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Dieu peut-il se faire homme ? Un juif dit oui

  • Photo du rédacteur: ProEcclesia bloger
    ProEcclesia bloger
  • 20 sept. 2024
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 21 sept. 2024


Il est courant d'entendre de nos jours que croire en l'incarnation de Dieu est une position totalement étrangère au judaïsme. C'est ici que l'on peut faire intervenir Philon d'Alexandrie. Philon était un juif hélléniste qui a vécu entre 20 av J.C et 40 ap J.C. Il a vécu à Alexandrie et il était un philosophe et théologien qui a écrit des commentaires des livres de la Torah et d'autres ouvrages [1]. Dans son livre contre Caïus Philon rapporte des événements entourant Caïus et son désir d'être considéré comme une divinité :

  • [114] Nous savons maintenant que Caïus ne peut être assimilé à aucun des dieux ou même des demi-dieux, ni pour le caractère, ni pour la nature, ni pour la conduite. Il faut croire qu’il obéit en cette circonstance à une aveugle ambition, à un orgueil insensé. Malheureusement il avait, pour se satisfaire, un pouvoir sans limites dont nous autres, misérables, fûmes les premiers à sentir les coups. [115] Il soupçonnait que les Juifs seraient les seuls qui ne se prêteraient point à ses projets: dès le berceau leurs parents, leurs précepteurs, leurs maîtres, et par-dessus tout leurs saintes lois et même les usages qui ne sont pas écrits, tout leur enseigne à croire en un seul Dieu, père et créateur du monde. [116] Le reste du genre humain, hommes, femmes, villes, nations, et, pour ainsi dire, toutes les contrées de la terre, bien qu’en gémissant de ce qui se passait, acclamèrent cette démence et, par des honneurs excessifs, gonflèrent encore son orgueil. Quelques-uns aussi, ayant introduit en Italie l’usage barbare de l’adoration, corrompaient la noble fierté romaine. [117] Le peuple juif seul lui était suspect, à cause de la résistance qu’il allait lui opposer. Nous acceptons la mort avec joie, comme si nous recevions l’immortalité, plutôt que de laisser toucher à aucun des usages de nos ancêtres, persuadés qu’il en arriverait comme de ces édifices auxquels on arrache une pierre, et qui, tout en paraissant rester fermes, s’affaissent peu à peu et tombent en ruines. [118] Il ne s’agissait pas d’ailleurs d’une chose sans portée, mais de la plus grave de toutes: faire d’un homme, d’un être engendré et périssable l’image de l’être incréé, éternel ! Les Juifs jugeaient que c’était le comble de l’impiété et de la profanation: Dieu se changerait plutôt en homme que l’homme en Dieu. En outre il en résulterait les deux plus grands maux, c’est-à-dire l’infidélité et l’ingratitude envers le bienfaiteur de toutes les créatures, celui dont la puissance s’étend à toutes les parties de l’univers pour les combler de biens.


Philon fait ici des commentaires très important :

  1. Caïus soupçonnait les juifs de ne pas se soumettre à ses projets d'être considéré comme une divinité

  2. Les juifs depuis le berceau de part leurs parents, leurs précepteurs, leurs maîtres, et leurs saintes lois sont poussés à croire en un seul Dieu (monothéisme)

  3. Faire de Caïus Dieu l'être incréé alors qu'il n'est qu'un simple homme et la pire chose de toute pour un juif, le comble de l'impiété et de la profanation

  4. Dieu se changerait en homme plutôt que l'homme en Dieu !


Ce dernier point est un témoignage très important puisqu'il fait une distinction entre dire qu'un homme est Dieu et dire que Dieu peut se faire homme le tout dans le contexte du monothéisme juif. Le professeur Brant Pitre a récemment commenté ce passage en expliquant bien que dans le contexte Philon "ne formule pas cette affirmation dans le cadre d’une spéculation théologique abstraite, mais dans le contexte impérial concret d’explication des raisons pour lesquelles le peuple juif dans son ensemble refuse de s’engager dans l’impiété consistant à offrir un culte à l’empereur Caligula en se prosternant (proskynēsis) devant lui comme s’il était l’un des dieux (theōn) ou des demi-dieux (hēmitheōn). En bref : dans le contexte d’une confession sans équivoque du monothéisme et de la monolâtrie juifs primitifs, Philon déclare qu’il serait plus probable que le Dieu unique devienne un être humain plutôt qu’un être humain devienne Dieu. [2]". Pitre continue en expliquant que ce passage est largement ignoré par les spécialistes dans les ouvrages du Jésus historique et dans les grandes études sur le monothéisme juif et la christologie primitive mais qu'il est néamoins extrement conséquent car si un monothéiste juif du premier siècle comme Philon pouvait affirmer que le Dieu unique d'israel pouvait devenir un homme alors il est contextuellement plausible pour un monothéiste juif comme Jésus de suggérer que les prophéties scripturaires sur la venue de Dieu s'accomplissaient en sa propre personne [3]. Il évident que ce passage nous rappelle le prologue de Jean "1 Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu. [...] 14 Et le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi nous, (et nous avons vu sa gloire, gloire comme celle qu'un fils unique tient de son Père) tout plein de grâce et de vérité".

On nous répondra probablement que Philon n'est pas reconnu par les juifs rabbiniques mais la réalité c'est que ça n'a aucune importance car nous ne reconnaissons pas la légitimité des rabbiniques qui sont post-temple et qui ont construit leur dogme en réaction au christianisme et qu'ils n'ont aucune supériorité à n'importe quel juif ou groupe juif du 1er siècle.









 
 
 

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