucun doute un exemplaire des écrits de Josèphe dans la bibliothèque de Césarée — probablement grâce à la clairvoyance d’Origène, qui les avait apportés d’Alexandrie lorsqu’il s’était installé plus au nord." Shaping the Past to Define the Present: Luke-Acts and Apologetic Historiography, chap1 ; Craig Blombeg "Un certain nombre de ces chercheurs ont participé au séminaire sur les Actes dans les années 2000, qui a disséqué les Actes de la même manière que le séminaire sur Jésus a démembré les Évangiles dans les années 1990. Mais ils affirment leur position comme un présupposé de leur travail bien plus qu'ils ne l'argumentent véritablement. Et les quelques arguments qu'ils avancent comprennent les positions improbables selon lesquelles Luc connaissait et utilisait Josèphe et les lettres de Paul, que les Épîtres pastorales devraient être datées du deuxième siècle, et qu'une trajectoire linéaire et évolutive peut être tracée entre le christianisme du premier et du deuxième siècle, de sorte que lorsque les Actes ressemblent aux Pastorales, ils devraient également être datés de près d'un siècle après le début de l’Église" The Historical Reliability of the NewTestament, chap6 ; Joseph Ftzmyer "Josèphe a vécu de l'an 37/38 jusqu'à un certain temps après l'an 100. Sa Guerre de quelques années a été publiée en grec entre l'an 75 et l'an 79, et ses Antiquités de quelques années en 93/94. Ses dernières œuvres, Vie et Contre Apion, ont été publiées peu avant sa mort. Que Luc ait lu ou utilisé les écrits de Josèphe est hautement spéculatif et improbable ; aucune preuve n'est convaincante." The Acts of the Apostles, p53 ; Brandon D. Crowe "Une autre possibilité à considérer est de savoir si Luc a utilisé le travail de l'historien juif Flavius Josèphe. Cette question se pose en partie à cause d'épisodes apparemment similaires impliquant Theudas et Judas le Galiléen (Actes 5:36-37 ; Ant. 20.97- 102) et un agitateur égyptien (Actes 21:38 ; J.W. 2.254-63 ; Ant. 20.160-72). Aussi intrigante que soit cette possibilité, les parallèles ne sont pas tout à fait clairs, et une telle reconstruction nécessiterait que les Actes aient été écrits après la publication des Antiquités, vers 93 de notre ère. De solides arguments plaident en faveur d'une rédaction des Actes antérieure à cette date." Issue in Luke-Acts, p93 ; Jonathan M. Potter "Au cours des deux dernières décennies, une tendance croissante a émergé pour dater Luc et les Actes au premier quart du deuxième siècle de notre ère, voire plus tard. Cette datation s’appuie sur l’absence de témoignage sûr concernant l’un ou l’autre de ces écrits avant la fin du deuxième siècle (Irrénée, vers 180 de notre ère), sur des affinités présumées avec la société et la pensée chrétiennes du début du deuxième siècle plutôt qu’avec celles du premier siècle, et, de façon plus concrète, sur la connaissance et l’utilisation des Antiquités judaïques de Josèphe, qui peuvent être datées avec certitude de 93/94. Outre les implications en matière de datation, la possibilité que Luc ait connu l’œuvre de Josèphe serait hautement pertinente pour le présent projet. Pourtant, malgré le poids cumulatif des données spécifiques que Luc aurait pu tirer de Josèphe (par exemple, Theudas et Judas le Galiléen dans Actes 5:36–37 et Antiquités judaïques 20.97–102), ainsi qu'une multitude d'autres parallèles (thèmes, centres d’intérêt, conventions historiographiques et interprétatives, etc.), les preuves d’une connaissance directe par Luc des écrits publiés de Josèphe restent séduisantes, mais inconclusives." Rewritten Gospel The Composition of Luke and Rewritten Scripture, chap 5.1
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