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Allah est Houbal ?

  • Photo du rédacteur: ProEcclesia bloger
    ProEcclesia bloger
  • 20 juil. 2024
  • 10 min de lecture

Dernière mise à jour : 9 janv.



Dans la tradition islamique nous apprenons qu’il existait plusieurs divinités à l’intérieur de la Kaaba [1]. L’une de ces divinités était le dieu Hubal comme nous le dit Ibn Hisham :

« Ils le firent et revinrent le voir. Il les emmena tous au pied du dieu Hubal dont la statue se dressait sur un puits sacré à l'intérieur du temple de la Ka'ba. C'était le puits où l'on déposait les offrandes faites au Temple. [2] »

Dans le même ordre d’idée le dr Robert Morey a soutenu que le « Allah » du coran était le dieu lune « Sin » à l’époque pré-islamique et ce serait appelé « al-ilah » [3]. Ils n’en faut pas moins pour que des rapprochements soient faits pour dire qu’Allah est le dieu lune Houbal par certaines personnes [4].

Plusieurs objections peuvent être avancés contre ce point de vu. Premièrement le récit de la sîra qui est utilisé par les partisans de l’hypothèse « Allah/Houbal » ne dépeint jamais Houbal comme étant Allah. Par exemple dans un récit on apprend qu’Abû Sufyân dit « Quelle belle action ! La guerre est un flux et un reflux, un jour pour toi et un jour contre toi. Sois glorifié, Hubal, et donne la victoire à ta religion. » Ce à quoi répondit le prophète de l’islam par l’intermédiaire d’Umar « Dieu est plus grand et plus prestigieux. Il ne faut pas faire de comparaison : nos morts sont au Paradis et les vôtres sont en Enfer. [5] ». On peut se demander comment la sîra serait un texte qui prouve que Allah est Houbal quand ce même livre nous montre clairement la distinction entre les deux.

Si l’on se penche sur le coran nous pouvons la aussi avoir des éléments intéressants à mettre en comparaison avec Houbal. À propos de Houbal Diane Morgan nous apprend que « son image était en agate rouge ou en cornaline ; à un moment donné, sa main droite avait été coupée et remplacée par une main en or. [6] ». Cette description ne correspond pas à ce que l’on sait d’Allah dans le coran. Dans la sourate 6 verset 103 nous pouvons lire que « les regards ne peuvent l’atteindre [6] », si Allah est Houbal comment expliquer cette différence ? Non seulement nous avons des différences mais aucun verset du coran ne suggère qu’Allah tire son origine d’une divinité païenne. Dans le coran il est le même que celui qui est apparu à Abraham. Dans la sourate 2 aux versets 124 à 140 nous pouvons voir la revendication du « Dieu » biblique d’Abraham, Ismael, Isaac et Jacob. Les versets 258-260 parle encore d’Abraham. Cette revendication de lien avec Abraham est très présente dans le coran (sourates 3, 4, 6, 9, 11, 12, 14, 16, 19, 21, 22, 26, 29, 33, 37, 38, 42, 43, 51, 53, 57, 60 et 87). Comment autant de sourates peuvent parler d’Abraham et aucune d’Houbal tout en étant une reprise d’Houbal et non du « Dieu » de la bible ?

L’archéologie peut aussi nous offrir une réponse pour l’origine de « Allah ». Dans le coran des historien Christian Julien robin explique que six inscriptions dont quatre récemment découvertes révèlent qu’avant l’islam les chrétiens arabes nommaient Dieu « al-Ilāh (le Dieu) » :

« Six inscriptions, dont quatre récemment découvertes, révèlent que, avant l’islam, les chrétiens arabes nommaient dieu al- Ilāh, c’est-à-dire « le dieu », appellation décalquée du syriaque Alāhâ, qui s’inspirait lui-même du grec ho Théos ou du latin Deus ; elles pro- viennent de dūmat al-Jandal en arabie du nord […] or, à najrān, l’onomastique des chrétiens révèle que le théonyme al-Ilāh était contracté en Allāh dans l’anthroponyme ‘Abdallāh. […] . on peut en déduire également que les chrétiens de najrān nommaient dieu al-Ilāh en contexte formel (comme dans les inscriptions gravées dans la pierre), mais Allāh dans la vie courante, avec l’aphérèse (ou chute) de la première consonne. Si Allāh est bien l’un des noms que les chrétiens arabes donnaient à dieu en 523, il en résulte que, lors de l’introduction du culte d’allāh à La Mecque près de cinquante ans plus tard, le nom d’allāh était tout à la fois le nom d’une très ancienne divinité polythéiste relativement marginale, mais aussi le nom donné à dieu par les chrétiens arabes qui appartenaient alors au courant religieux le plus influent dans la Péninsule [7]. »

Avec ces données archéologiques et onomastique et avec ce que nous dit le coran nous pouvons déduire qu’il est évident que le prophète de l’islam n’a pas reprit la divinité Houbal pour y ajouter une nouvelle histoire (comme ça arrivait avec des divinités païennes) mais qu’il a voulu s’inscrire dans une forme de continuité biblique. J’ai aussi remarqué au cours de mes recherches que les spécialistes ne prennent pas au sérieux cette hypothèse de Allah/Houbal. Par exemple Mark W. Muesse, spécialiste des religion dit « Suggérer qu'Allah est une divinité comme Hubal ou al-Uzza impliquerait que Dieu peut être imaginé, envisagé ou compris comme ces autres, et cela diminuerait la majesté et le mystère de la réalité ultime. C’est précisément pour éviter cette hypothèse qu’Allah n’a jamais été représenté par des images et des icônes comme les membres du panthéon arabe [8]. »

Mark Robert Anderson qui possède une maitrise en étude du christianisme et une en étude islamique attribue cette hypothèse de Allah/Houbal non pas à des érudits mais à des polémistes chrétiens « Robert Morey, Pat Robertson et d'autres apologistes chrétiens ont popularisé l'idée du début du XXe siècle selon laquelle le mot Allah peut être attribué à Ilah, un titre sud-arabe du dieu de la lune, qui s'appelait prétendument Hubal à La Mecque. Outre sa valeur polémique évidente, cette affirmation n’est pas plus érudite que celle du XIXe siècle selon laquelle le mot Dieu dérive du nom patriarcal du Bouddha, Gotama/Gautama. Il ressort incontestablement des inscriptions de Nabatea et d’ailleurs qu’Allah signifiait « le Dieu » Et la tradition musulmane le confirme. De plus, Hubal ne doit pas du tout être identifié à un dieu de la lune, mais plutôt à un dieu guerrier et à un dieu de la pluie [9]. »

Rick Brown qui est titulaire d’un doctorat en étude biblique a expliqué que le croissant de lune présent dans la culture islamique n’a pas pour origine le dieu lune Houbal et que le nom Allah ne vient pas non plus d’Houbal :

« Ceux qui prétendent qu'Allah est une divinité païenne, notamment le dieu de la lune, s'appuient souvent sur le fait que le symbole du croissant de lune orne le sommet de nombreuses mosquées et est largement utilisé comme symbole de l'islam. Il est vrai qu'avant l'arrivée de l'islam, de nombreux "dieux" et idoles étaient adorés au Moyen-Orient, mais le nom du dieu de la lune était Sîn, et non Allah, et il n'était pas particulièrement populaire en Arabie, le berceau de l'islam. L'idole la plus importante à La Mecque était un dieu appelé Hubal, et rien ne prouve qu'il s'agissait d'un dieu de la lune. On prétend parfois qu'il existe un temple dédié au dieu de la lune à Hazor, en Palestine. Cette affirmation se fonde sur la représentation d'un suppliant portant un pendentif en forme de croissant. Il n'est toutefois pas certain que le pendentif symbolise un dieu de la lune et, en tout état de cause, il ne s'agit pas d'un site religieux arabe mais d'un ancien site cananéen, qui a été détruit par Josué vers 1250 av. Il existe également un ancien temple dans les ruines du royaume de Saba, au Yémen, qui comporte des inscriptions au dieu protecteur du royaume, Almaqah. On a prétendu qu'Almaqah était un dieu de la lune, mais il n'y a pas de preuve solide à ce sujet, et les spécialistes pensent aujourd'hui qu'Almaqah était un dieu du soleil. Si les anciens Arabes adoraient des centaines d'idoles, il ne fait aucun doute que le dieu de la lune Sin en faisait partie. En effet, même les Hébreux avaient tendance à adorer le soleil, la lune et les étoiles, mais il n'existe aucune preuve évidente que le culte de la lune était important chez les Arabes ou que le croissant était utilisé comme symbole d'un dieu de la lune, et Allah n'était certainement pas le nom d'un dieu de la lune. Si le symbole du croissant ne représente pas un dieu arabe de la lune, d'où vient-il ? Le croissant était un symbole utilisé à Constantinople (l'actuelle Istanbul) et figurait sur le drapeau de l'Empire byzantin, qui se proclamait chrétien. Certaines des anciennes tribus turques utilisaient également un symbole ressemblant à un croissant, bien qu'il ait pu être dérivé des cornes d'un taureau plutôt que de la lune. Mais lorsque les Turcs ont conquis Constantinople et le reste du Moyen-Orient au XVe siècle, ils ont conservé le symbole byzantin de l'empire. En fait, ils ont apposé des symboles en forme de croissant sur les bâtiments publics dans tout leur empire, comme symbole de leur domination impériale. Le croissant figurait également sur les drapeaux de leurs États vassaux, même après l'indépendance de ces derniers. Lorsque le croissant n'a plus représenté la domination impériale turque dans ses anciennes colonies, il a été réinterprété comme un symbole de l'islam, ce qui est sa signification moderne. Le symbole du croissant n'a donc pas été transmis par l'Islam à partir d'une supposée ancienne religion lunaire arabe, mais a été imposé par les Turcs ottomans pour des raisons politiques. D'où vient donc le nom Allah ? Pour quiconque connaît la langue araméenne et son histoire au Moyen-Orient, il semble évident que le nom arabe Allah est une adaptation du mot araméen pour Dieu, Alâh ou Alähâ. Avant l'apparition de l'islam et pendant un certain temps après, l'araméen était la principale langue des juifs et des chrétiens au Moyen-Orient (à l'exception de l'Égypte, où des variétés de copte étaient utilisées), et de nombreux mots araméens ont été empruntés à l'arabe. Le terme usuel pour désigner Dieu en araméen était Alâh(â). C'est le terme que Jésus aurait utilisé. Il est utilisé pour désigner Dieu dans les livres d'Esdras et de Daniel, dans les traductions juives de la Bible (les targums), dans le Talmud et dans la Bible araméenne syriaque utilisée par de nombreux chrétiens du Moyen-Orient aujourd'hui. Ces juifs et chrétiens de langue araméenne vivaient dans tout le Moyen-Orient, et il y avait également de nombreux juifs et chrétiens de langue arabe. On peut rappeler qu'il y avait des Arabes à la Pentecôte (Ac 2,11) et que Paul s'est rendu en Arabie avant de commencer son ministère parmi les Syriens et les Grecs (Ga 1,17). Il y avait des évêques arabes au Concile de Nicée et il existe des vestiges archéologiques d'églises préislamiques au Yémen, dans le sud de l'Arabie (Najran), le long du Golfe et en Jordanie. Les archéologues ont trouvé des inscriptions dans les cimetières associés à ces églises. Les noms propres trouvés dans ces inscriptions sont souvent des noms composés avec Allah (comme Abd Allah, serviteur de Dieu), Allah était donc clairement un nom que les chrétiens utilisaient pour désigner Dieu. Malheureusement, la Bible n'était pas traduite en arabe à cette époque, et bien que ces chrétiens préislamiques parlaient l'arabe, ils utilisaient les Ecritures en araméen. Ils ont donc introduit de nombreux mots et noms araméens dans la langue arabe, les transformant souvent pour qu'ils correspondent à la structure sonore de l'arabe. Il est probable que c'est ainsi que le mot araméen pour Dieu a été emprunté en arabe comme nom de Dieu. Il est particulièrement révélateur que Alläh soit prononcé en arabe comme en araméen, en utilisant la prononciation araméenne de la deuxième syllabe, même si cette prononciation est inhabituelle en arabe. Les érudits musulmans, cependant, n'aiment pas admettre que l'arabe du Coran comporte des mots d'emprunt, et ils suggèrent que le nom Allah est dérivé de l'expression al' ilah, qui signifie "le Dieu". Il convient de noter que le mot 'ilab est apparenté aux mots hébreux bibliques 'eloh et 'elohim, qui signifient "Dieu", ainsi qu'au mot araméen biblique el...h, de sorte que, quelle que soit la dérivation, le mot est apparenté aux termes bibliques désignant Dieu. [11] »


Pour finir on peut rajouter que ceux qui disent que Allah est Houbal peuvent s’auto réfuter sur ce sujet car ces derniers sont souvent très prompts à utiliser n'importe quel érudit critique quand il s'agit de l'islam mais ces érudit peuvent les contredire. En effet si l’on écoute un érudit comme Stephen J. Shoemaker on doit rejeter toute valeur au récit musulman sur l’origine de la Kaaba, ce qui implique de rejeter la présence de Houbal dans la Kaaba. C’est ici qu'est l’auto contradiction, si le récit est une invention comment pourrait-il prouver que Allah a pour origine Houbal ? Voici ce qui dit Shoemaker :

« Il convient de se demander si le sanctuaire de La Mecque était en fait un lieu saint "païen", dédié à l'une des divinités du panthéon arabe préislamique, comme le rappelle la tradition islamique, ou s'il s'agissait au contraire d'un lieu de culte monothéiste, comme le Coran lui-même semble le suggérer. Comme Hawting et Crone l'ont fait valoir de manière convaincante, la réponse du Coran à ses opposants semble indiquer qu'il a vu le jour dans un contexte totalement monothéiste. Le principal désaccord du Coran avec ses opposants "associateurs" ne semble pas concerner le nombre de dieux, mais plutôt la question de savoir s'il est approprié ou non d'associer des pouvoirs spirituels intermédiaires au Dieu unique, qui a apparemment été confessé et adoré par les deux parties. Ainsi, si le Coran reflète réellement un contexte mecquois dans ses disputes avec ces associateurs, nous devons alors repenser radicalement la nature de leur sanctuaire local. On peut supposer qu'il était déjà dédié au Dieu unique, Allah, le Dieu d'Abraham, de Moïse et de Jésus. […] De même, l'identification par la tradition des Quraysh comme gardiens du sanctuaire n'est pas compatible avec la mémoire distincte qu'elle a d'eux en tant que commerçants lointains, aussi improbable que soit cette tradition en soi. Là encore, les incohérences de la tradition islamique concernant le sanctuaire "païen" de La Mecque n'inspirent guère confiance. En effet, les facettes contradictoires de ces traditions semblent indiquer qu'elles ont été conçues à une certaine distance historique afin de fournir au Coran un contexte "païen" plus tangible et plus crédible, plutôt que de ressembler aux réalités historiques du début du septième siècle. Certes, il n'est pas impossible qu'il y ait eu à La Mecque un sanctuaire dédié à l'une des divinités préislamiques, mais il suffit de dire que cette hypothèse n'est pas compatible avec l'image des "associateurs" telle qu'elle apparaît dans le Coran ; nous ne devrions pas non plus supposer que nous disposons d'informations fiables concernant ce sanctuaire dans la tradition islamique. Au contraire, il est très peu probable qu'un sanctuaire ayant existé dans ce petit village difficile, qu'il soit monothéiste ou "païen", ait eu une quelconque importance pour d'autres personnes que les quelques centaines d'habitants de La Mecque et peut-être quelques nomades des environs. En tant que tel, on peut difficilement imaginer qu'il ait eu une importance financière suffisante pour améliorer de manière significative l'économie pastorale de subsistance de la Mecque [12]. »


(Petite précision, l'objectif n'est pas de défendre le narratif islamique, mais si un point est faux il faut le dire quand bien même il est propagé par des chrétiens !)











  1. Il n’est pas question ici de savoir si ces récits sont authentiques en utilisant les sciences islamiques d’authentifications.

  2. Ibn Hisham, Sîra, I. 151-155

  3. Robert Morey, the moon-god allah in the archeology of the middle east « Selon de nombreuses inscriptions, alors que le nom du dieu-Lune était Sin, son titre était al-ilah, c'est-à-dire « la divinité », ce qui signifie qu'il était le dieu principal ou suprême parmi les dieux. »

  4. https://theonoptie.org/2022/12/02/qui-est-veritablement-allah/#_ftnref10 ; voir aussi en particuliers les vidéos de la chaine du pasteur Ménard https://www.youtube.com/watch?v=Y84HQtD0wyA&t=184s

  5. Sîra, II. 93-94

  6. Diane Morgan, Essential Islam: A Comprehensive Guide to Belief and Practice, introduction xxviii

  7. Sourate 6.103 Les regards ne peuvent l'atteindre, cependant qu'Il saisit tous les regards. Et Il est le Doux, le Parfaitement Connaisseur.

  8. Coran des historiens, p103

  9. Mark W. Muesse, Four Wise Men The Lives and Teachings of Confucius, the Buddha, Jesus, and Muhammad, chap 4

  10. Mark Robert Anderson, The Qur'an in Context: A Christian Exploration, chap 5 note 1

  11. Rick Brown, Who is Allah ? pp79-80

  12. Stephen J. Shoemaker, Creating the Que’an A Historical-Critical Study, pp108-109

 
 
 

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