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Jésus avait-il des frères d'après les évangiles ?

  • Photo du rédacteur: ProEcclesia bloger
    ProEcclesia bloger
  • 17 juil.
  • 4 min de lecture

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Dans le dialogue entre les évangéliques et les catholiques, les évangéliques aiment citer trois arguments tirés des Évangiles qui, selon eux, prouveraient que Jésus avait des frères de sang, et donc que Marie n’a pas pu rester vierge, comme l’affirme l’Église catholique [1]. Ces arguments sont les suivants :

  1. En Matthieu 1,25, il est dit que Joseph "ne connut point Marie jusqu’à ce qu’elle eût enfanté Jésus", ce qui, selon eux, prouverait que Joseph eut des relations conjugales avec Marie après la naissance de Jésus.

  2. En Luc 2.7, il est dit que Marie "enfanta son fils premier-né", ce qui démontrerait qu’elle aurait eu d’autres enfants, puisque l'expression "premier-né" impliquerait logiquement qu’il y en eut d'autres ensuite.

  3. À plusieurs reprises, les Évangiles parlent des "frères" de Jésus (par exemple Matthieu 12,47 : "Quelqu’un lui dit : Voici, ta mère et tes frères sont dehors, et ils cherchent à te parler").



Réponses aux objections :

1. Matthieu 1.25

Ce verset ne dit pas que la Sainte Vierge a eu des relations avec Joseph après la naissance de Jésus. L’objectif du verset est d’insister sur le fait qu’elle n’en a pas eu pendant sa grossesse, et non de préciser ce qui s’est passé par la suite.

Prenons une analogie simple : si je dis "je n’ai pas été vacciné jusqu’à la fin de l’épidémie de Covid-19", suis-je en train de dire que je me suis fait vacciner après la fin de l’épidémie ? Bien sûr que non. Je souligne simplement que pendant cette période, où il aurait été logique de se faire vacciner, je ne l’ai pas fait. Ce qui s’est passé ensuite n’est pas précisé.

Il en va de même pour Matthieu 1,25, et le contexte le confirme. Juste avant ce verset, l’évangéliste Matthieu insiste sur le fait qu’il fallait que s’accomplît la prophétie : "Voici que la Vierge sera enceinte et enfantera un fils". Il s’agit donc de démontrer que Jésus est bien né d’une vierge.

Or, dans le contexte, si une femme accouche après s’être mariée (comme l’indique Matthieu 1,18), la conclusion naturelle serait que l’enfant est le fruit d’une union charnelle avec son mari. Mais ici, Matthieu prend soin de préciser que Joseph n’a pas connu Marie durant toute sa grossesse. Cela confirme que la naissance de Jésus est bien virginale, comme annoncé par le prophète. Preuve que le verset 25 ne cherche pas à expliquer ce qui s’est passé après la naissance, mais bien ce qui s’est passé entre le mariage et la naissance.




2. Luc 2.7

En Luc 2,7, le terme grec utilisé pour dire « premier-né » est πρωτότοκον (prōtotokon). Ce mot apparaît également sur une épitaphe datée d’environ 5 av. J.-C., retrouvée dans la nécropole de Tell-el-Yehoudieh, en Basse-Égypte [2].

Dans cette épitaphe, le terme "prōtotokon" est utilisé pour désigner l’enfant d’une femme morte en couches après avoir mis au monde son enfant premier-né.

Cette inscription montre que le terme « premier-né » n’implique pas nécessairement l’existence d’enfants suivants : la mère étant décédée à l’accouchement, il est évident qu’elle n’a pas pu avoir d’autres enfants.

Les évangéliques se trompent donc lorsqu’ils affirment que l’expression « premier-né » dans Luc 2,7 prouverait que Marie a eu d'autres enfants après Jésus.

Le texte grec de l'inscripiton et sa traduction :

Texte grec disponible dans Jewish inscriptions of Graeco-Roman Egypt : with an index of the Jewish inscriptions of Egypt and Cyrenaica, p69
Texte grec disponible dans Jewish inscriptions of Graeco-Roman Egypt : with an index of the Jewish inscriptions of Egypt and Cyrenaica, p69

Traduction : Car j’ai perdu ma mère lorsque j’étais une petite fille ; et lorsque la fleur de la jeunesse m’avait parée comme une épouse, mon père m’unit en mariage à Phabeis, et le Destin me conduisit à la fin de ma vie dans les douleurs de l’enfantement de mon premier-né. Le temps qui m’était accordé fut court, mais un grand charme a fleuri dans la beauté de mon âme. Maintenant, cette tombe cache dans son sein mon corps chastement élevé, mais mon âme s’est envolée vers les saints. Un chant funèbre pour Arsinoé.




3. Les frères de Jésus

Dans les Évangiles, le terme grec pour « frère » est ἀδελφός (adelphos). Ce mot peut désigner un frère issu des mêmes parents, mais il possède aussi un sens plus large : il peut s’appliquer à des demi-frères, des cousins ou à d’autres proches parents.

Une preuve concrète de cet usage élargi se trouve dans une inscription gravée à Téos en 203/204 av. J.-C., en l’honneur du roi Antiochos III et de son épouse Laodice. Dans cette inscription, Laodice est qualifiée de « sœur du roi » (ἀδελφή τοῦ βασιλέως). Pourtant, elle n’était pas sa sœur au sens biologique, mais son épouse.

Comme le montre l’historien grec Polybe [3], Laodice était la fille de Mithridate II du Pont, ce qui signifie qu’elle ne pouvait pas être la sœur d’Antiochos III, dont le père était Séleucos II.

En réalité comme le souligne l’historien Bruno Bioul, Laodice était par sa mère la cousine germaine de Antiochus III [4].

Ainsi, cette inscription est une preuve historique claire que les mots adelphos (frère) ou adelphè (sœur) ne désignent pas toujours un lien biologique strict. Les évangéliques qui affirment que l’expression « les frères de Jésus » dans les Évangiles implique nécessairement que Marie a eu d’autres enfants méconnaissent l’usage réel du grec ancien, tel qu’il est attesté dans les documents contemporains.

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Screen de la transcription de l'inscription mentionnant "la soeur du roi, la reine Laodice". Reprit de l'ouvrage "Antiochos der Große und Teos" de Peter Herrmann. Disponile en ligne ici
















  1. Catéchisme 499 "L'approfondissement de sa Foi en la maternité virginale a conduit l'Église à confesser la virginité réelle et perpétuelle de Marie (cf. DS 427) même dans l'enfantement du Fils de Dieu fait homme (cf. DS 291; 294; 442; 503; 571; 1880). En effet la naissance du Christ «n'a pas diminué, mais consacré l'intégrité virginale» de sa mère (LG 57). La liturgie de l'Église célèbre Marie comme la Aeiparthenos, «toujours vierge» (cf. LG 52)."

  2. Bruno Bioul, Les évangile à l'épreuve de l'histoire, p272

  3. Polybe, Histoire 1.10 "Quand il fut à Séleucie, près de Zeugma, Diognète, amiral, y arrivait de Cappadoce, amenant avec lui Laodice, fille de Mithridate, pour la remettre entre les mains d'Antiochus, qui elle était destinée pour femme."

  4. Bruno Bioul, Les évangile à l'épreuve de l'histoire, p273

 
 
 

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